Le Sang du Rock Tome 2 - Index of

heureuse.
Et tu crois que c'est pathologique parce que tout ce que tu veux, toi, c'est être malheureux. Qui d'entre
nous est le plus tordu ?
Jeremy pousse un soupir, et je sens sa jambe se crisper, à côté de moi. Je suis certaine qu'il voudrait
s'éloigner, comme moi, d’ailleurs, mais l'envie de rester au chaud est plus forte.
Nous demeurons donc blottis l'un contre l'autre, nos corps aussi proches que nos esprits sont éloignés. Je
me demande si l'on restera amis, une fois que tout cela sera terminé.
Soudain, la porte s'ouvre, et Benjamin se précipite dans l'escalier, suivi de Luann, qui prend plus de
précautions car elle porte un grand plateau chargé d'assiettes et de verres.
Nous nous asseyons sur la couchette, et Jeremy me prend la main, même si j'ignore qui de lui ou de moi il
souhaite vraiment réconforter. Je jette un coup d'œil aux poignets de nos geôliers. Ils n’ont pas de
montres. Il pourrait aussi bien être midi que 17 heures.
Benjamin frappe dans ses mains.
—Le dîner est servi !
Luann dépose délicatement le plateau par terre et ouvre le portillon de la grille.
Avant qu’elle ait pu faire glisser nos repas à l'intérieur, Benjamin retire deux gobelets en plastique rouge
du plateau et se dirige vers le placard, qu'il déverrouille.
Il réapparaît avec ce qui semble être un forceps métallique de près de quatre-vingt-dix centimètres de
long. Il l'utilise pour disposer l'un des gobelets juste devant la cage de Wallace tout en se tenant à
distance respectable.
Le vampire se jette devant lui et s'empare de l'ustensile. Un crépitement, suivi d'un cri, nous fait tous
sursauter. Il retire la main. Elle est aussi brûlée que s'il avait saisi un tisonnier bien chaud.
—C'est enduit d'eau bénite. On ne peut pas se permettre que ceux de ton espèce s'emparent de nos armes.
(Benjamin indique le gobelet, par terre, à l'aide de son outil.) Bois. Tu te sentiras mieux, ensuite.
Le vampire lui lance un regard méfiant, puis il tend sa main intacte entre les barreaux et saisit le gobelet.
Il en hume le bord du couvercle, et son regard s'illumine.
Il se tourne vers moi.
—Je n'ai pas fini de goûter à ton sang.
Il enroule sa langue autour de la paille et aspire une longue gorgée. Il laisse ensuite échapper un profond
soupir.
Il lève la main, intacte, guérie. Son éclat de rire résonne dans toute la salle, se répercutant contre les murs
de pierre.