Comment - Revue des sciences sociales

More documents

Recommendations

Info

Philippe Breton Y a-t-il vraiment de nouvelles guerres ? de nécessité » cela va de pair avec une organisation sociale qui « englobe le minimum d’hommes absolument indispensables pour occuper le centre nerveux de l’État ». 6. Jacques Ellul, Histoire de la propagande, Que sais-je ?, PUF, 1967, p. 110 et 111. 7. Op. cit., p. 111. 8. Fleury-Vilatte Béatrice, Les médias et la guerre du Golfe, Presses universitaires de Nancy, Nancy, 1992. 9. Le Monde, 3 octobre 2001. 10. Il serait judicieux de parler de mythe « hors propos », ou « hors contexte » car on ne vise pas ici le mythe comme cœur symbolique des sociétés primitives, mais le retour du mythe dans des sociétés qui ont connu depuis bien autre chose, qui ne peut pas s’effacer. 11. Sur la contradiction, et ses effets, entre l’adhésion aux valeurs démocratiques et les pratiques sociales effectives, voir mon ouvrage à paraître, La dissonance démocratique, La Découverte, en octobre 2006. 12. Ce principe constituant l’essence mythique du nazisme, comme Hitler le martèle jusqu’à l’obsession dans Mein Kampf : « il lui incombe (à la philosophie populaire) d’aider à la victoire du supérieur et du plus fort et d’exiger la subordination de l’inférieur et du plus faible, conformément à la vérité éternelle qui régit l’univers. De la sorte, elle sert le principe aristocratique qui est à la base de la Nature et elle adhère à la validité de cette loi, qui s’applique du haut jusqu’en bas de l’échelle des êtres. Elle constate non seulement les différentes valeurs des races mais aussi celle des individus… ainsi la philosophie populaire de la vie correspond au vœu le plus profond de la Nature, puisqu’elle restaure le libre jeu des forces qui doivent amener à une élévation mutuelle et continue jusqu’à ce que enfin l’élite de l’humanité, s’étant assuré la possession de la terre entière, ait toute l’indépendance voulue pour agir dans des domaines qui seront en partie au dessus et en partie en dehors d’elle ». Cité par William L. Shirer, Le troisième Reich, des origines à la chute, tome 1, Stock, Paris, 1960, p. 118 et 119. 13. Il peut paraître paradoxal, j’en ai conscience, d’insister sur la « résistance démocratique » du peuple allemand, là où la plupart des analyses d’historiens insistent précisément, et de façon incontestable, sur le rôle qu’a joué l’absence de traditions démocratiques de ce pays dans l’avènement du nazisme et sur la faiblesse des actes de résistance concrets des Allemands après 1933. Mais l’analyse ne se situe pas ici au même niveau. Il s’agit pour moi de souligner que la nécessité du recours à la propagande pour un tel régime, comme violence exercée sur les consciences, tient exactement à ce que ses idées ne passent pas toutes seules, sinon bien sûr pour un cercle de convaincus, et qu’elles se heurtent à un obstacle culturel profond, commun à l’ensemble de l’Occident, même si les Allemands ne sont pas les premiers à l’entretenir, que les nazis auront malgré tout beaucoup de peine à réduire et qu’il n’arriveront jamais à éradiquer. 14. Voir, au sujet de cette notion essentielle, l’ouvrage de Vernant Jean-Pierre, Les origines de la pensée grecque, PUF, 1962 et les développements que j’y consacre dans L’éloge de la parole, La Découverte, Paris, 2002. 15. La force de ces deux principes dans la tradition alsacienne, où ils étaient plus présents que dans la tradition germanique d’Allemagne, du fait du poids de la France depuis le XVIIe siècle, explique sans doute l’échec des nazis, pendant l’occupation, dans ce « laboratoire alsacien » qui a pour une grande part résisté à la nazification. 16. Le Nouvel Observateur, hors-série sur les utopies, juillet-aout 2005. 17. « On pourrait peut-être définir l’hitlérisme comme l’exploitation lucide – mais pas nécessairement cynique, car elle-même convaincue – de la disponibilité des masses au mythe. La manipulation des masses n’est pas seulement une technique : elle est aussi une fin, si, en dernière instance, c’est le mythe lui-même qui manipule les masses, et se réalise en elles » Lacoue- Labarthe Philippe et Nancy Jean-Luc, Le mythe nazi, Éditions de l’Aube, 1991, p. 70. 18. George Menahem, La science et le militaire, Seuil, Paris, 1976. 19. Keeley, op. cit., p. 148. 20. Un prolongement de ce débat sur le rôle de la science a été tenu à propos du génocide commis contre les juifs par les nazis, qui aurait tenu son « efficacité » du caractère scientifique des méthodes utilisées. Le fait qu’Heidegger soit un des premiers défenseur de cette idée selon laquelle c’est la rationalité technoscientifique plutôt que le délire politique qui serait à la fois l’outil et le responsable du génocide, devrait jeter une ombre décisive sur cette idée, dont on voit bien à quoi elle sert. Plus concrètement, l’exemple tragique des massacres commis par les Khmers rouges, comme celui du génocide contre les Tutsis au Rwanda, montre qu’il n’est nul besoin de la science dans ce domaine. 21. Ce mot a été employé pour la première fois par les soviétiques dès le début des années 1920 pour désigner les opérations d’intoxication menées par les pays capitalistes contre eux. Une définition systématique du mot apparaît pour la première fois en URSS dans la « Grande encyclopédie soviétique » (t. 8, p. 29, édition de 1972). La « dézinformatzia » est « la diffusion de l’information déformée ou faussée de manière préméditée. Dans les pays bourgeois on utilise très largement la désinformation comme un moyen de propagande politique ayant pour but de se faire méprendre l’opinion publique (sur les réalités du socialisme) ». Venant d’orfèvres en la matière, la définition est en effet assez précise. Le mot est entré en 1980 dans le dictionnaire de l’Académie française. 22. Musée du Louvre, pièce AO 7093. 23. Catalogue de la réunion des musées nationaux, 1998. 24. Sun Tsé, L’art de la guerre, L’impensé radical, 1978, p. 156. 25. Benjamin Stora in Reporters sans frontière, Le drame algérien, un peuple en otage, La Découverte, Paris, 1996. 26. En 1943, les autorités espagnoles de Huelva trouvèrent le cadavre d’un officier anglais, le capitaine Martin, échoué sur la plage, suite, apparemment, à un naufrage. Elles trouvèrent sur lui des instructions précises indiquant que les troupes alliées, qui avaient pris pied en Afrique du Nord, allaient débarquer sur les rivages de l’Europe, précisément en Sardaigne et sur les côtes de Grèce. Cette indication précieuse fut transmise discrètement aux services allemands (car l’Espagne avait le statut de pays neutre) mais le cadavre et les documents furent restitués en l’état aux Anglais. Cette information tira une épine du pied de l’État-major allemand, qui souhaitait pouvoir concentrer ses troupes pour empêcher un tel débarquement et non pas les disperser, comme c’était le cas, sur toutes les côtes possibles. Le document indiquait également que des fausses indications seraient envoyés aux allemands, pour leur faire croire que le débarquement aurait lieu en Sicile, lieu approprié puisque techniquement le plus facile d’un point de vue militaire. On connaît la suite, les alliés débarquèrent en fait en Sicile, comme il l’avait toujours prévu, et les Allemands furent pris de court, confiants dans ce document trouvé « par hasard » sur une plage espagnole. Cette opération, dont le nom de code était assez macabre (« Mincemeat » signifie « viande hachée ») avait été, on s’en doute, soigneusement préparée (cité par Watzlawick Paul dans La réalité de la réalité, Confusion, désinformation, communication, Seuil, Paris, 1978). 27
SÉBASTIEN SCHEHR Laboratoire “Cultures et sociétés en Europe” (UMR du CNRS n° 7043) & Université de Nancy 2 < sebastien.schehr@univ-nancy2.fr> Transformations de la guerre, métamorphoses des combattants Penser la guerre aujourd’hui Dans un article consacré aux conflits d’après guerre froide, A. Gluckskmann affirmait qu’un des dénominateurs communs aux nouvelles formes de violences serait l’incompréhension que celles-ci suscitent aussi bien chez le profane que chez le spécialiste (civil ou militaire). Cette incompréhension précisait-il, n’aurait pas une source unique : elle trouverait son origine dans la spécificité des événements auxquels nous sommes désormais confrontés et dans la caducité des repères que nous mobilisons pour les appréhender. Nous serions en quelque sorte « démunis » devant les formes actuelles de guerres et de conflits, et donc incapables d’y répondre politiquement. Il y aurait ainsi urgence à construire de nouvelles catégories, de nouveaux modes de pensée afin de faire face à la singularité des phénomènes conflictuels contemporains. Ce constat n’est en lui-même ni original ni isolé. De Van Creveld à Liang et Xiangsui, de nombreux auteurs se demandent si « la guerre est toujours la guerre ? » et si notre héritage principal en la matière, c’est-à-dire les catégories proposées au début du XIX e siècle par Clausewitz dans De la guerre, sont encore suffisamment pertinentes pour comprendre guerres et conflits de notre temps. Cet article s’inscrira en grande partie dans cette perspective. Il s’agira en effet de mettre en évidence les transformations majeures qui affectent les affrontements contemporains, en insistant aussi sur les acteurs et les figures qui en sont les protagonistes. Ce qui supposera non seulement de faire un « état des lieux » des conflits post-modernes – et donc de pointer les changements affectant la forme guerre – mais aussi de revisiter les catégories de pensée utilisées habituellement par la polémologie. Nous commencerons d’ailleurs par explorer cet héritage. De Clausewitz à Freund : la guerre et l’État L’incompréhension que susciteraient les conflits contemporains fait, d’une certaine manière, écho à la démarche et aux interrogations de Clausewitz. En effet, quelle est l’ambition de Clausewitz dans De la guerre, si ce n’est de rendre compte ■ 28
Page 2 and 3: N°35 2006 Daniel DEPOUTOT http://w
Page 4 and 5: VIRTUALISATION DOSSIER : MAURICE HA
Page 7 and 8: PASCAL HINTERMEYER & PATRICK SCHMOL
Page 9 and 10: Et ce que montrent la plupart des a
Page 11 and 12: écurrent, il introduit une rupture
Page 13: Repenser la guerre Daniel Depoutot,
Page 16 and 17: Myriam Klinger Dix années d'Etudes
Page 24 and 25: Philippe Breton Y a-t-il vraiment d
Page 26 and 27: Philippe Breton Y a-t-il vraiment d
Page 30 and 31: Sébastien Schehr Transformations d
Page 38 and 39: Jean-Marie Muller Concevoir des alt
Page 47 and 48: PASCAL HINTERMEYER Laboratoire “C
Page 49 and 50: ensemble. Elle ramène les sociét
Page 51 and 52: soudain sans sommation sur le front
Page 53 and 54: tôt, avait précipité l’Amériq
Page 55 and 56: DIDIER RAOULT Université de la Mé
Page 57 and 58: (gastroentérites, parasitoses inte
Page 59 and 60: mise en place rapidement. Il s’ag
Page 61: Médiatisation Daniel Depoutot, Car
Page 64 and 65: Ulrich Hägele War is over ! le 60
Page 66 and 67: Ulrich Hägele War is over ! Ill. 4
Page 68 and 69: Ulrich Hägele War is over ! Elle o
Page 74 and 75: Ulrich Hägele War is over ! ligne
Page 76 and 77: Ulrich Hägele War is over ! Notes
Page 78 and 79:
Michael Schnegg & Julia Pauli Les c
Page 80 and 81:
Page 82 and 83:
Page 84 and 85:
Page 86 and 87:
Birgit Bräuchler La mondialisation
Page 88 and 89:
Page 90 and 91:
Page 92 and 93:
Page 95 and 96:
PATRICK SCHMOLL Laboratoire “Cult
Page 97 and 98:
Nouvelles armes Les énormes progr
Page 99 and 100:
qu’elle intègre dans ses moyens
Page 101 and 102:
pertinent de la veille stratégique
Page 103 and 104:
sibles, vers une individualisation
Page 105 and 106:
TONY FORTIN Rédacteur en chef de P
Page 107 and 108:
l’objectif en jeu, le plan de la
Page 109 and 110:
dans un combat total. Dans Civiliza
Page 111 and 112:
La reconquête du sens ■ En mai 1
Page 113:
Dossier : Maurice Halbwachs, soixan
Page 116 and 117:
Christian de Montlibert Une histoir
Page 118 and 119:
Page 120 and 121:
Page 122 and 123:
Page 124 and 125:
Pierre Ayçoberry Les organes allem
Page 126 and 127:
Pierre Ayçoberry Les organes allem
Page 128 and 129:
Freddy Raphaël "Encore Auschwitz !
Page 130 and 131:
Freddy Raphaël "Encore Auschwitz !
Page 133 and 134:
MICHEL NACHEZ & PATRICK SCHMOLL Lab
Page 135 and 136:
il n’a plus rien des constituants
Page 137 and 138:
ÉRIC SCHMOLL Ethnologue Du Rwanda
Page 139 and 140:
vieilles lignes de front de nos gue
Page 141:
Chantiers de recherche Daniel Depou
Page 144 and 145:
Marie-Noële Denis Les monuments au
Page 146 and 147:
Page 148 and 149:
Page 150 and 151:
Page 152 and 153:
Claudia Portioli La tombe de Simmel
Page 154 and 155:
Claudia Portioli La tombe de Simmel
Page 156 and 157:
Anne-Sophie Lamine Les foulards et
Page 158 and 159:
Page 160 and 161:
Page 162 and 163:
Page 164 and 165:
Page 166 and 167:
Page 168 and 169:
ésumés pensait Hobbes, la conditi
Page 170 and 171:
ésumés mes juives, rares survivan
Page 172 and 173:
Abstracts inherited from Cartesiani
Page 174 and 175:
Abstracts supposes not only making
Page 176 and 177:
Zusammenfassungen Betrachtung hinau
Page 178:
Zusammenfassungen unsere Gesellscha
Page 181 and 182:
La revue francophone d’anthropolo
Page 183 and 184:
HONGRIE- MAGYARORSZAG Aux sources d
Page 185 and 186:
Directeur Alexandre : Dorna Rédact
Page 187:
Université Marc Bloch - Strasbourg
show all

Comment - Revue des sciences sociales

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

Delete template?

Save as template?