Le Sang du Rock Tome 2 - Index of

Préférant me contenter d'un mal connu - et d'un autre que je viens de rencontrer -, je m'engage dans la
ruelle et referme la porte derrière moi. Le sourire de Colin s'évanouit. Il ramasse la cale de bois censée
permettre à la porte de rester ouverte et la coince dessous, pour que personne ne puisse sortir.
—Arrête ton cinéma, Colin. (Regina s'appuie contre le mur de briques et allume l'une de ses propres
cigarettes.) Qu'est-ce qui...
—Écoute-moi, mon chou. (Il saisit Regina par les épaules.) Tu n'es pas en sécurité, ici.
—À cause de qui?
Il me jette un coup d'œil.
—Parle, poursuit Regina. Ne t'occupe pas d'elle.
Il observe le mur, au-dessus d'elle, comme s'il cherchait les termes les plus appropriés pour ce qu'il a à
lui dire.
— On parle de vengeance. Pour Sara.
L'espace d'une demi-seconde, je lis de la vulnérabilité dans le regard de Regina.
Elle prend ensuite un air renfrogné.
—Voilà deux ans qu'il ressasse la même rengaine. Ce sont des conneries. Et quel est le rapport avec ce
club ? (Elle pousse un bref éclat de rire.) Tu l'imagines ici, à l’Outlander ? II ne pourrait pas faire deux
pas.
— Ce n'est qu'un maillon de la chaîne. Et ce n'est pas ce que tu crois. C'est quelque chose de nouveau. (Il
transfer son poids d'un pied sur l'autre, sans lui lâcher les épaules.) En fait, non, c'est assez ancien, mais
ça évolue. Et ici, ils se méfient des vampires.
Regina cligne rapidement des yeux, me jette un coup d’œil et reporte son attention sur Colin.
—C'était un accident.
—Je le sais bien, poupée. (Il lui dépose un tendre baiser sur le front.) Je le sais bien, répète-t-il en
chuchotant, les lèvres contre sa peau. Mais tu ne peux pas rester là. Surtout ce soir. (Il se tourne vers
moi.) Ramène-la chez elle. Tout de suite.
—Putain de merde ! (Regina se libère brusquement de son étreinte et s'éloigne dans l'allée.) Viens, Ciara.
Inutile de rester, puisque monsieur Rabat-Joie veut à tout prix foutre ma soirée en l'air.
Je m'empresse de lui emboîter le pas, fouillant dans mon sac à main à la recherche de mes clés. Au milieu
de la ruelle, je me retourne pour dire « au revoir » à Colin.
Derrière lui, la porte s'ouvre violemment, La cale de bois est projetée de l'autre côté de la ruelle et va
s'écraser contre le mur de briques taché de suie.