la revue des juristes de sciences po - AJSP
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exemples d’arbitrages d’investissement contre<br />
certains Etats d’Europe <strong>de</strong> l’ouest. Ces <strong>de</strong>rniers<br />
doivent à présent faire face à <strong><strong>de</strong>s</strong> TBI<br />
pro-investisseurs dont ils ont <strong>po</strong>urtant euxmêmes<br />
négocié les termes ! C’est l’arroseur<br />
arrosé…<br />
AD : Dans cette con guration, assiste-t-on<br />
souvent à <strong><strong>de</strong>s</strong> renégociations <strong>de</strong> traités <strong>po</strong>ur<br />
quelques raisons que ce<strong>la</strong> soit ?<br />
FQ : En théorie, il est toujours <strong>po</strong>ssible <strong>de</strong><br />
modifi er un traité. L’avantage du TBI rési<strong>de</strong><br />
dans le fait qu’il est bi<strong>la</strong>téral, et partant plus<br />
ou moins facile à modifi er. Il « suffi t » que les<br />
<strong>de</strong>ux Etats soient d’accord sur <strong>la</strong> révision. Un<br />
traité multi<strong>la</strong>téral est toujours plus complexe<br />
et quasi-im<strong>po</strong>ssible à modifi er puisque l’on<br />
a besoin d’un accord unanime alors que les<br />
multiples parties ont rarement <strong><strong>de</strong>s</strong> intérêts<br />
convergents.<br />
BZ : L’immunité est-elle souvent invoquée ?<br />
Que peut faire l’Etat face à une <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />
d’arbitrage ?<br />
FQ : A travers le TBI, l’Etat renonce à<br />
invoquer toute immunité. Par contre, les<br />
Etats vont presque systématiquement tenter<br />
<strong>de</strong> mettre en cause <strong>la</strong> compétence du tribunal<br />
arbitral : on a donc en pratique une division<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure arbitrale en <strong>de</strong>ux étapes : (1)<br />
<strong>la</strong> compétence, et (2) le fond.<br />
Ces <strong>de</strong>ux étapes peuvent être traitées simultanément<br />
ou lors <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux étapes distinctes.<br />
Dans ce <strong>de</strong>rnier cas, il y a « bifurcation » <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
procédure. Ce<strong>la</strong> permet <strong>de</strong> réduire les coûts :<br />
si le tribunal arbitral juge qu’il n’est pas compétent<br />
<strong>po</strong>ur traiter du fond du litige, <strong>la</strong> procédure<br />
prend fi n.<br />
Revue <strong><strong>de</strong>s</strong> JuRistes <strong>de</strong> <strong>sciences</strong> Po - HiveR 2012 - n°5<br />
Enquêtes<br />
AD : A-t-on vu <strong><strong>de</strong>s</strong> Etats arguer du fait qu’un<br />
investisseur n’a rien ap<strong>po</strong>rté au pays et qu’il<br />
ne peut donc s’appuyer sur un TBI ?<br />
FQ : Exactement. Dans <strong>la</strong> phase compétence,<br />
l’Etat va regar<strong>de</strong>r les diff érentes c<strong>la</strong>uses<br />
du traité qui permettent à l’investisseur<br />
d’attaquer l’Etat. Parmi ces c<strong>la</strong>uses fi gurent<br />
certaines conditions : en particulier, il faut que<br />
l’investisseur soit bien un investisseur, d’après<br />
<strong>la</strong> défi nition du TBI ; <strong>de</strong> même, il faut qu’il y<br />
ait un investissement au sens du traité. Si ces<br />
défi nitions ne sont pas satisfaites, l’arbitrage<br />
échouera lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> phase compétence.<br />
AD : Il y a donc eu une jurispru<strong>de</strong>nce extensive<br />
sur <strong>la</strong> notion d’investissement ?<br />
FQ : En eff et : comme on l’a vu, les Etats<br />
vont tenter <strong>de</strong> façon quasi-systématique <strong>de</strong><br />
mettre en cause <strong>la</strong> qualité d’ « investisseur »<br />
ou l’ « investissement », ce qui a permis à <strong>de</strong><br />
nombreux tribunaux <strong>de</strong> se prononcer sur ces<br />
questions. Cependant, le fl ou est <strong>de</strong> mise,<br />
puisque les défi nitions <strong><strong>de</strong>s</strong> diff érents TBI ne<br />
sont pas toutes i<strong>de</strong>ntiques. Concernant <strong>la</strong><br />
notion d’investissement, en particulier, c’est<br />
un terme diffi cile à cerner. La Convention <strong>de</strong><br />
1965 ne lui a d’ailleurs donné aucune défi nition<br />
c<strong>la</strong>ire et précise.<br />
AD : Pour é<strong>la</strong>rgir sur l’arbitrage en général,<br />
est-ce qu’il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> tendances qui se dégagent<br />
dans ces di érentes catégories ? J’entends,<br />
avez-vous plutôt a aire à <strong>de</strong> l’arbitrage <strong>de</strong><br />
construction/commercial/d’investissement ?<br />
Institutionnel/Ad hoc ?<br />
FQ : Le bureau parisien <strong>de</strong> White & Case<br />
traite <strong>de</strong> tous types d’arbitrages : investissement,<br />
commercial, construction. Quant aux<br />
institutions arbitrales, <strong>de</strong> par notre présence<br />
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