Le roman chinois - Chine ancienne
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<strong>Le</strong> <strong>roman</strong> <strong>chinois</strong><br />
gestes. <strong>Le</strong>s aspirations et les espoirs de l'auteur s'y lisent, et les traits<br />
dirigés contre les mandarins n'y sont pas rares. Ainsi, LIEOU NGO ose<br />
dire que<br />
« les mandarins coupables de vénalité sont détestables, cela<br />
chacun le sait ; mais ce qu'on ne sait pas, c'est que les<br />
mandarins intègres sont encore plus exécrables. Car ceux qui<br />
sont vénaux se sachant coupables, n'osent pas faire le mal<br />
ouvertement, tandis que ceux qui sont intègres, forts de ce<br />
qu'ils ne recherchent pas l'argent, que ne font-ils pas ? Ils<br />
agissent suivant leur caprice et leur bon plaisir : en petit ils<br />
tuent les gens ; en grand, ils nuisent au pays ; ceux que nous<br />
avons de nos propres yeux vus, tels que Siu T'ong, Li Ping-<br />
heng, qui en sont les plus célèbres, sont innombrables. Tous<br />
les <strong>roman</strong>s existant ont toujours dévoilé les crimes des<br />
mauvais mandarins ; seul et le premier, le Lao-ts'an-yeou-ki<br />
a dévoilé les crimes des mandarins intègres. »<br />
Au point de vue style, le Lao-ts'an-yeou-ki renferme de fort belles<br />
pages, dont les plus célèbres sont celles relatant p.123 la chanson de<br />
« Mademoiselle Noire » ou le brisage des glaces sur le Hoang-ho. Voici<br />
ce dernier morceau :<br />
« Lao-ts'an, après s'être lavé, ferma sa porte à clef, et sortit.<br />
Il alla d'abord sur la digue et vit que le fleuve Jaune,<br />
descendant du sud-ouest, formait précisément un coude à cet<br />
endroit ; passé ce coude, il coulait tout droit vers l'est. <strong>Le</strong><br />
fleuve n'était pas très large ; la distance entre les deux rives<br />
n'atteignait pas deux li 1 ; quant à l'eau, en ce moment elle<br />
n'avait qu'une largeur de cent tchang 2 environ. Seulement<br />
devant soi la glace s'était amoncelée en couches épaisses qui<br />
s'élevaient à sept ou huit pouces au-dessus de l'eau. Lao-<br />
ts'an fit cent ou deux cents pas vers l'amont du fleuve, et vit<br />
que les glaces de l'amont descendaient morceau par<br />
1 Li : unité de mesure géométrique, valant 576 mètres.<br />
2 Tchang : mesure de longueur valant 3 mètres.<br />
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