Le Sang du Rock Tome 2 - Index of

WELCOME TO THE JUNGLE 25
Ned m'accueille à la porte de la Forteresse, les traits tirés et l'air tendu. Sans son habituel regard
d'illuminé, je manque de ne pas le reconnaître.
Il remarque mon bras en écharpe.
—Que s'est-il passé, Ciara?
Je hausse les épaules.
—Une opération de routine, pour ma tendinite. (Eh ! Ce prétexte pour éviter d'aller au bowling m'aura au
moins servi à quelque chose !) J'ai vu à la télé ce qui est arrivé à Kevin. Toutes mes condoléances.
— On ignorait complètement qu'il fréquentait ce genre d'individus. Dommage.
Il tente de franchir le seuil pour me rejoindre sous le porche, mais je pose la main sur la porte.
25 Titre d'une chanson du groupe Gun & Roses, que l'on pourrait traduire par « Bienvenue dans la
jungle». (NdT)
—Je peux aller aux toilettes, avant? (Le voyant hésiter, je fléchis les genoux en me dandinant d'un pied
sur l'autre.) S'il te plaît. J'ai bu un gobelet de café entier, sur le trajet. Les bouchons, c'est un véritable
cauchemar, sur la 270.
—D'accord, d'accord. (Il me fait entrer puis me désigne le couloir le plus éloigné.) C'est au fond de la
cuisine, à droite.
Je pénètre dans la cuisine, que je trouve très austère, par rapport à l'aspect pompeux du reste de la
bâtisse. Puis je me rappelle qu'à l'époque victorienne, seuls les serviteurs fréquentaient cette pièce.
Je remarque le strudel au chocolat, au milieu du plateau à pâtisseries en verre, qui trône sur le comptoir.
Je trouve ensuite les toilettes, pas plus grandes qu'un simple placard. À la lueur de la lanterne de la
cuisine, je distingue une chandelle et un briquet, sur le lavabo. Pas de caméras à l'horizon - ils ne
s'observent pas pisser les uns les autres, c'est déjà ça. J'allume la bougie et referme la porte.
Je sors le sachet de mouchards de ma poche. D'une main, un geste que j'ai répété les yeux fermés, j'active
l'antenne de l'engin et ôte la protection de sa partie adhésive. Puis je tire la chasse d'eau, fais couler le
robinet et me donne le temps de me « sécher les mains », au cas où quelqu'un écouterait, derrière la porte.
Je me hâte de traverser la cuisine, puis me fige soudain, quelques pas après le présentoir à pâtisseries,
comme si je venais d'avoir une idée. J'examine le strudel avec une évidente avidité, caressant le
couvercle de verre. Après un instant d'«
hésitation », je soulève la cloche et hume le parfum du gâteau à plein nez.
Il y a des placards, le long du mur, sur ma droite. Faisant habilement passer le mouchard sur la pointe de