Thèse Ndo - Montpellier SupAgro
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Introduction<br />
Cameroun sont les systèmes agroforestiers complexes et diversifiés à base de cacao ou de café<br />
(Kuate et al, 2006a ; Laird et al, 2007 ; Sonwa et al, 2007). L’essentiel de la production est<br />
fournie par de petits producteurs et les quantités produites sont mal connues. Dans une étude<br />
de marché des fruits et légumes au Cameroun, Temple (1999, 2001) les a estimées à près de<br />
22 792 tonnes tandis que la FAO les estimait à moins de 85 tonnes par an (FAOSTAT, 2011).<br />
Ces chiffres montrent que la production n’est pas connue avec précision, mais qu’elle est<br />
toutefois faible et loin de satisfaire la demande nationale d’agrumes. Cette demande peut être<br />
estimée à au moins 150 000 tonnes par an pour les 15 000 000 d’habitants que compte le pays,<br />
estimation faite sur la base de la consommation moyenne en oranges fraîches par habitant et<br />
par an des pays de la Communauté Européenne estimée à environ 10 Kg (Spreen, 2001). Les<br />
marges d’accroissement sont donc énormes. Les conditions écologiques favorables au<br />
développement des agrumes (Anonyme, 2006a ; Loussert, 1989) sont pourtant présentes dans<br />
plusieurs régions du Cameroun où de nombreux arbres sont observés dans les bassins de<br />
production dispersés sur l’ensemble du territoire.<br />
La faible production des agrumes au Cameroun peut être expliquée par l’absence de maîtrise<br />
des itinéraires techniques par les producteurs (du choix du matériel végétal à la récolte), la<br />
faible accessibilité aux intrants agricoles et surtout la présence des bioagresseurs (Dury,<br />
1999 ; Kuate et al, 2006a). Les agrumes doivent en effet faire face aux pressions parasitaires<br />
en constante évolution qui constituent une des principales contraintes de production en<br />
Afrique tropicale (Mariau, 1999). Les agrumes sont attaqués par des insectes qui se<br />
nourrissent aux dépens de la plante, entraînant des déformations au niveau des feuilles et des<br />
fruits. Ces insectes peuvent également être des vecteurs de maladies bactériennes (greening)<br />
ou virales (tristeza). Les principaux insectes ravageurs des agrumes sont les mouches des<br />
fruits (Diptera et Tephritidae), les pucerons (Aphis gossypii et Toxoptera citricida), les<br />
cochenilles (Aonidiella spp., Unapsis spp.) et les psylles (Diaphorina citri, Tryoza erytreae)<br />
(Aubert,1992 ; Mariau, 1999 ; Tamesse et al, 2002). Le scab (Elsinoe spp.) et la gommose<br />
(Phytophthora spp.) sont des affections dues aux champignons sur agrumes et dont les dégâts<br />
peuvent être considérés comme importants. Cependant, parmi toutes les maladies recensées<br />
sur agrumes en Afrique tropicale, la phaeoramulariose est la plus dévastatrice (Yesuf, 2002).<br />
Egalement appelée cercosporiose des agrumes (en anglais : Phaeoramulia leaf and fruit spot<br />
disease ou angular leaf spot of citrus), elle est causée par Pseudocercospora angolensis (T.<br />
Carvalho & O. Mendes) Crous & U. Braun 2003. C’est un champignon de la famille des<br />
mycosphaerellacées (Pretorius et al, 2003). Cette maladie a été signalée pour la première fois<br />
en Angola et au Mozambique en 1952 par De Carvalho et Mendes. L’agent pathogène<br />
responsable a tour à tour été nommé Cercospora angolensis en 1953 par De Carvalho et<br />
Mendes, Phaeoramularia angolensis en 1983 par Kirk, et Pseudocercospora angolensis<br />
depuis 2003 par Crous et Braun (Chalkley, 2011). Depuis 1952, la maladie a connu une<br />
expansion rapide dans 21 pays en Afrique au sud du Sahara et au Yemen, constituant une<br />
sérieuse menace pour les productions agrumicoles de ces pays. En 2006, sa présence a été<br />
confirmée en Sierra Léone (Harling et al, 2010), preuve de la progression de la maladie vers<br />
des zones où elle était absente il y a quelques années (Anonyme, 2006).<br />
Au Cameroun, la phaeoramulariose a été signalée depuis 1969 (Menyonga, 1971). Ses dégâts<br />
sur les variétés sensibles et dans les zones qui lui sont favorables peuvent entraîner 100% de<br />
perte des récoltes à travers la chute précoce des feuilles et fruits attaqués, la déformation et la<br />
malformation des fruits (Brun 1972 ; Kuate et al, 1994b et c). Son incidence varie de façon<br />
croissante avec une élévation en altitude (>200 m). Elle est également plus marquée sur des<br />
sites avec des conditions climatiques plus fraîches et plus humides (Kuate, 1998). La<br />
description des symptômes a fait l’objet de plusieurs travaux de recherche menés au<br />
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