Le roman chinois - Chine ancienne
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<strong>Le</strong> <strong>roman</strong> <strong>chinois</strong><br />
Kin-p'ing-mei pour sa licence, la cour avait bien d'autres choses à faire<br />
que de s'occuper p.080 d'un <strong>roman</strong>. Par ailleurs, il est vrai que ce livre<br />
fut interdit plusieurs fois par des magistrats locaux, car il est<br />
incontestable qu'il contient d'assez nombreux passages dont la lecture<br />
n'est pas à conseiller à toutes personnes, et, de nos jours encore,<br />
beaucoup de gens ne veulent voir dans le Kin-p'ing-mei qu'un livre<br />
licencieux, mais en réalité il est un miroir fidèle de la société et de la<br />
famille <strong>chinois</strong>es de condition moyenne.<br />
<strong>Le</strong> titre de cet ouvrage, a-t-il été dit au commencement de cet essai,<br />
est formé des noms de ses trois héroïnes, soit : P'an Kin-lien, Li P'ing-<br />
eul et Tch'ouen-mei. Dans le Choei-hou-tchouan, chapitres 23 et 24, il<br />
est question des amours adultères de Si Men-k'ing et de P'an Kin-lien,<br />
la belle-sœur de Ou Song, qui empoisonna son mari, et que Ou Song<br />
tua plus tard pour venger son frère. <strong>Le</strong> Kin-p'ing-mei s'inspire de ce<br />
sujet en y apportant quelques modifications :<br />
Si-men K'ing, natif de Ts'ing-ho, a déjà, au moment où débute<br />
l'histoire, une femme et trois concubines ; cela ne l'empêche pas de<br />
faire la connaissance de la femme de Ou Ta et, sur son instigation,<br />
celle-ci empoisonne son mari et Si-men K'ing la prend comme<br />
cinquième femme. Ou Song, frère de Ou Ta, vient venger sa mort ; il<br />
tue par erreur Li Wai-fou, est condamné à la déportation, tandis que Si-<br />
men K'ing, ayant échappé par miracle à la mort, donne libre cours à ses<br />
mœurs dissolues. En effet, il entretient des rapports coupables avec<br />
Tch'ouen-mei, la servante de P'an Kin-lien, et encore avec Li P'ing-eul,<br />
la femme d'un de ses amis, qu'il prend également comme concubine à<br />
la mort de son mari. En même temps, il s'enrichit par des moyens plus<br />
ou moins honnêtes. Bientôt Li P'ing-eul donne le jour à un fils, tandis<br />
que Si-men K'ing obtient un poste de « sous-chef de mille familles »,<br />
grâce à l'appui du premier ministre Ts'ai King. Ayant descendance,<br />
richesse et honneurs, Si-men K'ing donne libre cours à ses débauches ;<br />
ses femmes et concubines ne lui suffisant pas, il court encore à droite<br />
et à gauche. Mais P'an Kin-lien, jalouse de ce que Li P'ing-eul a un fils,<br />
fait ce qu'elle peut pour nuire à l'enfant : grâce à ses soins (?), l'enfant<br />
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