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Enoncé Théorique de TPM - Pierre Cauderay.pdf - EPFL

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Conclusion<br />

La quête du sens est irréductible et inaltérable. Condamnée à l’être pour ellemême,<br />

elle ne peut pas avoir <strong>de</strong> fin. Cela rappelle le symbole d’Ouroboros<br />

(p. ), le serpent qui se mange la queue. L’essence <strong>de</strong> la quête, c’est sa naissance<br />

et sa dynamique, non sa fin.<br />

L’idée <strong>de</strong> ce travail était d’engager un processus qui puisse produire le contexte<br />

d’un projet. Et dans le souci initial <strong>de</strong> cohérence, d’en déduire un lieu<br />

d’intervention et un programme. L’avantage <strong>de</strong> cette métho<strong>de</strong> est l’absence<br />

<strong>de</strong> préjugés dans le travail thématique. Aucunes orientations présupposée,<br />

aucun résultat prédéfinit. L’angoisse du vi<strong>de</strong>, mais la liberté <strong>de</strong> penser. Cependant<br />

autant le dire tout <strong>de</strong> suite, ces réflexions ne m’ont pour l’instant<br />

pas permis <strong>de</strong> dégager par un simple rapport d’évi<strong>de</strong>nce (ou <strong>de</strong>vrais-je dire<br />

par enchantement?), un projet et un site. Serait-ce dû à cette société, dite,<br />

désenchantée ? Comme le préten<strong>de</strong>nt plusieurs auteurs ? Ou au principe<br />

<strong>de</strong>s Antinomies <strong>de</strong> la raison pure <strong>de</strong> Kant ?<br />

Quoiqu’il en soit ce petit tour <strong>de</strong> la question, effectué pour cet énoncé<br />

théorique a permis comme souhaité <strong>de</strong> débroussailler le sujet. Et d’établir<br />

un contexte. La philosophie semble y prendre une gran<strong>de</strong> place. La philosophie<br />

<strong>de</strong> l’histoire également. La science, quant à elle, est contenue dans un<br />

périmètre rationnel, qui d’après certains auteurs, n’entre pas en compétition<br />

avec le périmètre <strong>de</strong>s croyances. Sauf quand on prend l’une pour l’autre,<br />

mais là c’est une question <strong>de</strong> lucidité et non <strong>de</strong> cohérence.<br />

Dans sa <strong>de</strong>rnière publication, Content, Rem Koolhaas invite le public à<br />

danser sur l’air <strong>de</strong> la consumation ou <strong>de</strong> la profanation <strong>de</strong>s valeurs. Selon lui,<br />

le mon<strong>de</strong> n’a pas besoin d’être pensé. Les citoyens ne veulent pas être gouvernés.<br />

L’architecte d’aujourd’hui n’aurait plus à édifier <strong>de</strong>s objets matériels<br />

mais à brasser les signes et les formes qui virevoltent au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s individus<br />

du grand nombre. Content est la bible <strong>de</strong>s catalogues <strong>de</strong> vente par<br />

correspondance répertoriant une floraison <strong>de</strong> signes et d’objets se disputant<br />

le marché du désir. Koolhaas joue carte sur table et dévoile, autant qu’il le<br />

peut, les trucs et procédés, les graphiques et les caricatures, dont il s’est<br />

servi pour pousser le portail du mon<strong>de</strong> existant. Un mon<strong>de</strong> avi<strong>de</strong> <strong>de</strong> sens<br />

parce que mala<strong>de</strong> d’avoir été dépossédé <strong>de</strong> ses dieux échappant à la raison.<br />

La Tour, p. 8 , Schuiten - Peeters ( 87)<br />

Mais le surnaturel existe. Sa forme et ses manifestations peuvent prendre <strong>de</strong>s<br />

formes différentes, selon les avis, mais il occupe une place absolue dans la<br />

nature humaine et dans le Sens collectif. Sa prise en compte est donc nécessaire<br />

dans tout système <strong>de</strong> pensée. Reconnaître cette évi<strong>de</strong>nce, c’est résister<br />

à remplir, résister à cumuler. Se rassurer contre le <strong>de</strong>stin est une cause louable,<br />

mais inaccessible. Le mon<strong>de</strong> d’aujourd’hui souffre d’une boulimie <strong>de</strong><br />

pétrifications du Sens collectif, et le transfert du manque produit <strong>de</strong>s compensations<br />

pathologiques.Les cathédrales profanes d’aujourd’hui ne pourront<br />

jamais remplacer celles religieuses d’antan, parce qu’elle sont remplie<br />

d’un sens matériel; leur rôle s’arrête dans leur finitu<strong>de</strong>. Or les croyances ont<br />

besoin <strong>de</strong> valeurs surréelles, surnaturelles, représentative <strong>de</strong> ce que même<br />

les philosphes <strong>de</strong>s Lumières ne sont pas parvenu à éliminer totalement. Le<br />

mon<strong>de</strong> contemporain souffre donc d’une très forte carence: celle d’être incapable<br />

d’envisager ce qui le dépasse sans essayer <strong>de</strong> le pétrifier, <strong>de</strong> le fixer sur<br />

terre. Et la profusion d’images fortes à laquelle nous assistons n’est qu’une<br />

une hypercompensation vaine <strong>de</strong> cette frustration. Notre humanité a un<br />

urgent besoin d’éternité et d’humilité.<br />

« Tout l’effort <strong>de</strong> l’avenir sera d’inventer, par réaction à ce qui se passe maintenant,<br />

le silence, la lenteur et la solitu<strong>de</strong>.»<br />

Marcel Duchamp, Lettre à Denis <strong>de</strong> Rougement, 4 .<br />

Le 2 ème siècle sera-t-il spirituel, mystique, religieux, scientifique ?<br />

Quoiqu’il en soit, l’ombre <strong>de</strong> l’homme, sa part immatérialisable, échappant<br />

à la raion pourrait bien avoir <strong>de</strong>s réponses à donner.<br />

« Entre la politique du dollar et les politiques <strong>de</strong> Dieu, l’Europe pourrait<br />

réinventer une autre sorte d’espace public, digne <strong>de</strong>s Lumières mais sans<br />

les illusions <strong>de</strong>s Lumières et qui joindrait au pessimisme <strong>de</strong> l’intelligence<br />

l’optimisme <strong>de</strong> la volonté (selon une formule plus divulguée que pratiquée).<br />

Il va nous falloir, en somme, faire mentir ceux qui pensent que toute critique<br />

du mythe du progrès est nécessairement réactionnaire. »<br />

Contribution <strong>de</strong> Régis Debray à l’UNESCO,<br />

Et puis pour terminer, comme Gilles Deleuze disait dans Des vitesses <strong>de</strong> la<br />

pensée, en 80:<br />

« Nietzsche lance : « L’étonnant c’est le corps. » Ce qui veut dire quoi ? Ce<br />

qui est une réaction <strong>de</strong> certains philosophes qui disent : écoutez, arrêtez avec<br />

l’âme, avec la conscience, etc. Vous <strong>de</strong>vriez plutôt essayer <strong>de</strong> voir un peu<br />

d’abord ce que peut le corps. Qu’est-ce que… Vous ne savez même pas ce que<br />

c’est le corps et vous venez nous parler <strong>de</strong> l’âme. Alors non, il faut repasser.<br />

[…] »<br />

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