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Inédits de droit judiciaire - Référés (5)1 - Procedurecivile.be

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JURISPRUDENCE DE LIEGE, MONS ET BRUXELLES 2005/4 - 169<strong>droit</strong> pour exploiter son industrie. La cour d’appel, <strong>de</strong> façon très pragmatique 78 ,déci<strong>de</strong> néanmoins que l’appelante établit «avoir toutes les apparences d’être dansles conditions légales pour obtenir la régularisation <strong>de</strong> sa situation et démontre quela procédure administrative pour y parvenir est en cours». La cour autorise doncl’exploitation d’une scierie alors que celle-ci est en l’état <strong>de</strong>s choses manifestementillégale, sur la base d’une apparence <strong>de</strong> <strong>droit</strong>s futurs, estimant que la balance<strong>de</strong>s intérêts «penche indubitablement en faveur <strong>de</strong> l’appelante dont la survieéconomique dépend <strong>de</strong> la levée <strong>de</strong>s scellés et <strong>de</strong> la poursuite <strong>de</strong> l’activité qui […]ne génère aucune nuisance importante pour l’environnement ou le voisinage»(Liège (1 ère ch.), 28 juin 2000, J.L.M.B. 00/1042, déjà citée).Cet arrêt illustre, à mon sens, parfaitement ce que j’écrivais ailleurs il y a quelquesmois : «le juge <strong>de</strong>s référés peut tout déci<strong>de</strong>r. Il ne connaît quasi aucune limite, saufcelles qu’il veut bien s’appliquer à lui-même» 79 .C’était toutefois sans compter sur la vigilance <strong>de</strong> la Cour <strong>de</strong> cassation 80 qui arécemment réformé cet arrêt en rappelant les principes fondamentaux applicablesen cette matière : «Attendu que le pouvoir <strong>judiciaire</strong> est compétent tantpour prévenir les atteintes paraissant portées fautivement à un <strong>droit</strong> subjectif parl’administration, lors <strong>de</strong> l’exercice <strong>de</strong> son pouvoir discrétionnaire, que pour ymettre fin; qu’il ne peut toutefois priver l’administration <strong>de</strong> sa li<strong>be</strong>rtéd’appréciation et se substituer à elle; que cette même limite s’impose au juge<strong>de</strong>s référés».La Cour <strong>de</strong> cassation déci<strong>de</strong> ensuite : «Attendu qu’après avoir constaté que lepermis d’exploiter délivré à la défen<strong>de</strong>resse par la députation permanentecompétente avait été annulé par le Conseil d’Etat, que la défen<strong>de</strong>resse n’étaitdonc titulaire d’aucune autorisation d’exploiter et que la [Région wallonne] afait apposer <strong>de</strong>s scellés sur les établissements <strong>de</strong> la défen<strong>de</strong>resse, l’arrêt relèveque le fonctionnaire <strong>de</strong> la [Région wallonne] avait la possibilité et nonl’obligation <strong>de</strong> prendre une telle mesure et disposait, à cet égard, d’un pouvoirdiscrétionnaire; Qu’il déci<strong>de</strong> toutefois, eu égard aux particularités <strong>de</strong> l’espèce,d’ordonner la levée <strong>de</strong>s scellés et d’autoriser la défen<strong>de</strong>resse à poursuivre sesactivités; Attendu que l’arrêt ne relève par aucun <strong>de</strong> ses motifs que, dansl’exercice <strong>de</strong> son pouvoir discrétionnaire, l’autorité administrative a commis ouparu commettre une faute ou un excès <strong>de</strong> pouvoir, mais substitue son appréciationen opportunité à celle <strong>de</strong> cette autorité; Qu’ainsi, l’arrêt viole l’article 584,alinéa premier, du co<strong>de</strong> <strong>judiciaire</strong> et méconnaît le principe général du <strong>droit</strong>relatif à la séparation <strong>de</strong>s pouvoirs» (Cass. (1 ère ch.), 12 décembre 2003,J.L.M.B. 04/844, déjà citée).• Dans le cadre d’un marché public, une <strong>de</strong>s sociétés ayant répondu à l’appeld’offre <strong>de</strong> la Région wallonne introduit une action en référé ayant pour objetd’ordonner à la Région wallonne <strong>de</strong> ne pas prendre en considération l’offred’une autre société au motif que celle-ci ne serait pas conforme au cahier <strong>de</strong>scharges. Le juge <strong>de</strong>s référés Namur rappelle que la limite fixée au contrôle <strong>de</strong>l’action <strong>de</strong> l’administration par le pouvoir <strong>judiciaire</strong> «se trouve dans le pouvoird’appréciation <strong>de</strong> l’administration : le juge <strong>de</strong>s référés ne peut substituer son___________78. Après avoir estimé, pour diverses raison, que l’interdiction d’exploiter ne résultait que <strong>de</strong> problèmesadministratifs indépendants <strong>de</strong> la volonté <strong>de</strong> l’appelante et que, toujours selon la cour, l’exploitationillicite, qui avait néanmoins perduré <strong>de</strong> 1994 à 1998, ne causait en réalité aucun dommage àl’environnement et que peu <strong>de</strong> nuisances au voisinage.79. "Le référé <strong>judiciaire</strong> : principes et questions <strong>de</strong> procédure", op. cit., p. 64.80. L’efficacité <strong>de</strong> cette vigilance, pour les parties à la cause, se trouve néanmoins fortement amoindrie parles délais <strong>de</strong> procédure en cassation. En effet, il faudra attendre plus <strong>de</strong> trois ans et <strong>de</strong>mi avant que laCour <strong>de</strong> cassation casse l’arrêt <strong>de</strong> la cour d’appel <strong>de</strong> Liège.

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