129son tour en p<strong>la</strong>ce, avec le New Deal, une couverture santé et une protectionvieillesse pour les plus démunis. Mais c’est dans <strong>la</strong> décennie suivante qu’émergeun nouveau modèle. Au len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> <strong>la</strong> Secon<strong>de</strong> Guerre mondiale, enGran<strong>de</strong>-Bretagne, naît le système beveridgien (du nom <strong>de</strong> lord Beveridge, auteurd’un rapport en 1942 jetant les bases <strong>de</strong> ce nouveau modèle <strong>de</strong> sécurité sociale etdans le même temps du welfare state, déjà évoqué à propos du New Deal).Financé par l’impôt, il couvre sensiblement les mêmes risques que ceuxmentionnés pour l’Allemagne, mais les prestations sont i<strong>de</strong>ntiques pourl’ensemble <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion.Pour <strong>la</strong> <strong>France</strong>, 1945 est l’année décisive. Le modèle français, issu <strong>de</strong> <strong>la</strong>réflexion du CNR, comme il a été dit précé<strong>de</strong>mment, combine <strong>de</strong>s éléments <strong>de</strong>ssystèmes bismarckien et beveridgien. Il procè<strong>de</strong> aussi, comme enGran<strong>de</strong>-Bretagne et aux États-Unis, d’une volonté <strong>de</strong> réparer les traumatismessubis par les soldats mais aussi <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion dans son ensemble, durant les<strong>de</strong>ux conflits mondiaux. Pour ces pays une réparation civique s’imposait. Déjàen 1930, le député Laurent Bonnevay défendant <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> Chambre <strong>de</strong>s députésun projet <strong>de</strong> loi sur les assurances sociales, ne déc<strong>la</strong>rait-il pas le 17 avril cette loi« est née, au len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre <strong>de</strong> <strong>la</strong> solidarité qui s’était affirmée entre lesdifférentes c<strong>la</strong>sses sociales <strong>de</strong> <strong>la</strong> volonté d’accor<strong>de</strong>r à ceux qui avaient défendu<strong>la</strong> patrie dans les tranchées, l’ai<strong>de</strong> nécessaire dans les mauvais jours, dusouvenir <strong>de</strong>s efforts qu’ils avaient accomplis, d’une gran<strong>de</strong> idée <strong>de</strong> solidariténationale. » ? Dans ce même esprit, mais bien plus tard, en 1995, le sociologuePierre Rosanvallon écrivait 95 : « L’histoire mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité sociale estinséparable du renforcement du lien civique provoqué par les <strong>de</strong>ux gran<strong>de</strong>sguerres du siècle. »Cette volonté <strong>de</strong> solidarité s’exprime par l’étendue <strong>de</strong> l’implication <strong>de</strong>l’État-provi<strong>de</strong>nce. C’est lui qui crée le système après guerre et en confie <strong>la</strong>gestion aux partenaires sociaux ; lui encore qui, <strong>de</strong>puis 1996, détermine lesrecettes et les dépenses.Les années d’après guerre, baptisées « Trente Glorieuses » parl’économiste Jean Fourastié en référence aux journées révolutionnaires <strong>de</strong> 1930,ont assis ce modèle. Décennies <strong>de</strong> forte croissance, d’industrialisation et <strong>de</strong>mo<strong>de</strong>rnisation du pays, <strong>de</strong> taux d’emploi élevé et <strong>de</strong> véritable mobilité sociale,<strong>de</strong> croissance démographique et <strong>de</strong> rapport favorable entre actifs et inactifs, ellesont créé les conditions favorables pour le pacte républicain qui organise notresociété autour <strong>de</strong> principes <strong>de</strong> solidarité portés par ce modèle. Les chocspétroliers <strong>de</strong>s années soixante-dix ont conduit à <strong>de</strong>s premières interrogationslorsque les difficultés d’équilibre <strong>de</strong>s régimes sociaux sont apparues. Lesinquiétu<strong>de</strong>s se sont renforcées <strong>de</strong>puis, en lien avec un chômage persistant et levieillissement <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion. Les difficultés <strong>de</strong> gestion invitent à une réflexion<strong>de</strong>s partenaires sociaux sur les adaptations à opérer.95Pierre Rosanvallon ; La nouvelle question sociale ; Le Seuil 1995.
130Longtemps critiqué par les tenants d’une politique économique et socialed’inspiration libérale, notre modèle social est observé maintenant avec intérêt,même par nos détracteurs les plus virulents. The Economist lui-même nerévisait-il pas son dogme en affichant en couverture d’un numéro du mois <strong>de</strong> mai2009 sa nouvelle hiérarchie <strong>de</strong>s modèles sociaux européens « Europe’s newpecking or<strong>de</strong>r » dans <strong>la</strong>quelle il p<strong>la</strong>çait <strong>la</strong> <strong>France</strong> en première p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>vantl’Allemagne et <strong>la</strong> Gran<strong>de</strong>-Bretagne ? Moins étonnamment, Paul Cohen, dans unarticle déjà cité, a réhabilité aux yeux <strong>de</strong> certains <strong>de</strong> ses compatriotes l’image <strong>de</strong>notre pays en soulignant ses bons résultats, comparés à d’autres pays, pourrésister à <strong>la</strong> crise. Certains économistes d’outre-At<strong>la</strong>ntique, tel le prix NobelPaul Krugman, n’ont pas attendu <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière crise en date pour p<strong>la</strong>i<strong>de</strong>r en faveur<strong>de</strong> l’instauration un système d’assurance-ma<strong>la</strong>die universelle « qui couvre tout lemon<strong>de</strong> à vie », en adaptant au cas américain un modèle qui s’inspire à <strong>la</strong> fois <strong>de</strong><strong>la</strong> <strong>France</strong> et <strong>de</strong> l’Allemagne. Dans sa volonté contrariée d’instituer un système <strong>de</strong>santé assurant à tous une protection dans un cadre public, les équipes duPrési<strong>de</strong>nt Barack Obama ont également examiné avec attention le système <strong>de</strong>protection sociale français.À <strong>la</strong> lecture d’un sondage déjà mentionné d’Eurostat, il apparaît que lesmodèles adoptés par nos voisins européens donnent satisfaction à leurspopu<strong>la</strong>tions et il n’est pas question d’élever notre propre modèle au rang <strong>de</strong>référence ni <strong>de</strong> prétendre qu’il <strong>de</strong>vrait être adopté par tous. Il serait certesillusoire d’envisager à court terme une uniformisation <strong>de</strong>s régimes <strong>de</strong> protectionsociale à l’intérieur <strong>de</strong> l’Europe mais à plus long terme cette idée pourrait faireson chemin.C - UN ART DE VIVRE APPRÉCIÉCe que l’on appe<strong>la</strong>it autrefois les mœurs d’une société humaine, sa manièreparticulière <strong>de</strong> vivre, <strong>de</strong> penser, <strong>de</strong> parler, est maintenant désigné par le motculture. Comme on l’a vu, <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> Mexico <strong>de</strong> 1982, <strong>la</strong> culturec’est aussi le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie et les traditions.Si une qualité nous est généralement reconnue à travers le mon<strong>de</strong>, c’estbien <strong>la</strong> douceur <strong>de</strong> vivre en <strong>France</strong>. En atteste le c<strong>la</strong>ssement <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>France</strong>, en2009 et <strong>de</strong>puis cinq ans, comme premier pays au mon<strong>de</strong> pour <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie,par le magazine américain International living. Les Français ont un état d’espritparticulier pour « savourer <strong>la</strong> vie ». Dans le cadre <strong>de</strong> vie équilibré évoquéci-<strong>de</strong>ssus, les Français adorent les repas conviviaux, <strong>la</strong> cuisine <strong>de</strong> qualité, lesfromages et les produits du terroir, les bons vins, les bistrots, et leur bou<strong>la</strong>ngeravec ses baguettes et ses croissants croustil<strong>la</strong>nts. Une fête s’imagine mal sansChampagne. Les habitants <strong>de</strong> <strong>la</strong> doulce <strong>France</strong> apprécient les loisirs, le repos dudimanche, les vacances. Ils ont le goût <strong>de</strong>s belles et bonnes choses, notammentdans le domaine <strong>de</strong> l’habillement, <strong>de</strong>s bijoux, <strong>de</strong>s parfums, mais aussi <strong>de</strong>s objets,<strong>de</strong>s meubles et <strong>de</strong> <strong>la</strong> décoration.
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