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Enoncé Théorique de TPM - Pierre Cauderay.pdf - EPFL

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Les Lumières<br />

Les sociétés occi<strong>de</strong>ntales, dites mo<strong>de</strong>rnes, sont héritières <strong>de</strong> la pensée rationaliste<br />

<strong>de</strong> la philosophie <strong>de</strong>s lumières. Né au 8ème siècle le mouvement<br />

intellectuels se fon<strong>de</strong> sur la raison éclairée <strong>de</strong> l’homme, sur la foi dans le progrès<br />

et sur la séparation <strong>de</strong>s sphères politique et religieuse. Les inspirateurs<br />

<strong>de</strong> ce mouvement se voyaient comme une élite courageuse d’intellectuels,<br />

oeuvrant pour le progrès du mon<strong>de</strong>, dépassant <strong>de</strong>s siècles d’irrationalité, <strong>de</strong><br />

superstitions et d’intolérances religieuses.<br />

En décembre 784, Emmanuel Kant répondait à la question : « qu’est-ce que<br />

les Lumières ? ».<br />

« Les Lumières, c’est la sortie <strong>de</strong> l’homme hors <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong> tutelle dont il est<br />

lui-même responsable. L’état <strong>de</strong> tutelle est l’incapacité <strong>de</strong> se servir <strong>de</strong> son<br />

enten<strong>de</strong>ment sans la conduite d’un autre. On est soi-même responsable<br />

<strong>de</strong> cet état <strong>de</strong> tutelle quand la cause tient non pas à une insuffisance <strong>de</strong><br />

l’enten<strong>de</strong>ment mais à une insuffisance <strong>de</strong> la résolution et du courage <strong>de</strong> s’en<br />

servir sans la conduite d’un autre. Sapere au<strong>de</strong> ! Aie le courage <strong>de</strong> te servir <strong>de</strong><br />

ton propre enten<strong>de</strong>ment ! Voilà la <strong>de</strong>vise <strong>de</strong>s Lumières ».<br />

La même année, Moses Men<strong>de</strong>lssohn - figure importante <strong>de</strong>s Lumières<br />

juives - avait répondu à la même question :<br />

« Les Lumières […] semblent se rapporter davantage au théorique, à une<br />

connaissance rationnelle [partie objective] et un savoir-faire [partie subjective]<br />

permettant une réflexion raisonnable sur les choses <strong>de</strong> la vie humaine<br />

en fonction <strong>de</strong> leur importance et <strong>de</strong> leur influence sur la <strong>de</strong>stination <strong>de</strong><br />

l’homme ».<br />

Les lumières ont donc fait reculer les frontières du surnaturel. Elles ont<br />

même développé <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> pensées qui exclues son existence. Néanmoins<br />

ne serait-ce qu’au niveau intellectuel, la philosophie <strong>de</strong>s Lumières est<br />

aujourd’hui fortement discutées. Selon Valéry Rasplus dans « Qu’est-ce que<br />

les Lumières aujourd’hui ? » en 200 :<br />

La fièvre d’Urbican<strong>de</strong>, P. 67, Schuiten - Peeters ( 8 )<br />

« Cette vision joint la raison à l’utilitarisme naissant et à une direction<br />

d’actions politiques et techniques. Ce qui nous a donné en héritage : maîtriser<br />

l’Homme et la Nature. »<br />

« Cette recherche d’autonomie <strong>de</strong> la pensée, <strong>de</strong> la responsabilité propre <strong>de</strong><br />

la raison individuelle, cette démarche pourrait se heurter à un écueil fort<br />

gênant […]. Cet écueil serait celui du solipsisme méthodologique : pensée<br />

close sur elle-même, si ce n’est définitive, non réfutable, […], car non soumise<br />

à l’épreuve <strong>de</strong> discussions critiques, <strong>de</strong> débats contradictoires, <strong>de</strong> l’expérience,<br />

<strong>de</strong> relations intersubjectives.<br />

Se servir <strong>de</strong> son propre enten<strong>de</strong>ment sans extérioriser celui-ci reviendrait<br />

à considérer que son intime conviction, son seul enten<strong>de</strong>ment, suffirait<br />

à établir la véracité d’une proposition, d’un énoncé, d’un paradigme ou<br />

d’une théorie. Ce serait oublier que la raison critique ne contient pas en<br />

elle-même sa propre légitimité, […]. »<br />

Jean-François Colosimo, dans un entretien du Figaro du 4 mars 200 , parle,<br />

lui, <strong>de</strong> l’impact qu’une telle transformation peut avoir dans la pensée d’une<br />

société. Une contre - transformation qui pourrait avoir été sous-estimée :<br />

« Dès les premières années du Siècle <strong>de</strong>s Lumières, la religion du Progrès a eu<br />

une concurrente: une anti-religion du Progrès, aussi mo<strong>de</strong>rniste que le culte<br />

auquel elle s’opposait. Les fondamentalismes religieux - qui partagent tous<br />

la même structure formelle - tirent leur mo<strong>de</strong>rnisme farouche <strong>de</strong> cette antireligion<br />

du Progrès. »<br />

Notre société d’aujourd’hui serait donc le résultat d’une profon<strong>de</strong> transformation<br />

intellectuelle et culturelle, celle <strong>de</strong>s Lumières. Une transformation<br />

rationnelle centrée sur l’enten<strong>de</strong>ment et introduisant la notion <strong>de</strong> Progrès,<br />

oubliant ce qui le dépasse. Cet oubli, ou cet inachèvement aurais laissé la<br />

place à une reconstruction insuffisante <strong>de</strong> cette valeur absolue qu’est la spiritualité<br />

:<br />

« J’incline à penser que les Lumières ont sans doute irréversiblement entamé<br />

notre sentiment religieux. Nous sommes <strong>de</strong>venus étrangers à l’idée <strong>de</strong> la<br />

communion comme donnée et non pas comme reconstruction. Je m’effraye<br />

du mon<strong>de</strong> dans lequel nous entrons et dans lequel toutes les communions<br />

ten<strong>de</strong>nt à être <strong>de</strong>s reconstructions. […] Lorsque le progrès, en 1792, a<br />

émergé comme la forme suprême <strong>de</strong> l’avenir <strong>de</strong> l’humanité, il apparaît sous<br />

la forme d’un ersatz <strong>de</strong> religion, d’une spiritualité substitutive. […] A force <strong>de</strong><br />

ne penser l’homme que sous le signe <strong>de</strong> l’abstraction, les Lumières ont laissé<br />

un espace vacant pour le resurgissement d’un homme barbare. »<br />

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