Le Sang du Rock Tome 2 - Index of

HEART FULL OF SOUL 29
Juste après la tombée de la nuit, la veille du réveillon de Noël - ce que ma mère avait pris l'habitude
d'appeler le «réveillon du réveillon» -, Shane et moi prenons la route de Youngstown. Je suis soulagée
qu'il n'ait pas envie d'écouter de chants de Noël et qu'il se contente de zapper entre huit ou neuf radios
rock.
A mi-chemin de Pittsburgh retentissent les premières notes de piano entêtantes de Bring Me to Life
d'Evanescence.
— Oh, j'adore cette chanson! (Je monte le volume.) Comme toutes celles qui sont amoureuses d'un
vampire, je sais ! Désolée pour le cliché.
Même si je sais qu'il est incapable d'identifier ce morceau.
—Est-ce que c'est...
29 Titre d'une chanson du groupe The Yardbirds, que l'on pourrait traduire par « Un cœur plein d'âme».
(NdT) Il jette un coup d'œil à l'affichage de la radio, avant de reporter son attention sur la route. Il serre
le volant entre ses doigts et fronce les sourcils comme si son esprit était en ébullition.
Je reste silencieuse, espérant que sa mémoire portera jusqu'en 2003, l'année où ce titre est sorti. Mais
c'est peut-être aussi judicieux que d'espérer d'un dinosaure qu'il puisse se souvenir de l'époque où les
humains sont apparus.
Il opte soudain pour une station de blues. Ce raté me fait grimacer. Je me dis qu'il faudra que je
télécharge le morceau d'Evanescence.
Dix, peut-être vingt secondes s'écoulent avant que Shane se détende un peu.
— C'était la chanson préférée de Sara. Regina lui permettait de passer ce CD
toute la journée, chez nous. Sans doute parce que c'est une espèce de goth rock.
Puis, une nuit, Jim a « accidentellement » marché sur le disque.
— Tu considères vraiment que Regina est une meurtrière parce qu’elle a fait de Sara un vampire ?
— Ce n'est pas de l'âme de Regina que je me soucie. C'est Sara qui a demandé à mourir. (Il se mâchonne
les lèvres pendant quelques secondes.) Je sais que tu trouves que c'est idiot de croire aux âmes et aux
péchés.
—Je n'ai rien contre les âmes.
Il me jette un coup d’œil attristé.
—Et si je te disais que j'étais d'accord avec ce que les types de la Forteresse avaient inscrit sur leurs