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La Fille Élisa - Edmond de Goncourt - Éditions du Boucher

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EDMOND & JULES DE GONCOURT<br />

<strong>de</strong> laine noire avec une bor<strong>du</strong>re d’astrakan à l’entournure <strong>de</strong>s<br />

manches, et sa jupe <strong>de</strong> couleur balayait la poussière <strong>de</strong> grands<br />

effilés appliqués sur l’étoffe ainsi que <strong>de</strong>s volants. Un petit châle<br />

d’enfant, <strong>de</strong> laine blanche aux mailles tricotées, se croisait autour<br />

<strong>de</strong> son cou, attaché par une broche d’argent où l’on voyait une<br />

pensée en émail. Et elle tenait <strong>de</strong> sa main restée libre, par une<br />

habitu<strong>de</strong> particulière aux femmes <strong>de</strong> maison, un petit panier <strong>de</strong><br />

paille noire.<br />

Dans cette toilette, malgré les taches <strong>de</strong> rousseur, si pressées<br />

sur son blanc visage qu’elles le tachaient comme <strong>de</strong>s maculatures<br />

d’un fruit pierreux, <strong>Élisa</strong> semblait cependant jolie, d’une beauté<br />

où se mêlaient au ru<strong>de</strong> charme canaille <strong>de</strong> la barrière la mignonnesse<br />

<strong>de</strong> son nez et <strong>de</strong> sa bouche, le blond soyeusement ar<strong>de</strong>nt<br />

<strong>de</strong> ses cheveux, le bleu <strong>de</strong> ses yeux restés, comme aux jours <strong>de</strong><br />

son enfance, angéliquement clairs.<br />

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Le soir, quand <strong>Élisa</strong> rentrait, à la nuit tombée, elle se glissait<br />

dans la cuisine. Elle se sentait froid, et <strong>de</strong>mandait, — la journée<br />

avait été cependant très chau<strong>de</strong>, — qu’on lui allumât un cotret.<br />

Elle restait silencieuse, les mains ten<strong>du</strong>es vers la flambée qui les<br />

faisait transparentes. Marie Coup-<strong>de</strong>-Sabre, <strong>de</strong>scen<strong>du</strong>e, dans le<br />

moment, chercher une cafetière d’eau chau<strong>de</strong>, regardant par<br />

hasard les mains d’<strong>Élisa</strong>, remarquait que, sous les ongles, il y<br />

avait une petite ligne rouge comme aux ongles <strong>de</strong>s femmes qui ont<br />

fait <strong>de</strong>s confitures <strong>de</strong> groseille dans la journée (Déposition <strong>du</strong><br />

témoin).<br />

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