Le Sang du Rock Tome 2 - Index of

Franklin fait reculer son fauteuil et s'empare de sa veste. Il déverrouille la porte d'entrée, se retourne et
m'adresse un sourire entendu :
—Soyez sages!
Il ferme la porte, et me voici seule dans un minuscule bureau avec un homme presque nu avec qui j'ai
jadis partagé un baiser certes factice, mais enflammé. J'ai le regard rivé par terre, et je tape doucement
mon talon contre le montant de la porte.
Les haut-parleurs diffusent un morceau de surf-rock exceptionnellement sensuel.
L'un des préférés de Spencer.
Prête à tout pour détendre l'atmosphère, je me prépare à lui parler de ma virée avec Regina, la nuit
dernière, même si elle m’a fait promettre de ne rien en dire à qui que ce soit. Pour l'instant, je préférerais
affronter son courroux plutôt que de le voir me regarder comme ça.
Mais la porte du salon s'ouvre juste à ce moment-là, en bas. Soudain soulagée, je meurs d'envie de serrer
dans mes bras Travis, qui gravit les marches quatre à quatre, un petit tas de documents dans les mains.
—J'ai eu des nouvelles de ma source, à la police d'État, (Il entre dans le bureau.) Il s'avère que... Ouah !
(Travis s'immobilise en remarquant David.) Rappelez-moi de ne jamais parier contre Shane.
—Ne t'inquiète pas, lui dis-je. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour éviter de te voir en slip
de bain.
—Tu as de nouvelles informations ? lui demande David, comme si tout était parfaitement normal.
—Euh, ouais. (Il se dirige vers le bureau de David, sur lequel il laisse tomber les documents, avant de
ressortir de la pièce et de se réfugier derrière moi.) J'ai obtenu une copie du rapport de la police
scientifique concernant la pancarte «aller en enfer»
et la bouteille du cocktail Molotov qui a servi à déclencher l'incendie du Cochon qui fume.
David le feuillette. Je décide de rester en retrait et de ne pas céder à la curiosité.
—Bref. (Travis se frotte l'arête de la mâchoire.) Pour autant que je puisse en juger, la peinture sur la
pancarte et le contenu de la bouteille sont identiques à ceux laissés à la station.
—Tu as ton propre labo de chimie? je lui demande.
—Non, mais je connais quelqu'un.
J'acquiesce. Comme moi, Travis a passé une grande partie de sa carrière du côté obscur, impliqué dans
ce que mes professeurs qualifieraient d’«économie souterraine
». Ceux d'entre nous qui ne sont pas très exigeants avec la légalité semblent toujours
« connaître quelqu'un ».