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Comment - Revue des sciences sociales

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ésumés<br />

pensait Hobbes, la condition humaine<br />

originelle et naturelle est un état permanent<br />

de « guerre de tous contre tous » ?<br />

La pérennité de l’archaïsme veut peutêtre<br />

simplement dire que les conditions<br />

<strong>sociales</strong> et culturelles qui signeront la fin<br />

de la guerre ne sont pas encore remplies.<br />

L’objectif de cet article n’est pas de trancher<br />

dans cette question, qui doit peutêtre<br />

rester ouverte pour que la réflexion<br />

polémologique puisse avancer, mais de<br />

tenter de dégager quelques changements<br />

intervenus tout au long du XX e siècle<br />

et de se demander, in fine, si ceux-ci<br />

<strong>des</strong>sinent une certaine modernité, qui<br />

changerait en profondeur la nature <strong>des</strong><br />

conflits armés, ou si, et ce sera plutôt la<br />

tendance de cet article, ces derniers ne<br />

renvoient pas, au delà <strong>des</strong> apparences, à<br />

un « archaïsme permanent ».<br />

CHRISTIAN DE MONTLIBERT<br />

Une histoire qui fait l’Histoire :<br />

la mort de Maurice Halbwachs à<br />

Buchenwald<br />

Pour comprendre la fin tragique de<br />

Maurice Halbwachs, il y a 60 ans à la mimars<br />

1945, au camp de Buchenwald, il est<br />

indispensable de confronter les intérêts<br />

et les manières de travailler de ce savant<br />

aux représentations, croyances, idées sur<br />

le monde de ceux qui le condamnèrent.<br />

Tout montre que Maurice Halbwachs a<br />

été assassiné parce qu’il adhérait à la philosophie<br />

rationaliste de la connaissance<br />

héritée du cartésianisme et <strong>des</strong> Lumières,<br />

parce qu’il avait été dreyfusard et avait<br />

toujours refusé l’antisémitisme, parce<br />

qu’il avait mis ses connaissances au service<br />

d’un droit protégeant les solidarités<br />

collectives contre les menaces <strong>des</strong> forces<br />

économiques capitalistes, parce que ses<br />

travaux sociologiques et démographiques<br />

déconstruisaient le mythe d’une « race »<br />

imaginaire pure et supérieure, parce qu’il<br />

savait tout ce que les hiérarchies <strong>sociales</strong><br />

ont d’arbitraire, parce qu’il considérait<br />

que la sociologie en Allemagne, empêtrée<br />

qu’elle était dans un vague romantisme<br />

et une condamnation <strong>des</strong> formes <strong>sociales</strong><br />

contemporaines, faisait fausse route,<br />

parce que, tout simplement, il pratiquait<br />

une sociologie ayant une ambition de<br />

tolérance et d’émancipation qui dérangeait<br />

et suscitait la haine de la part de tous<br />

les propagandistes de l’Ordre.<br />

MARIE-NOËLE DENIS<br />

Les monuments aux morts de la<br />

guerre de 1870 en Alsace<br />

Le désastreux conflit franco-allemand<br />

de 1870 marque la première manifestation<br />

d’une commémoration en faveur <strong>des</strong><br />

soldats morts pour la patrie. Le projet du<br />

gouvernement français de doter chaque<br />

chef-lieu de canton d’un monument à la<br />

mémoire <strong>des</strong> héros de la guerre ne fut pas<br />

suivi d ’effet. Néanmoins de nombreux<br />

projets virent le jour dans les villes à<br />

l’initiative du Souvenir Français. L’Alsace<br />

constitue un cas à part puisqu’elle se trouvait<br />

alors annexée à l’Empire allemand.<br />

Néanmoins de nombreux monuments,<br />

français et allemands, furent édifiés sur<br />

les lieux même du conflit. L’architecture<br />

de l’ensemble s’inspire <strong>des</strong> formes<br />

les plus traditionnelles <strong>des</strong> monuments<br />

funéraires : obélisques, colonnes, stèles,<br />

pyrami<strong>des</strong> et menhirs. Leur décor se veut<br />

avant tout patriotique et militaire Nombre<br />

de ces témoignages furent détruits, les<br />

monuments allemands en 1918-1919, et<br />

les monuments français pendant l’occupation<br />

nazie. À peu près tous restaurés ou<br />

reconstruits, ils ont généré un tourisme<br />

du souvenir. Avant la grande entreprise<br />

<strong>des</strong> monuments aux morts de la guerre<br />

de 1914-1918 ils constituent un premier<br />

pas vers la commémoration du souvenir<br />

<strong>des</strong> soldats morts pour la patrie.<br />

TONY FORTIN<br />

Cyberwar : figures et paradoxes<br />

de la rhétorique <strong>des</strong> jeux vidéo de<br />

guerre<br />

Les jeux vidéo sont nés en pleine<br />

guerre froide au sein du complexe militaro-industriel<br />

américain. Celui-ci dont<br />

la taille n’a cessé de s’accroitre y compris<br />

en période de paix les a structuré<br />

durablement par ses co<strong>des</strong> et ses conventions<br />

esthétiques forgeant au fil <strong>des</strong><br />

années les jeux de guerre ultra-réalistes<br />

d’aujourd’hui. Il n’en serait bien sûr pas<br />

ainsi si les intérêts marchands <strong>des</strong> industriels<br />

<strong>des</strong> loisirs et ceux de l’armée ne<br />

se révélaient convergents à l’heure du<br />

truchement entre guerres technologiques<br />

et divertissements de masse interactifs.<br />

Pourtant, si cette « nouvelle configuration<br />

du pouvoir virtuel » formulée par James<br />

Der Derian parait plus puissante que<br />

jamais, elle n’est pas dépourvue de paradoxes<br />

qui s’expriment à travers les choix<br />

esthétiques, les mécaniques ludiques et<br />

les idéologies filtrant de ses produits. À<br />

la représentation de la guerre propre attenant<br />

aux productions du complexe militaro-industriel<br />

américain, répond la mise<br />

en scène de la guerre totale davantage en<br />

accord avec les conventions proprement<br />

ludiques. Plus globalement, face à la<br />

perte de sens caractéristique de la période<br />

post-guerre froide, les jeux vidéo mettent<br />

en scène un ennemi artificiel, diffus et<br />

insaisissable symbolisé par la figure de<br />

l’autre et recyclent les idéologies contemporaines<br />

pour trouver la justification<br />

de son anéantissement.<br />

ULRICH HÄGELE<br />

War Is Over !<br />

Pour une iconographie <strong>des</strong> fins de<br />

guerre<br />

En comparaison d’autres formes de<br />

mise en image, la photographie possède<br />

une symbolique narrative qui fournit au<br />

récepteur <strong>des</strong> messages dont il accepte la<br />

signification, de son point de vue univoque.<br />

Des personnes, architectures, objets<br />

et paysages que l’on tient pour réels confortent<br />

la valeur symbolique <strong>des</strong> images.<br />

Cette valeur repose cependant surtout sur<br />

la référence à une tradition iconographique<br />

héritée de l’antiquité et de l’art chrétien,<br />

qui organise notre perception <strong>des</strong><br />

images. Toutes les variantes de la photographie,<br />

qu’elle soit d’art, de reportage,<br />

documentaire ou amateur, reprennent les<br />

motifs d’une mémoire visuelle collective<br />

qu’on retrouve dans l’histoire de l’art :<br />

les thèmes anciens de l’art sont réceptionnés<br />

par la photographie, interprétés<br />

et actualisés dans de nouveaux modèles<br />

visuels. L’article présente l’exemple <strong>des</strong><br />

photographies de guerre qui traitent du<br />

thème de la fin de la guerre et qui ont<br />

produit <strong>des</strong> icônes qui exercent dans la<br />

mémoire collective <strong>des</strong> effets de longue<br />

durée. Il examine leurs caractéristiques et<br />

les modalités de leurs effets, en montrant<br />

que ces icônes empruntent à <strong>des</strong> motifs<br />

préexistants qu’on retrouve dans la peinture<br />

antique et chrétienne.<br />

PASCAL HINTERMEYER<br />

Entre guerre et paix : le terrorisme<br />

Le développement actuel d’activités<br />

terroristes conduit souvent à les présen-<br />

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