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le référé judiciaire : principes et questions de procédure

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contredit par <strong>le</strong>s juridictions <strong>de</strong> fond 180 . Ainsi, <strong>le</strong> droit cesserait d’être<br />

évi<strong>de</strong>nt dès lors “qu’il existe une incertitu<strong>de</strong>, si faib<strong>le</strong> soit-el<strong>le</strong> sur <strong>le</strong><br />

sens dans <strong>le</strong>quel trancherait <strong>le</strong> juge du fond, s’il venait à être saisi” 181 .<br />

Pour J. van Compernol<strong>le</strong>, il ne peut exister “aucun doute raisonnab<strong>le</strong><br />

sur <strong>le</strong> droit allégué” parce que “on ne peut contraindre un débiteur à<br />

débourser une somme parfois é<strong>le</strong>vée sans être certain <strong>de</strong> l’existence <strong>de</strong><br />

sa d<strong>et</strong>te, sous peine <strong>de</strong> l’exposer à une plus gran<strong>de</strong> injustice en cas <strong>de</strong><br />

débouté au fond <strong>et</strong> d’insolvabilité ultérieure du <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur en<br />

<strong>référé</strong>” 182 .<br />

Selon X. Dieux, “il ne paraît pas excessif d’affirmer qu’il eut été<br />

sans intérêt <strong>de</strong> prévoir que <strong>le</strong> juge du fond n’est pas lié par <strong>le</strong>s<br />

appréciations du juge <strong>de</strong>s <strong>référé</strong>s, s’il était interdit à ce <strong>de</strong>rnier <strong>de</strong> se<br />

pencher sur <strong>le</strong>s droits <strong>de</strong>s parties” 183 . Dans <strong>le</strong> même esprit, il convient<br />

<strong>de</strong> s’interroger sur l’intérêt qu’il y a à insister sur <strong>le</strong> fait que la décision<br />

du juge <strong>de</strong>s <strong>référé</strong>s n’a pas autorité <strong>de</strong> chose jugée <strong>et</strong> ne s’impose pas au<br />

juge du fond, qui pourra ultérieurement déci<strong>de</strong>r autrement si, par<br />

ail<strong>le</strong>urs, il ne peut ordonner une mesure d’anticipation que s’il n’y a<br />

aucun risque à ce que <strong>le</strong> juge du fond déci<strong>de</strong> autrement. Poursuivre dans<br />

c<strong>et</strong>te voie revient en réalité à dénier au juge <strong>de</strong>s <strong>référé</strong>s <strong>le</strong> droit<br />

d’analyser <strong>le</strong> fond du droit sauf lorsqu’il n’y a en réalité rien à analyser<br />

vu l’évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> la solution qui s’impose. Voilà une autonomie réduite à<br />

peu <strong>de</strong> chose.<br />

La doctrine qui s’oppose à c<strong>et</strong>te évolution du provisoire, n’est pas<br />

exempte <strong>de</strong> contradictions. Ainsi, selon E. Krings, <strong>de</strong>puis 1983, la Cour<br />

<strong>de</strong> cassation “n’adm<strong>et</strong> que la constatation <strong>de</strong> l’apparence d’un droit, ce<br />

qui nécessairement évite une éventuel<strong>le</strong> contrariété avec la décision<br />

ultérieure du juge du fond” 184 . Je ne vois toutefois pas en quoi <strong>le</strong> fait<br />

pour <strong>le</strong> juge <strong>de</strong>s <strong>référé</strong>s <strong>de</strong> ne se fon<strong>de</strong>r que sur <strong>de</strong>s apparences éviterait<br />

tout risque <strong>de</strong> contrariété avec la décision que pourrait prendre ensuite <strong>le</strong><br />

(180) G. <strong>de</strong> LEVAL, “l’examen du fond <strong>de</strong>s affaires…”, op. cit., n° 21.<br />

(181) J. NORMAND, “Jurispru<strong>de</strong>nce française en matière <strong>de</strong> droit <strong>judiciaire</strong> privé”,<br />

R.T.D.C., 1979, p. 654. Pour E. KRINGS, “il n’est pas souhaitab<strong>le</strong>, voire même tolérab<strong>le</strong>,<br />

qu’une contrariété existe dans une affaire entre <strong>le</strong>s décisions émanant au même <strong>de</strong>gré <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ux juges, l’un statuant sur <strong>référé</strong>, l’autre statuant au fond” (op. cit., n° 18, p. 215).<br />

(182) J. van COMPERNOLLE, “Actualité du <strong>référé</strong>”, op. cit., p. 162. Ce risque n’est<br />

toutefois nul<strong>le</strong>ment propre au <strong>référé</strong>-provision sans qu’il ne justifie pour autant une tel<strong>le</strong><br />

sévérité dans <strong>le</strong>s autres cas d’anticipation.<br />

(183) X. DIEUX, “La formation, l’exécution <strong>et</strong> la dissolution <strong>de</strong>s contrats <strong>de</strong>vant <strong>le</strong> juge<br />

<strong>de</strong>s <strong>référé</strong>s”, op. cit., p. 254.<br />

(184) E. KRINGS, op. cit., n° 19, p. 217.<br />

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