Untitled - Free

d’essayer de le tuer que de le laisser agir à sa guise. S’il
existait quelque chose de pire que la Bête-Étoile, je n’avais
aucune envie d’y être confronté. Il n’y avait qu’une seule
manière de faire cesser ces manifestations : se
débarrasser de l’« homme-médecine ». Je comptai jusqu’à
trois puis j’ouvris brusquement la porte.
Je n’étais pas du tout préparé à ce que j’allais
découvrir dans la pièce. Il faisait si froid que j’eus
l’impression de me trouver à l’intérieur d’un réfrigérateur
peuplé de ténèbres. Et j’ignore pourquoi, lorsque j’essayai
de m’élancer en avant, mes jambes ne purent se déplacer
qu’au ralenti, et des minutes entières parurent s’écouler
tandis que je traversais péniblement l’air visqueux, mon
bras brandissant le flacon de verre contenant le virus, et
mes yeux dilatés.
Cependant, c’était le son qui était le pire. Cela
ressemblait à celui d’un vent de dépression terriblement
glacé – une note qui tombait constamment, sans jamais,
toutefois, descendre au-dessous d’un bruissement
monotone et sourd. Il n’y avait aucun vent dans la pièce,
mais cet ouragan intangible hurlait, grondait et faisait
disparaître toute notion du temps et de l’espace.
Misquamacus se tourna vers moi, lentement, tel un
homme entrevu dans un cauchemar. Il ne fit aucune
tentative pour me repousser ni pour se protéger. La Bête-
Étoile, qui se trouvait seulement à quelques mètres de moi,
au milieu de la « porte » magique recouverte de givre,
ondoyait et palpitait, ainsi que les replis d’un frai de
crapaud ou des volutes de fumée.