Les Inégalités de genre au Kenya - unesdoc - Unesco

cette disparité « pousse les fi lles et les garçons à s’identifi er à certaines matières en
fonction de leur sexe, ce dès un stade précoce de leur vie ».
Suite aux élections de 2002, de nombreuses femmes ont été déçues de voir
le Gouvernement NARC 7 nommer la Professeur Wangari Maathai au poste de
Vice-Ministre de l’Environnement et des Ressources naturelles, et non en tant que
Ministre à part entière. Pourtant, cette militante écologiste est reconnue dans le
monde entier et fait la gloire du Kenya. Bien qu’elle soit un modèle à suivre, elle
ne s’est vue attribuer qu’un poste de Vice-Ministre. Quel message le Gouvernement
entend-il ainsi passer aux écolières ?
L’idée selon laquelle les fi lles africaines n’ont aucune aptitude scientifi que ou
technique est infi rmée par les activités d’artisanat traditionnelles. Pendant des siècles,
les femmes africaines ont acquis un savoir-faire technique et scientifi que en
pratiquant l’infusion et la distillation de l’alcool, le fi lage, la teinture et le tissage
d’étoffes et de tapis, la production et la cuisson d’objets en argile et la conservation
et la préparation d’une variété de produits alimentaires. L’étendue des domaines
artisanaux dans lesquels la femme africaine excelle est à l’image de l’ampleur de
ses connaissances et de ses compétences, dont la nature technique et scientifi que
est facilement démontrable. Hélas, ces formes de métiers artisanaux ont été dénigrées
par rapport à d’autres, telles que la sculpture, essentiellement pratiquée par les
hommes. Davantage d’attention a été accordée aux objets façonnés par les hommes
qu’à ceux fabriqués par les femmes. Il n’en reste pas moins que le sens de la précision
et du détail qu’exigent ces activités pourrait être transposé dans le monde
scientifi que et technologique moderne, au bénéfi ce des femmes mais aussi de l’économie
nationale.
Les sciences et la technologie ne sont pas les seuls domaines problématiques
pour les jeunes fi lles. Elles font face, d’une manière générale, à de nombreuses diffi
cultés en matière d’éducation. Certaines sont liées au mariage précoce, qui les
oblige à quitter l’école pour prendre mari, et d’autres aux rituels d’initiation, encore
pratiqués par certaines communautés, auxquels les jeunes fi lles doivent participer
et, de fait, abandonner les salles de classe. La grossesse est également une contrainte
qui pousse les jeunes fi lles à quitter l’école.
Au Kenya, le peuple kuria est l’exemple d’une communauté où les croyances
culturelles limitent l’éducation des fi lles. Les femmes kuria sont traitées avec indifférence
; on les voit, mais on ne les entend pas. Certains pères de famille kuria
estiment que l’éducation des fi lles est une perte d’argent, mais perçoivent celle
des garçons comme un investissement économique. Une fois excisées, les jeunes
7 La NARC est le parti de coalition qui dirige le Kenya depuis janvier 2003, suite à l’éviction de la
KANU en décembre 2002. Depuis que cet article a été rédigé, la Professeur Wangari Maathai
s’est vue décerner le Prix Nobel de la Paix en 2004.
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