Les Inégalités de genre au Kenya - unesdoc - Unesco
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ment, à tort, que les femmes étaient traditionnellement exclues <strong>de</strong> la prise <strong>de</strong> décisions<br />
cruciales dans les commun<strong>au</strong>tés pastorales. Il convient donc <strong>de</strong> noter que la<br />
plupart <strong>de</strong> ces commun<strong>au</strong>tés sont égalitaristes par nature et sont composées d’individus<br />
indépendants qui appartiennent eux-mêmes à un sous-groupe ou à un sousclan.<br />
Le foyer y est en général l’organe décisionnel fondamental. C’est à ce nive<strong>au</strong><br />
du foyer/<strong>de</strong> la famille que la plupart <strong>de</strong>s femmes participent à la prise <strong>de</strong> décisions<br />
dans les commun<strong>au</strong>tés pastorales, hors du regard public. Le rôle du chef du foyer,<br />
dans l’Arbre <strong>de</strong>s anciens, est d’articuler les points <strong>de</strong> vue qui ont déjà été discutés<br />
<strong>au</strong> nive<strong>au</strong> familial. Cela explique en partie pourquoi les femmes et les jeunes <strong>de</strong>s<br />
sociétés pastorales paraissent invisibles dans les réunions concernant l’ensemble <strong>de</strong><br />
la commun<strong>au</strong>té. Dans certaines commun<strong>au</strong>tés pastorales, les femmes disposent <strong>de</strong><br />
leurs propres structures parallèles, dans lesquelles elles exercent une <strong>au</strong>torité sur les<br />
<strong>au</strong>tres femmes.<br />
Comme je l’ai expliqué ci-<strong>de</strong>ssus, les femmes <strong>de</strong>s commun<strong>au</strong>tés pastorales<br />
jouent un rôle déterminant dans la perpétuation <strong>de</strong>s confl its. Cependant, elles ont<br />
une fonction tout <strong>au</strong>ssi importante dans le règlement <strong>de</strong>s confl its et la consolidation<br />
<strong>de</strong> la paix. Elles sont considérées comme la personnifi cation <strong>de</strong> la vie, puisqu’elles<br />
la créent et la maintiennent. À cet égard, elles sont respectées. C’est pour<br />
cela qu’elles jouent un rôle crucial dans le rétablissement <strong>de</strong> la paix <strong>au</strong> sein <strong>de</strong>s<br />
commun<strong>au</strong>tés pastorales.<br />
Chez les Turkana, les mères ont toutes une infl uence considérable sur leurs fi ls.<br />
Ils croient qu’une malédiction prononcée par une mère contre son fi ls qui a désobéi<br />
est mortelle. C’est pourquoi les mères jouent un rôle important dans la bénédiction<br />
lors <strong>de</strong>s razzias. <strong>Les</strong> Turkana, comme toutes les <strong>au</strong>tres populations pastorales, ont<br />
une tradition orale très riche, par le biais <strong>de</strong> laquelle sont transmises l’histoire et<br />
la richesse linguistique. De même, la tradition orale permet <strong>de</strong> propager la paix.<br />
Tandis que les anciens incarnent les normes et les principes <strong>de</strong> justice admis dans la<br />
société, les femmes répan<strong>de</strong>nt la tradition et diffusent <strong>de</strong>s messages culturels pertinents<br />
grâce à la danse et <strong>au</strong> chant. Pendant les danses <strong>de</strong> « récompense » (Akinyak)<br />
(que l’AU/IBAR désigne à tort comme Alokita 12 , qui sont réservées <strong>au</strong>x hommes), les<br />
femmes, bien que leur objectif soit <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r les faveurs <strong>de</strong>s hommes, utilisent<br />
cette occasion pour passer <strong>de</strong>s messages pacifi ques, qu’elles communiquent par <strong>de</strong>s<br />
danses, <strong>de</strong>s chansons et <strong>de</strong>s scènes dramatiques élaborées.<br />
L’équivalent masaï <strong>de</strong> « paix » est Osotua, qui désigne également le cordon<br />
ombilical. Selon Sultan (2000), on ne coupe pas simplement l’Osotua avec un coute<strong>au</strong><br />
comme on le fait dans les hôpit<strong>au</strong>x <strong>au</strong>jourd’hui. Une prière doit être dite et <strong>de</strong>s<br />
brins d’herbe doivent être noués sur la tête. La sage-femme lève et baisse ensuite le<br />
coute<strong>au</strong> trois fois avant <strong>de</strong> couper le cordon. Ce rituel symbolise la première relation<br />
entre la mère et l’enfant, et il a un rapport direct avec l’infl uence que la mère<br />
peut avoir sur son fi ls quand il grandira. Pendant les confl its sanglants qui opposent<br />
| 154 | <strong>Les</strong> inégalités <strong>de</strong> <strong>genre</strong> <strong>au</strong> <strong>Kenya</strong>