Untitled - Free

faiblement, comme si quelqu’un était en train de forer le
béton pour se frayer un chemin, à des étages et à des
étages en dessous de nous. Venant de tout en bas, de la
rue, nous entendîmes des sirènes de police et celles des
voitures de pompiers, ainsi que le gémissement lugubre de
ce vent magique.
Brusquement les lumières s’éteignirent. Le lieutenant
Marino s’écria :
— Ne bougez pas ! Que personne ne bouge ! Si
quelqu’un bouge, je tire !
Nous restâmes figés comme des statues, tendant
l’oreille et attendant de voir si nous allions être attaqués. Je
sentis des gouttes de sueur glisser sur mon visage et dans
le col de ma chemise. Il faisait une chaleur étouffante dans
ces bureaux du 18e étage, et on manquait d’air. Il était
devenu évident que le système d’air conditionné avait
cessé de fonctionner, lui aussi.
Je fus le premier à les entendre. Détalant et se faufilant
au bas des murs, telle une rivière fantôme. Je vis le
lieutenant Marino lever son Colt Spécial Police, prêt à
riposter, mais il ne tira pas. Glacés d’effroi, nous
écarquillâmes les yeux au milieu de la pénombre
lumineuse des bureaux et ce fut à ce moment-là que nous
les vîmes. Ils ressemblaient à des rats fantômes – des
torrents et des torrents de rats fantômes détalant. Ils
couraient et se déversaient au bas de chaque mur. Ils
surgissaient de nulle part et disparaissaient dans le sol
comme s’il n’était pas du tout solide. Il devait en passer
des millions… piaillant, bruissant et détalant dans tous les