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Enoncé Théorique de TPM - Pierre Cauderay.pdf - EPFL

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est l’objet <strong>de</strong> l’esthétique – l’architecture pour commencement. Ceci à <strong>de</strong>ux<br />

reprises : dans l’ordre <strong>de</strong>s moments esthétiques tout d’abord qui sont au<br />

nombre <strong>de</strong> trois (symbolique, classique, romantique) puis dans les arts particuliers<br />

qui sont au nombre <strong>de</strong> cinq (architecture, sculpture, peinture, musique<br />

et poésie). Chaque forme d’art passe par chacun <strong>de</strong>s trois moments,<br />

<strong>de</strong> sorte que le commencement proprement dit <strong>de</strong> l’art est constitué par<br />

l’architecture symbolique, qui est l’architecture sous sa forme la plus pure,<br />

dans son moment le plus propre. Elle est définie par Hegel comme l’art symbolique<br />

par excellence.<br />

Ainsi l’édifice hégélien <strong>de</strong> l’Esthétique dépend <strong>de</strong> ce principe d’Aufhebung<br />

dont chaque dépassement supprime, mais conserve en lui ses antécé<strong>de</strong>nts.<br />

L’enchaînement <strong>de</strong>s arts, dans leurs moments successifs, contredisent<br />

et confirment tour à tour la victoire du précé<strong>de</strong>nt sur la matérialité. De<br />

l’architecture symbolique, jusqu’à la poésie romantique. Ensuite, selon Hegel,<br />

le processus quitte les arts pour <strong>de</strong>venir l’esthétique elle-même (le discours<br />

sur les arts, premier moment <strong>de</strong> l’esprit absolu), puis religion révélée<br />

et finalement philosophie, qui est la « prose <strong>de</strong> l’enten<strong>de</strong>ment » dans laquelle<br />

l’esprit se trouve immédiatement en contact avec lui-même, sans avoir à<br />

recourir à l’extériorité d’une matière signifiante. L’art comme symbole dépassé,<br />

comme chose morte.<br />

L’architecture serait ainsi une sorte <strong>de</strong> mise en abyme <strong>de</strong> l’esthétique dans<br />

son ensemble, et par extension, <strong>de</strong> la totalité du système dans lequelle elle<br />

s’insère. L’art qui commence avec l’architecture, qui elle apparaît avec la<br />

construction <strong>de</strong>s tombaux, victoire <strong>de</strong> la mort, initie un mouvement qui<br />

le renvoie à la mort, celle <strong>de</strong> la totalité du système. L’Aufhebung fonctionne<br />

donc comme retour et libération <strong>de</strong> l’arché (principe, origine) dans le télos<br />

(fin, but).<br />

« La mort, si nous voulons nommer ainsi cette irréalité, est ce qu’il y a <strong>de</strong> plus<br />

terrible et maintenir l’œuvre <strong>de</strong> la mort est ce qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> la plus gran<strong>de</strong><br />

force. La beauté impuissante hait l’enten<strong>de</strong>ment parce qu’il exige d’elle ; ce<br />

dont elle n’est pas capable. Or, la vie <strong>de</strong> l’esprit n’est pas la vie qui s’effarouche<br />

<strong>de</strong>vant la mort, et se préserve <strong>de</strong> la <strong>de</strong>struction, mais celle qui supporte la<br />

mort et se conserve en elle ». Hegel<br />

L’édifice hégélien <strong>de</strong> l’esthétique commence donc par l’art, qui commence lui<br />

par l’architecture, qui repose sur l’architecture symbolique, dont il a énoncé<br />

l’existence grâce au principe d’Aufhebung. Hegel se met ensuite à chercher le<br />

symbole <strong>de</strong> cette architecture symbolique, et il se tourne tout naturellement<br />

vers les commencements <strong>de</strong> l’architecture :<br />

« En cherchant les premiers commencements <strong>de</strong> l’architecture [selon la tradition],<br />

nous trouvons tout d’abord la cabane, habitation <strong>de</strong> l’homme et le<br />

temple, comme enceinte abritant le dieu et la communauté <strong>de</strong> ses fidèles. »<br />

Or Hegel n’est pas satisfait <strong>de</strong> ce commencement, car la cabane et le temple<br />

ne sont que <strong>de</strong>s structures complexes, <strong>de</strong> médiation. En effet, ce qui caractérise<br />

essentiellement la maison, le temple et autres constructions, c’est<br />

le fait que ce sont <strong>de</strong> simples moyens en vue d’un but extérieur. La cabane<br />

et la maison du dieu supposent <strong>de</strong>s habitants : hommes, images <strong>de</strong> dieux,<br />

etc., pour lesquels ces constructions ont été édifiées. A l’intérieur <strong>de</strong> leurs<br />

murs viennent se loger ce qui constitue les fins en vue <strong>de</strong>squelles ils ont été<br />

construits, fins que Hegel juge extérieures. Cet extérieur pénètre donc les<br />

premières constructions ce qui leur interdit l’accès à l’architecture symbolique,<br />

et qui pour manque <strong>de</strong> simplicité les exclut <strong>de</strong> constituer l’origine <strong>de</strong><br />

l’art.<br />

Pour contourner cet écueil, Hegel dissocie alors la notion <strong>de</strong> commencement<br />

du principe d’origine :<br />

« Seul le simple constitue le commencement », « Par son contenu cependant,<br />

le simple commencement est quelque chose <strong>de</strong> tellement insignifiant que,<br />

pour la pensée philosophique, il n’a que la valeur d’un simple acci<strong>de</strong>nt. »<br />

Hegel se met donc à chercher l’origine <strong>de</strong> l’architecture symbolique qui<br />

ne peut pas être le commencement <strong>de</strong> l’architecture dont la fin est extérieure<br />

à l’art. Mais un objet plein. Les origines doivent avoir un caractère<br />

immédiat, simple et non cette relativité. Et il le trouve en Mésopotamie avec<br />

l’architecture sacrée. Le sacré, en tant qu’union lui-même et but <strong>de</strong> cette<br />

union est une fin intérieure à elle-même. Elle ne peut pas être une extériorité<br />

qui rendrait complexe la structure qui l’abrite. Le sacré pour luimême,<br />

constitue le premier contenu <strong>de</strong> l’architecture symbolique. Et Hegel<br />

en trouve l’exemple le plus familier dans la légen<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Tour <strong>de</strong> Babel :<br />

dans les lointaines vallées <strong>de</strong> l’Euphrate, l’homme érige une œuvre architecturale<br />

immense ; tous les hommes y travaillent en commun, et c’est cette<br />

communauté qui constitue à la fois le but et le contenu <strong>de</strong> l’œuvre.<br />

Telle serait donc l’œuvre d’art symbolique par excellence. L’architecture proprement<br />

dite, moment symbolique <strong>de</strong> cet art symbolique, trouve sa symbolicité<br />

dans la Tour <strong>de</strong> Babel.<br />

« Au milieu <strong>de</strong> la ville, raconte Hérodote qui avait encore vu cette œuvre colossale,<br />

se dressait une tour aux murs épais (non creuse, mais massive). »<br />

Un objet plein au sens <strong>de</strong> Hegel.<br />

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