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126 Revue sexologique / Sexological Review<br />
UN CHOIX QUALITATIF<br />
Critiquant une certaine vision de <strong>la</strong> sci<strong>en</strong>ce, le professeur<br />
britannique Stanis<strong>la</strong>v Andreski (1975) écrit:<br />
[. ..j Il est dommage que nous n'ayons pas davantage d'ouvrages qui, sur <strong>la</strong><br />
base d'une observation att<strong>en</strong>tive et prolongée, décriv<strong>en</strong>t avec s<strong>en</strong>sibilité<br />
les aspects sociaux de <strong>la</strong> réalité qui échapp<strong>en</strong>t aux questionnaires et aux<br />
statistiques. Cette rareté s'explique par <strong>la</strong> vaste créance accordée au dogme<br />
selon lequel, d'une part, ri<strong>en</strong> ne vaut <strong>la</strong> peine- d'être connu qui ne peut<br />
être quantifié et, d'autre part, toute in<strong>format</strong>ion qui s'insère dans un<br />
tableau devi<strong>en</strong>t par là même sci<strong>en</strong>tifique [. . .j. Afin d'éviter les<br />
mal<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dus, je dois une fois <strong>en</strong>core répéter que j'apprécie pleinem<strong>en</strong>t<br />
l'utilité de <strong>la</strong> quantification lorsque celle-ci se fait de façon s<strong>en</strong>sée et<br />
honnête. Ce contre quoi je m'élève, c'est, d'une part, le tabou mortel qui<br />
veut que l'on ne s'intéresse qu'à ce qui peut être quantifié, et d'autre part,<br />
le respect superstitieux accordé à tous les griffonnages qui ressembl<strong>en</strong>t à<br />
des mathématiques (p. 122, 150 et 151).<br />
Certes, le jugem<strong>en</strong>t est sévère, mais il porte à <strong>la</strong> réflexion.<br />
Comm<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> effet, ne pas reconnaître qu'on a trop longtemps axé <strong>la</strong><br />
recherche sur ce qui était quantifiable, comme si les nombres avai<strong>en</strong>t<br />
une valeur sci<strong>en</strong>tifique intrinsèque, alors que le vécu ou le discours, à<br />
moins d'être quantifiés, n'<strong>en</strong> aurai<strong>en</strong>t aucune. Cette t<strong>en</strong>dance<br />
explique pourquoi il y a trop souv<strong>en</strong>t divorce <strong>en</strong>tre une pratique<br />
d'interv<strong>en</strong>tion sexologique ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t axée sur des aspects<br />
qualitatifs et des recherches qui ti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t parfois peu compte de <strong>la</strong><br />
dim<strong>en</strong>sion subjective de <strong>la</strong> vie amoureuse.<br />
Heureusem<strong>en</strong>t, <strong>la</strong> conception uniquem<strong>en</strong>t quantitative de <strong>la</strong><br />
recherche n'a-plus le monopole. En sexologie, l'étude d'Hélène<br />
Manseau (1990), fournit un bon exemple de ce r<strong>en</strong>ouveau. Son<br />
approche a d'ailleurs incité de plus <strong>en</strong> plus d'étudiants et étudiantes à<br />
<strong>la</strong> maîtrise <strong>en</strong> sexologie, à l'Université du Québec à Montréal, à opter<br />
pour des études de type qualitatif. La diversité de leurs apports montre<br />
<strong>la</strong> richesse de cette méthode dans le champ de <strong>la</strong> recherche<br />
sexologique. Le qualitatif est <strong>en</strong> effet susceptible de nous livrer des<br />
in<strong>format</strong>ions que ne saurait nous fournir le quantitatif, <strong>en</strong><br />
introduisant des élém<strong>en</strong>ts issus directem<strong>en</strong>t du vécu des g<strong>en</strong>s et non<br />
de catégories prédéterminées, si pertin<strong>en</strong>tes soi<strong>en</strong>t-elles. L'auteure<br />
Barbara Ehr<strong>en</strong>reich va jusqu'à écrire:<br />
Tableaux, graphiques, coeffici<strong>en</strong>ts de corré<strong>la</strong>tion, etc., ne r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t pas par<br />
eux-mêmes une étude « sci<strong>en</strong>tifique ». En fait, je dirais que toute étude<br />
du comportem<strong>en</strong>t humain qui néglige - et ne met pas <strong>en</strong> valeur - le