le référé judiciaire : principes et questions de procédure
le référé judiciaire : principes et questions de procédure
le référé judiciaire : principes et questions de procédure
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
certain <strong>et</strong> évi<strong>de</strong>nt ou s’il est sérieusement contesté, mérite d’être protégé<br />
en attendant une décision <strong>judiciaire</strong> définitive” 100 . Mais ne pouvant pas<br />
dans ce cas se fon<strong>de</strong>r sur un droit évi<strong>de</strong>nt, il ne pouvait être question,<br />
dans c<strong>et</strong>te hypothèse d’accor<strong>de</strong>r, comme l’écrivait Braas “une mesure<br />
qui implique nécessairement <strong>le</strong> bien-fondé <strong>de</strong> [la] prétention [du<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur]”. Par contre, on a estimé que s’il ne s’agissait que <strong>de</strong><br />
prendre une mesure conservatoire, en vue d’aménager provisoirement la<br />
situation <strong>de</strong>s parties, sans, évi<strong>de</strong>mment, préjuger du fond <strong>de</strong> l’affaire, <strong>le</strong><br />
juge <strong>de</strong>s <strong>référé</strong>s, pour autant qu’il puisse s’appuyer sur <strong>de</strong>s apparences<br />
<strong>de</strong> droit suffisantes, pouvait “examiner <strong>le</strong>s apparences [<strong>et</strong>] donner une<br />
appréciation provisoire <strong>et</strong> superficiel<strong>le</strong> <strong>de</strong>s droits en conflits” 101 .<br />
33. Le tab<strong>le</strong>au est ainsi comp<strong>le</strong>t. Le juge <strong>de</strong>s <strong>référé</strong>s pourra toujours<br />
ordonner qu’il soit mis fin à une voie <strong>de</strong> fait, <strong>le</strong> cas échéant en<br />
prononçant une injonction <strong>de</strong> faire ou <strong>de</strong> ne pas faire à l’auteur <strong>de</strong> c<strong>et</strong><br />
acte manifestement illégal. Les mêmes mesures pourront éga<strong>le</strong>ment être<br />
ordonnées, en préjugeant sur la décision au fond, si <strong>le</strong>s droits dont se<br />
prévaut <strong>le</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur sont évi<strong>de</strong>nts <strong>et</strong> non sérieusement contestés.<br />
Enfin, face aux apparences, sans donc abor<strong>de</strong>r <strong>le</strong> fond du droit, <strong>le</strong> juge<br />
<strong>de</strong>s <strong>référé</strong>s qui ne <strong>de</strong>vra procé<strong>de</strong>r qu’à un examen prima facie du<br />
problème qui lui est soumis, pourra ordonner toutes <strong>le</strong>s mesures<br />
conservatoires qui ne préjugent pas <strong>de</strong> l’issue du litige, afin <strong>de</strong> rég<strong>le</strong>r<br />
provisoirement la situation <strong>de</strong>s parties.<br />
C’est donc <strong>le</strong> principe <strong>de</strong> l’interdiction faite au juge <strong>de</strong>s <strong>référé</strong>s<br />
d’abor<strong>de</strong>r <strong>le</strong> fond du litige qui est à l’origine <strong>de</strong> la distinction classique<br />
fermement établie <strong>et</strong> qui persiste <strong>de</strong> nos jours entre droits<br />
apparents/mesures conservatoires <strong>et</strong> droits évi<strong>de</strong>nts/mesures<br />
d’anticipation 102 .<br />
34. Ce qui est très surprenant, c’est que c<strong>et</strong>te distinction se perpétue<br />
alors même que l’axiome <strong>de</strong> départ, selon <strong>le</strong>quel la notion du provisoire<br />
interdirait au juge <strong>de</strong>s <strong>référé</strong>s d’analyser <strong>le</strong> fond du droit, est<br />
unanimement tenu pour obsolète, <strong>de</strong>puis que la Cour <strong>de</strong> cassation, en<br />
1982 103 , revenant incontestab<strong>le</strong>ment sur sa jurispru<strong>de</strong>nce antérieure, a<br />
affirmé “que la défense, faite par l’artic<strong>le</strong> 1039 du Co<strong>de</strong> <strong>judiciaire</strong> aux<br />
(100) P. MARCHAL, op. cit., n° 26, p. 57.<br />
(101) J. VELU, conclusions avant Cass., 21 mars 1985, Pas., 1985, I, 915.<br />
(102) P. MARCHAL, op. cit., n° 26-1, p. 57 <strong>et</strong> 58.<br />
(103) Cass., 9 septembre 1982, Pas., 1983, I, 48 <strong>et</strong> s., ici p. 50.<br />
28