Le Sang du Rock Tome 2 - Index of

— Oh, OK.
Je fais glisser mon doigt le long des boutons de sa chemise. J'ai plus que hâte qu'il soit en meilleure
forme: les parties de jambes en l'air juste après ses « repas »
sont en principe particulièrement phénoménales.
Je perçois des crachotements, dans la cuisine - l'eau éclabousse la cuisinière en bouillant.
—Est-ce que tu te sers de la petite casserole sur le grand brûleur ? me demande-t-il. Ça peut faire fondre
la poignée.
—Ne t'inquiète pas. J'ai lu la note.
Je me laisse glisser de ses genoux et me précipite vers la cuisine.
—Allume la hotte pour éviter que la vapeur déforme les placards ou déclenche l'alarme incendie.
Je suis ses indications, même si le bruit m'empêche de distinguer ses accords de guitare. Je finis par
reconnaître la chanson – Where Are You Going du Dave Matthews Band - et ne peux m'empêcher de
sourire. Même dans ses instants les plus froids, il parvient à forcer son esprit à rester au XXe siècle.
Je réduis la puissance de la hotte au minimum, pour être en mesure de mieux l'entendre, puis je me tourne
vers le présentoir mural des épices et cherche le flacon de piment de Cayenne, pour en saupoudrer mes
macaronis au fromage.
Les épices ne sont plus classées dans l'ordre alphabétique. Je les avais pourtant bien rangées... Et
pourquoi Shane se serait-il amusé à les déclasser ? L'ordre alphabétique lui donne l'impression d'être
sain d'esprit.
Je regarde les étiquettes de plus près. Elizabeth s'est manifestement procuré ses aromates dans une
épicerie de luxe bilingue ou canadienne, car elles sont toutes libellées en français, en petits caractères
sous l'appellation anglaise.
II s'agit, semble-t-il, du nouveau principe de classement. Je saisis le flacon de piment de Cayenne et en
saupoudre le contenu sur mes pâtes, me demandant quelles surprises Shane me réserve encore. Va-t-il un
jour réaménager le mobilier du salon dans l'ordre alphabétique, dans le sens des aiguilles d'une montre, et
dans l’autre sens le lendemain ?
La voix de Shane me parvient, jurant qu'il est loin d'être un héros, ça c'est sûr, mais qu'il veut rester avec
moi. Même si cela lui fait manifestement perdre la main.
Dimanche matin, je me réveille dans l'obscurité la plus complète - la nouvelle norme. Nos doubles
rideaux empêchent totalement la lumière de pénétrer, et même si mon réveil affiche 8 h30, pas un photon
ne parvient à s'insinuer dans ma chambre.
Shane dort auprès de moi, le souffle lent et régulier. Etrange qu'il ne m'ait pas réveillée en rentrant de
chez son donneur. Peut-être savait-il que j'avais besoin de sommeil.