Untitled - Free

les fauteuils pour constater à quel point ils étaient moelleux
et confortables. Amelia, qui était habillée pour aller dîner en
ville dans un long cafetan rouge, magnifiquement orné,
resta silencieuse et lointaine. Elle avait des traits fins,
presque hallucinés, de grands yeux noirs et une bouche
pâle aux lèvres pleines qui donnaient l’impression qu’elle
allait à tout moment fondre en larmes.
— Avez-vous une table ronde, madame Karmann ?
demanda-t-elle doucement.
— Vous pouvez utiliser la table de la salle à manger, dit
Mme Karmann. Du moment que vous ne la marquez pas.
C’est de l’authentique merisier, très ancien.
Elle nous conduisit jusqu’à la salle à manger. La table
était en bois foncé et poli ; son éclat était tel qu’on aurait pu
se noyer dedans. Au-dessus, pendait un lustre de cristal.
Les murs de la pièce étaient tendus de papier peint, vert
sombre, et on pouvait remarquer des miroirs dans des
cadres dorés et des peintures à l’huile tout autour.
— Elle fera parfaitement l’affaire, dit Amelia. Je pense
que nous devrions commencer tout de suite.
Nous prîmes place tous les quatre autour de la table et
nous nous regardâmes, plutôt gênés. MacArthur avait
l’habitude des séances de spiritisme d’Amelia, mais il était
plus sceptique que jamais et il répétait sans cesse :
— Il y a quelqu’un ? Il y a quelqu’un…
— Tais-toi, dit Amelia. Harry, peux-tu éteindre les
lumières, s’il te plaît ?
J’allai éteindre la lumière, et la salle à manger fut
plongée dans l’obscurité la plus complète. Je regagnai ma