Untitled - Free

la table en merisier. La main de Mme Karmann était
profondément enfouie dans la mienne, mais je la sentais à
peine. Une sensation de froid persistait dans la pièce,
tandis que le courant d’air soufflait et remontait
désagréablement le long de mes jambes.
— Parle, répéta Amelia. Parle et dis-nous qui tu es.
— Seigneur ! dit MacArthur avec impatience. C’est
vraiment…
— Chuuuuut ! lui dis-je. Attendez, MacArthur, ça vient.
Et cela venait, effectivement. Je regardai le centre de la
table… il semblait que quelque chose vibrait dans l’air… à
quelques pouces au-dessus d’un plateau. Je sentis mes
cheveux se dresser sur ma tête et j’eus la chair de poule
tandis que l’air se tordait et s’élevait comme une fumée,
puis commençait à se condenser et à prendre certains
contours.
La respiration se fit plus profonde, plus forte et plus
proche, à croire que quelqu’un respirait vraiment tout
contre mon oreille. La faible luminescence du lustre
disparut entièrement, mais le serpent d’air qui se formait et
se tordait devant nous quatre avait sa propre luminosité.
En dessous de lui, le plateau de bois de la table
commença à se soulever, formant une protubérance. Je
mordis ma langue, et la saveur amère du sang m’imprégna
la bouche. J’étais pétrifié de peur, mais je ne pouvais
détourner les yeux ni refuser de regarder. Le pouvoir du
cercle nous maintenait tous trop fermement, et nous étions
obligés de rester assis sur nos sièges et de regarder
fixement le terrifiant spectacle qui se déroulait devant nous.