95Jean-Christophe Donnellier expliquait pendant son audition <strong>de</strong>vant <strong>la</strong>section que certains <strong>de</strong> nos partenaires européens ont été soupçonnés <strong>de</strong>corruption et en ont subi les conséquences, mais que leurs lobbyistes, habiles, ontpermis qu’ils ne soient pas considérés comme pays où règne <strong>la</strong> corruption, mais,au contraire, comme pays porteur d’un message anti-corruption. C’est <strong>la</strong>démonstration que <strong>de</strong>s contre-mesures efficaces peuvent être prises pourredresser une situation.D’une manière générale, <strong>la</strong> <strong>France</strong> n’a pas suffisamment réfléchi à <strong>la</strong>manière dont les gran<strong>de</strong>s associations et mouvements représentatifs <strong>de</strong> <strong>la</strong>richesse <strong>de</strong> sa société civile pourraient trouver leur p<strong>la</strong>ce dans un débat d’idéesglobal, où les États ne sont plus seuls à peser sur le cours du mon<strong>de</strong> : <strong>la</strong>formation <strong>de</strong>s idées qui façonneront <strong>la</strong> politique internationale s’effectue aussi ausein « <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>uxième cercle informel, mais pas toujours neutre ou spontané, <strong>de</strong>l’opinion mondiale » 75 .3. L’influence <strong>de</strong>s agences <strong>de</strong> notation et d’autres c<strong>la</strong>ssementsinternationauxJean-Christophe Donnellier, dans son audition, attirait l’attention surl’impact <strong>de</strong>s agences <strong>de</strong> notation dont les évaluations confèrent indirectementune image économique et financière aux pays. Le Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> République, àl’occasion d’un G 20, a indiqué, à juste titre, que ces notations <strong>de</strong>vaient êtrere<strong>la</strong>tivisées. Les agences ne sont pas toujours animées <strong>de</strong>s meilleures intentionset sont parfois guidées par leurs propres présupposés idéologiques.Ces organismes privés se sont dotés d’une mission : établir une notationfinancière permettant d’évaluer le risque <strong>de</strong> solvabilité financière d’uneentreprise, d’un État ou d’une opération. S’agissant d’un État, ils en évaluent <strong>la</strong>situation économique, <strong>la</strong> stabilité politique, les politiques monétaire et budgétaireconduites, le niveau d’en<strong>de</strong>ttement... et mesurent à partir <strong>de</strong> ces critères le risquepris par l’investisseur. Les trois principales agences, Moody’s, Standard andPoor’s et Fitch Ratings ont attribué <strong>la</strong> note <strong>la</strong> plus élevée dans leur c<strong>la</strong>ssement à<strong>la</strong> <strong>France</strong> : AAA. Ce triple A, indice <strong>de</strong> référence pour les marchés financiers,permet à notre pays d’emprunter sur les marchés à <strong>de</strong>s taux particulièrementcompétitifs, sans versement d’une prime <strong>de</strong> risque, ce qui n’est pas le cas pourtous les pays.Il faut aussi savoir que le financement <strong>de</strong> ces agences notamment par lesentreprises et les grands établissements financiers ne leur accor<strong>de</strong> pas lecaractère d’indépendance qu’elles revendiquent.L’AFII s’est efforcée d’analyser une vingtaine <strong>de</strong> c<strong>la</strong>ssements <strong>de</strong>s années2005 et 2006 « pour mettre en évi<strong>de</strong>nce les différences d’objectifs, <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>set <strong>de</strong> résultats et expliquer <strong>la</strong> validité ou au contraire les métho<strong>de</strong>s contestablesqui prési<strong>de</strong>nt à l’établissement du rang <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>France</strong> » concernant l’attractivité,<strong>la</strong> compétitivité, le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> libéralisme économique, <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong>s institutions,<strong>la</strong> qualité <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie... Dans ce document <strong>de</strong> mise en perspective intitulé « Réalité<strong>de</strong>s enquêtes et c<strong>la</strong>ssements internationaux », l’AFII souligne que s’agissant <strong>de</strong>s75Livre b<strong>la</strong>nc sur <strong>la</strong> politique étrangère, déjà cité.
96indicateurs élémentaires, certaines réalités sont prises en compte mais pasd’autres, et ne reflètent les opinions que <strong>de</strong> certains secteurs <strong>de</strong> l’économie et <strong>de</strong><strong>la</strong> société, « orientées par les formu<strong>la</strong>tions retenues et avec le risque calculé <strong>de</strong>confondre opinions et réalités ». Les c<strong>la</strong>ssements synthétiques présentent bienentendu les mêmes caractéristiques.Une certaine prise <strong>de</strong> distance s’impose donc à l’égard <strong>de</strong> ces approchescomparatives multidimensionnelles ou <strong>de</strong> benchmarking, d’autant qu’aux diresmêmes <strong>de</strong> l’AFII les c<strong>la</strong>ssements les plus généraux et médiatisés « étonnent parleur sévérité à l’égard <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>France</strong> ». Selon cette agence, <strong>la</strong> comparabilitéinternationale <strong>de</strong>s réponses pose parfois problème, car elles peuvent êtreorientées par <strong>la</strong> formu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s questions vers un jugement <strong>de</strong>s réalités du payssans que soit garantie l’homogénéité <strong>de</strong>s normes ou références qu’ont à l’espritles répondants <strong>de</strong>s différents pays. Les différences culturelles vis-à-vis <strong>de</strong>senquêtes sont une autre source <strong>de</strong> difficultés, « les personnes interrogéespouvant faire preuve "d’un patriotisme ou d’un esprit critique très variable d’unpays à l’autre" ». Au total, « ces évaluations, comme les rangs <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>ssementsinternationaux, reflètent pour une part <strong>de</strong>s réalités, mais pour une autre part lespréconceptions incarnées dans les équations retenues. »L’agence relève l’intérêt pour <strong>la</strong> <strong>France</strong> <strong>de</strong> disposer d’une stratégie <strong>de</strong>benchmarking, c’est-à-dire <strong>de</strong> ne pas faire l’économie <strong>de</strong> <strong>la</strong> collecte, <strong>de</strong> <strong>la</strong>création et <strong>de</strong> <strong>la</strong> mise en œuvre d’informations comparatives. L’AFII col<strong>la</strong>boreégalement avec les organismes qui développent ces approches par exemple ens’efforçant <strong>de</strong> participer à certaines enquêtes, en faisant valoir ses argumentspour une prise en compte plus objective <strong>de</strong> nos réalités, ou en diffusant <strong>de</strong>s idéesà l’international.C - EXISTE-T-IL UN ESPRIT FRANÇAIS ?Même si les assertions <strong>de</strong>s nombreux écrivains qui se sont penchés surnotre pays mériteraient souvent d’être nuancées, elles n’en constituent pas moinsautant <strong>de</strong> contributions intéressantes au débat sur l’image. Certains ont formulé<strong>de</strong>s critiques sévères sur l’« assoupissement » <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>France</strong>, son déclin, mais raressont ceux, même les plus virulents, qui ont utilisé le mot « déca<strong>de</strong>nce ». Laplupart ont estimé, se référant au passé, que le pays disposait <strong>de</strong> ressourcessuffisantes pour rebondir.Théodore Zeldine, après avoir relevé notre principal défaut, <strong>la</strong> vanité,affirme « Pour vivre heureux, il faut porter un petit bout <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>France</strong> en soi.Personne ne peut être parfait s’il n’a pas goûté à <strong>la</strong> <strong>France</strong> » et encore : « Vousreprésentez, quoique vous en pensiez, un pays avec beaucoup d’emprunts. Vouspouvez d’ailleurs être fiers <strong>de</strong> ce pouvoir d’assimi<strong>la</strong>tion qui vous impose unrenouvellement continu. C’est pour ce<strong>la</strong> que vous n’êtes pas un petit coin dumon<strong>de</strong> ».Souvent, ce sont les paradoxes <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>France</strong> qui sont soulignés : une sociétédécrite comme « bloquée » mais où l’on fait plus d’enfants que partout ailleursen Europe ; un pays « replié sur lui-même » mais qui aspire à l’universel ; unenation dite « nostalgique » mais dont le dynamisme surprend. Charles Rivkin, le
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