Un panel de solutions - FOOD MAGAZINE

ouvrir le capital de son entreprise,
aller vers une meilleure gouvernance
et plus de formel, rendre des comptes
au fonds… Toutes les sociétés,
notamment familiales, ne sont pas
prêtes à franchir le pas, quitte à renoncer
à des opportunités de développement.
« Il n’y a pas beaucoup
d’entreprises au Maroc, et encore
moins d’entreprises structurées. Il
faut aussi que le projet soit vendeur.
Les cibles sont donc rares »,
résume M. Lamzibri.
Des fonds sectoriels
ou généralistes
Quelques fonds spécialisés dans
l’agroalimentaire ont vu le jour
ces dernières années. Citons par
exemple Afoulki, dont l’actionnaire
majoritaire est le fonds Nebetou, et
qui investit avec des tickets entre 1
et 6 MDH. Trois entreprises en ont
déjà bénéficié : ID-Nature, société
de produits diététiques à base de
produits du terroir, 123 Safran
(culture et transformation du safran)
et Greentech Industry (valorisation
du cactus). Le groupe OCP a lancé
en 2010 l’OCP Innovation Fund For
Agriculture dans le but de promouvoir
l’innovation et l’entreprenariat
dans les secteurs agricoles et agroindustriels.
Ce fonds, d’une enveloppe
initiale de 200 MDH, est un
fonds de capital risque et de capital
développement. La prise de participation
varie de 15 à 40 MDH pour
les grands projets, et de 2,5 à 10
MDH pour les projets en démarrage
ou en développement, selon Fatiha
Charradi, PDG du fonds. Troisième
fonds spécialisé, Agram Invest a été
créé fin 2005. Doté de 180 MDH, il
cible principalement les PME du secteur
et sa période d’investissement
s’étend jusqu’en 2014
Mais les fonds généralistes s’intéressent
également à l’agro-industrie.
Maroc Invest a ainsi investi dans plusieurs
projets, notamment dans Maghrébine
Aviculture (devenue Mavi)
lorsqu’elle était encore une startup,
ou plus récemment dans deux
transmissions : Saïss Lait (Maroc
Invest y est actionnaire majoritaire)
et Sicopa (pour la totalité du capital).
« Ce sont des cas de ‘’buy and
build’’ : on achète et on développe,
sur une échelle de temps plus longue
– environ 7 ans – avec une véritable
casquette d’entrepreneur. Ce sont
des deals de taille significative, qui
seront amenés à se répandre de plus
en plus », indique M. El Jaï.
Un développement
à encourager
Le secteur agroalimentaire suscite
donc beaucoup d’intérêt, car « il
n’est pas cyclique et souffre moins
des effets de la conjoncture. De plus,
c’est un secteur bien intégré, de la
matière première aux débouchés »,
rappelle M. Lamzibri. « C’est un secteur
stratégique pour la plupart des
gestionnaires de fonds car il crée
des emplois, ramène des devises et
Témoignage : 2 questions à Hicham Mellah,
PDG de Mellah Avenir Développement
Mellah Avenir Développement est une société de distribution de produits
de grande consommation (Bimo, Kraft, Savola, Unilever…). Accompagnée
par United Finance Company, elle vient d’ouvrir son capital au fonds tunisien
Finacorp, qui a réalisé un apport de 22 millions Dhs pour financer ses
projets de développement : renforcement du parc de véhicules, construction
du nouveau siège et de dépôts régionaux, lancement d’une marque
distributeur…
• Pour quelles raisons avez-vous choisi le capital investissement ?
Dans la vie d’une entreprise, arrive un moment où l’endettement supplémentaire
n’est plus possible. L’entrée de Finacorp nous per- met
de donner un coup d’accélérateur à notre développement,
tout en gardant la majorité et le contrôle de la stratégie de
l’entreprise. De plus, cet apport en argent frais se fait sans
charges financières, contrairement à l’endettement.
• Quelle suite allez-vous donner à ce projet ?
D’ici 2 ou 3 ans, nous envisageons d’introduire la société
en bourse pour accompagner la croissance de la société.
Focus
Financement
est relativement rentable », renchérit
M. El Jaï. Cependant, les sociétés de
gestion reçoivent beaucoup de dossiers
d’entreprises en difficulté alors
qu’elles ne recherchent pas ce type
d’investissement. En outre, peu de
fonds s’intéressent au capital risque.
« Mais avec la vulgarisation du capital
investissement, on commence à
voir des projets vraiment sérieux. Le
marché est aujourd’hui un peu plus
mûr pour des investissements ‘‘early
stage’’ », affirme Anas Guennoun.
L’implication de l’Etat devrait également
donner un coup de pouce bienvenu
avec la mise en œuvre, dans
le cadre du Pacte Emergence, de
2 fonds publics-privés destinés aux
petites entreprises. « Orientés principalement
vers le capital développement
et le capital transmission, ces
fonds ont pour objet le financement
en fonds propres et quasi-fonds propres
des PME ayant un fort potentiel
de développement et dont le chiffre
d’affaires ne dépasse pas 100 MDH.
L’intervention de l’Etat dans ces
deux véhicules se fera à travers la
CCG par le biais du fonds « Emergence
Invest » d’une enveloppe de
350 MDH », indique-t-on à la Caisse
Centrale de Garantie. La gestion des
fonds est confiée à deux sociétés,
Attijari Invest & Atlamed et Private
Equity Initiatives, filiale de Maroc
Invest. Au total, plus de 800 millions
DH sont mobilisés, le closing devant
intervenir au 1 er trimestre 2012.
Enfin, pour accélérer l’engouement
des investisseurs et collecter
plus de fonds, l’AMIC est en cours
de négociation avec les pouvoirs
publics pour aménager la réglementation
encadrant les Organismes de
Placement en Capital Risque, qui ont
pour l’instant l’obligation d’investir au
moins 50% de leurs actifs dans des
PME (CA < 75 MDH) s’ils veulent bénéficier
de la transparence fiscale.
Crédit photo Christian Ferrari
FOOD MAGAZINE N° 41 15 Fév. - 15 Mars 2012 35