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Enoncé Théorique de TPM - Pierre Cauderay.pdf - EPFL

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Métho<strong>de</strong><br />

Une attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> retenue s’est développée au fur et à mesure <strong>de</strong> cette première<br />

partie du travail. Cette attitu<strong>de</strong> rappelle la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> Gustave Flaubert<br />

dont le processus <strong>de</strong> genèse littéraire a été patiemment reconstitué par<br />

<strong>Pierre</strong>-Marc <strong>de</strong> Biasi :<br />

Cinq moments <strong>de</strong> la fabrique <strong>de</strong> Flaubert.<br />

1. Ne pas écrire.<br />

« Le secret <strong>de</strong> Flaubert, confie-t-il, est <strong>de</strong> commencer par ne pas écrire. Le<br />

premier moment <strong>de</strong> la création est strictement mental. Flaubert se couche<br />

et se livre à une sorte <strong>de</strong> rêverie dirigée, à un travail d’élaboration <strong>de</strong>s images<br />

du flux narratif. Même si le cinéma n’existe pas encore, on peut dire<br />

qu’il se fait un film, grâce à cette faculté qu’a l’esprit <strong>de</strong> construire en images<br />

le discours <strong>de</strong> la langue. Il visionne et revisionne les scènes en imaginant les<br />

décors, les costumes, la couleur <strong>de</strong>s épiso<strong>de</strong>s, etc., jusqu’à ce que les séquences<br />

s’enchaînent.»<br />

2. Le scénario.<br />

« Nourri <strong>de</strong> lectures et <strong>de</strong> recherches, ce scénario est enfin couché sur le<br />

papier en style télégraphie. Sur quelques pages s’étale ainsi un pense-bête<br />

<strong>de</strong> séquences d’images, un résumé mnémotechnique qui servira <strong>de</strong> trame à<br />

l’auteur. »<br />

3. La rédaction dilatée.<br />

« Celui-ci entre enfin en rédaction. S’opère un curieux et impressionnant<br />

mouvement <strong>de</strong> dilatation. Chaque fragment du scénario se développe comme<br />

un bourgeon qui s’ouvre. L’œuvre enfle d’autant plus que son géniteur la<br />

développe dans toutes les directions, même contradictoires. « Flaubert explore<br />

dans ses brouillons toutes les virtualités du sens,[…]. »<br />

4. La con<strong>de</strong>nsation <strong>de</strong> la « masse textuelle ».<br />

« Le <strong>de</strong>rnier moment <strong>de</strong> l’écriture peut commencer. « Flaubert va supprimer<br />

40% <strong>de</strong> la masse textuelle dans une phase <strong>de</strong> con<strong>de</strong>nsation. Des paragraphes<br />

entiers disparaissent au profit d’une phrase, d’un bout <strong>de</strong> phrase, voire d’un<br />

mot. La con<strong>de</strong>nsation est parfois extrême : au lecteur <strong>de</strong> se débrouiller, <strong>de</strong><br />

poser <strong>de</strong>s hypothèses <strong>de</strong> sens pour reconstituer ce qui s’est passé. Pour Flaubert,<br />

un vrai texte <strong>de</strong>vait être une partition que le lecteur <strong>de</strong>vait interpréter<br />

pour se l’approprier ». »<br />

5. La musicalité <strong>de</strong>s mots : le gueuloir.<br />

« Mais tout cela ne peut fonctionner que s’il y a envoûtement, charme. D’où<br />

une recherche <strong>de</strong> musicalité qui gouvernait bien souvent le choix du mot. Le<br />

fameux mot « juste » <strong>de</strong>vait l’être avant tout sur le plan musical, et non sur<br />

le plan sémantique ou historique. […] L’écrivain lit son texte à haute voix, le<br />

hurle même pour mieux entendre ce qui accroche, considérant qu’un défaut<br />

musical indique une imperfection du sens. Cette exigence <strong>de</strong> fer amène parfois<br />

à effectuer jusqu’à cinquante versions pour une seule page. »<br />

Extrait d’un article du journal Le Mon<strong>de</strong> du . 2. , <strong>Pierre</strong> Bartélémy.<br />

Selon <strong>Pierre</strong>-Marc <strong>de</strong> Biasi, cette métho<strong>de</strong> est le processus <strong>de</strong> l’accouchement<br />

d’un chef d’œuvre. Flaubert n’a, en effet, laissé qu’une poignée <strong>de</strong> romans qui<br />

ne sont que la face émergée d’un iceberg <strong>de</strong> pages <strong>de</strong> papier, que l’écrivain<br />

travaillait et retravaillait longuement. La publication <strong>de</strong> Mme <strong>de</strong> Bovary,<br />

considéré comme le chef-d’oeuvre du roman réaliste français du ème, siècle,<br />

a nécessité quatre années <strong>de</strong> travail acharné. Concernant ma référence<br />

à cette métho<strong>de</strong>, il est évi<strong>de</strong>nt que je n’ai pas la prétention <strong>de</strong> produire un<br />

quelconque chef d’œuvre, ni <strong>de</strong> prendre autant <strong>de</strong> temps que l’écriture <strong>de</strong><br />

Mme <strong>de</strong> Bovary pour réaliser mon travail. Cependant la métho<strong>de</strong> progressive<br />

d’entrée dans la créativité, en commençant par un épiso<strong>de</strong> <strong>de</strong> retenue,<br />

convient bien à mon sujet. Particulièrement dans la mesure où la recherche<br />

s’organise autour <strong>de</strong> la question <strong>de</strong> la soustraction en architecture.

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