Le roman chinois - Chine ancienne

Le roman chinois
de se disputer à force de se céder mutuellement ? Aussi, comme le
conseille LOU SIUN 1 , vaut-il bien mieux considérer cela comme de
l'humour et en rire. Voici ce passage :
« ...Tout en causant, ils arrivèrent dans une rue animée et
virent un geôlier de prison 2 en train de faire des achats et
qui, tenant un objet dans la main, disait :
— Mon frère, pour une marchandise d'une qualité supérieure,
vous ne demandez qu'un prix infime ; si moi, votre cadet, je
l'achetais, comment pourrais-je avoir la conscience tranquille ?
Je vous prie instamment d'augmenter le prix pour que je puisse
suivre vos instructions et l'emporter. Sinon, c'est que vous ne
désirez pas me faire honneur et trafiquer avec moi. p.108
...Le marchand répondit :
— Puisque vous, mon frère, me faites l'honneur de vous
adresser à moi, comment oserais-je ne pas prendre votre
intention en considération ? Mais tout à l'heure, j'ai follement
demandé un prix exagéré : déjà j'en suis honteux ; je ne
m'imaginais pas que vous, mon frère, vous diriez au contraire
que la marchandise est supérieure et que les prix sont
infimes : n'est-ce pas rendre votre cadet encore plus confus ?
Sans compter que ma vile marchandise n'est nullement à prix
fixe ; dans le prix demandé, il y a place à marchandage, car
on dit ordinairement : « Demander un prix haut comme le
Ciel, répondre un prix bas comme la Terre. » Maintenant
vous, mon frère, vous ne diminuez pas mon prix mais encore
vous voulez l'augmenter : puisque vous êtes si consciencieux,
je ne peux que vous prier d'aller faire votre achat chez
d'autres ; moi, votre cadet, je ne puis obéir à vos ordres.
— Demander un prix haut comme le Ciel et répondre un prix
bas comme la Terre, dit T'ang Ngao en les entendant, sont des
1 Tchong-kouo-siao-chouo-che-lö, page 291.
2 Ceux-ci ont la réputation d'être des gens sans scrupule.
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