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Enoncé Théorique de TPM - Pierre Cauderay.pdf - EPFL

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Problématique<br />

Etant donné ma méconnaissance du sujet <strong>de</strong> la spiritualité – au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s<br />

cours <strong>de</strong> religion <strong>de</strong> l’école obligatoire et d’une mince participation à “l’école<br />

du dimanche” d’une église <strong>de</strong> confession protestante –, le travail a commencé<br />

par une collecte rapi<strong>de</strong> et instinctive d’éléments <strong>de</strong> lecture qui discutent<br />

le thème <strong>de</strong> la spiritualité.<br />

«Spirituel/le : 1. Qui est esprit ; <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> l’esprit considéré comme un<br />

principe indépendant. 2. Propre ou relatif à l’âme, en tant qu’émanation et<br />

reflet d’un principe supérieur, divin. 3. Qui est d’ordre moral, n’appartient<br />

pas à la nature sensible, au mon<strong>de</strong> physique. » Petit Robert, 0<br />

Le premier et le troisième sens énoncé dans cette définition concerne donc<br />

l’immatériel, le transcendant. Le <strong>de</strong>uxième sens abor<strong>de</strong> la question mystique<br />

d’un principe supérieur, divin. La spiritualité est donc un vaste thème, très<br />

ouvert, sujet à foule d’interprétation, emprunt d’autant d’expériences qu’il<br />

existe d’individus. C’est un thème générique qu’il serait possible <strong>de</strong> développer<br />

indéfiniment. Il amène rapi<strong>de</strong>ment aux questions <strong>de</strong>s croyances, <strong>de</strong> la<br />

foi, du culte et <strong>de</strong> leur mise en espaces. C’est cette intensité qui m’intéresse<br />

par ses dimensions ontologiques et transcendantales. Pourquoi construire<br />

si haut le plafond <strong>de</strong>s cathédrales ? Comment représenter ce qui dépasse<br />

l’ordre <strong>de</strong> la réalité admise ? Est-il vraiment possible <strong>de</strong> générer un espace<br />

spirituel ? Afin <strong>de</strong> tenter une réponse à ces questions, je fais l’hypothèse que<br />

le rapport entre la spiritualité et la matérialité s’énnonce comme suit:<br />

La main <strong>de</strong> l’homme accumule, cela relève d’un principe additif. Tandis<br />

que le principe spirituel, immatériel, relève <strong>de</strong> la dématérialisation. Un<br />

principe, par opposition, soustractif. Générer un espace spirituel ne<br />

relève donc pas <strong>de</strong> l’addition, mais <strong>de</strong> la soustraction d’éléments, quels<br />

qu’ils soient. Pour exprimer la spiritualité en architecture, je propose par<br />

conséquent <strong>de</strong> respecter ce principe.<br />

Splitting, Matta Clark, New Jersey ( 74)<br />

Mes lectures ont commencé par une sélection d’articles <strong>de</strong>s vingt <strong>de</strong>rnières<br />

années du Mon<strong>de</strong> Diplomatique approchant le thème <strong>de</strong> près ou <strong>de</strong><br />

loin. Du thème spirituel, les textes sont <strong>de</strong>venues plus scientifiques, puis<br />

philosophique, et finalement du domaine artistique. Le travail <strong>de</strong> l’ <strong>Enoncé</strong><br />

théorique prendra, lui, le chemin inverse puisque nous commencerons par<br />

la question <strong>de</strong> l’art et <strong>de</strong> l’esthétique dans la philosophie avec Hegel, avant<br />

<strong>de</strong> survoler quelques questions humanistes et scientifique du mon<strong>de</strong> contemporain,<br />

pour revenir, par la suite, à la question spirituelle.<br />

En guise <strong>de</strong> titre pour le travail, la fameuse maxime <strong>de</strong> Malraux rassemble<br />

mes préoccupations. La quête du sens, avec un ton prophétique ; et le contexte<br />

contemporain sur lequel Malraux s’exprime. La première partie du<br />

travail développe donc cette phrase pour la comprendre un peu mieux. La<br />

secon<strong>de</strong> partie du travail s’intéresse au principe <strong>de</strong> la soustraction en architecture,<br />

et son adéquation au principe spirituel. Sans vouloir l’englober, la<br />

réflexion tente <strong>de</strong> tracer une ligne <strong>de</strong> cohérence et d’en dégager un principe<br />

qu’il serait possible <strong>de</strong> généraliser et <strong>de</strong> radicaliser.<br />

« Non pas que nous ayons, comme Hegel, le projet d’édifier un système, <strong>de</strong><br />

construire une esthétique, <strong>de</strong> tracer le plan d’un système <strong>de</strong>s beaux-arts. […]<br />

Nous voudrions plutôt que <strong>de</strong>ssiner une structure, suivre et faire jouer une<br />

fissure qui déjoue les plans, qui ébranle les monuments ».<br />

Denis Hollier, À la recherche <strong>de</strong> la Concor<strong>de</strong>, chapitre , « simple commencement<br />

».<br />

La fissure <strong>de</strong> Denis Hollier rappelle le travail d’un l’artiste <strong>de</strong> la dématérialisation:<br />

Gordon Matta-Clark, dans son oeuvre Splitting en 74. Matta-<br />

Clark se sert d’une maison abandonnée par son propriétaire, <strong>de</strong>stinée à la<br />

<strong>de</strong>struction. Armé d’une scie, il la coupe en <strong>de</strong>ux, puis fait basculer un côté.<br />

La forme rectangulaire <strong>de</strong> la maison est coupée par une profon<strong>de</strong> fente<br />

s’ouvrant en triangle vers le haut, <strong>de</strong>venant une sculpture environnementale<br />

qui accueille la visite d’un nouveau public. La fente laisse pénétrer la<br />

lumière dont le mouvement évolue à l’intérieur <strong>de</strong> la maison selon le moment<br />

<strong>de</strong> la journée et la hauteur du soleil, produisant d’autres découpes <strong>de</strong><br />

l’espace, révélant et déplaçant les lignes qui composent la géométrie <strong>de</strong> la<br />

structure.<br />

Matta-Clark propose une mutation du regard, son intervention brise le<br />

réalisme <strong>de</strong> la planification, et introduit un nouvel ordre <strong>de</strong> réalité. Cet exemple<br />

questionne le surnaturel, ne serait-ce qu’au niveau métaphorique. Je<br />

souhaite que mon travail ébauche un processus similaire.<br />

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