97nouvel ambassa<strong>de</strong>ur <strong>de</strong>s USA nommé à Paris en 2009, ne cache pas son« admiration » pour le système <strong>de</strong> santé français et ce pays où l’espérance <strong>de</strong> vieest bien supérieure à celle <strong>de</strong>s Américains. Et d’ajouter : « Oui, il y a tant àapprendre <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>France</strong> ».Dans un article intitulé Les six sommets <strong>de</strong> l’hexagone paru en juin 2009dans Philosophie magazine, Michel Eltchaninoff, s’essaie à démontrer qu’ilexiste « une manière d’être » très française, dans <strong>la</strong>quelle on retrouve lesprincipaux traits d’image positifs et négatifs que nous avons relevés. L’un <strong>de</strong>smérites <strong>de</strong> cet essai est <strong>de</strong> montrer comment ces caractéristiques sont liées entreelles et constituent quelque chose d’essentiel chez les Français. L’auteur relèvesix éléments qu’il compare aux six sommets <strong>de</strong> l’hexagone, et qui lui semblentmarquer les principales caractéristiques <strong>de</strong> l’esprit français : « À condition <strong>de</strong>dissiper plusieurs malentendus, on peut <strong>de</strong>ssiner les contours hexagonaux et lessommets <strong>de</strong>s tensions essentielles qui traversent cette figure <strong>de</strong> l’esprit français,et qui éc<strong>la</strong>irent l’histoire <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> mémoire nationaux. Six fées, bonnes etmauvaises, ont été conviées à leur berceau. La première se nomme panache. Lesaventures, individuelles ou collectives, sublimes ou transgressives, transportentrégulièrement les Français. Ce paradigme est celui du combat, perdu d’avance,mais d’autant plus sublime : soldats <strong>de</strong> l’Empire à Waterloo, De Gaulle àLondres prétendant à lui seul incarner le pays... C’est le côté Cyrano quitraverse nombre <strong>de</strong> postures nationales, à l’instar du discours <strong>de</strong> Dominique <strong>de</strong>Villepin à l’ONU, ou du geste <strong>de</strong> José Bové levant ses mains menottées aprèsavoir "démonté" un fast-food. Mais le pendant du panache c’est l’arrogance -<strong>de</strong>uxième sommet <strong>de</strong> l’hexagone. Le p<strong>la</strong>isir d’être seul contre tous s’accompagneparfois <strong>de</strong> <strong>la</strong> certitu<strong>de</strong> d’avoir raison avant tout le mon<strong>de</strong>. Quand celle-cidégénère en pose, elle <strong>de</strong>vient vaine. Voltaire critiquait déjà <strong>la</strong> présomptionfrançaise, dans son Discours aux Welches, nom bouffon qu’il donnait à sescompatriotes, chaussés <strong>de</strong> sabots : "Toujours un peu barbare (...) mais seprenant pour le premier peuple <strong>de</strong> l’univers"« Le troisième sommet <strong>de</strong> l’hexagone s’est incarné dans une sorte <strong>de</strong>grâce : une élégance sophistiquée, à <strong>la</strong> fois concentrée et ironique, vive etprécise, spirituelle et géométrique. C’est l’intelligence du trait d’esprit, promptet surprenant, pas celui <strong>de</strong> l’emphase et <strong>de</strong> l’obscurité spiritualistes. (...)Descartes esquisse un idéal <strong>de</strong> rationalité, <strong>de</strong> c<strong>la</strong>rté dans l’argumentation etd’élégance dans l’expression que porteront à son point culminant lesreprésentants du c<strong>la</strong>ssicisme. (...) Une grâce qui doit autant à <strong>la</strong> rigueur qu’à <strong>la</strong>liberté. Cet esprit s’est incarné dans <strong>la</strong> conversation, <strong>de</strong>venue spécialiténationale dans ses salons, souvent dirigés par <strong>de</strong>s femmes. (...) Mais <strong>la</strong>recherche effrénée <strong>de</strong> <strong>la</strong> légèreté et du bon mot finit par désigner le quatrièmesommet <strong>de</strong> l’hexagone, celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> futilité. La socialité, l’approbation <strong>de</strong>s autresprenant plus d’importance que le souci du vrai, <strong>la</strong> grâce cartésienne se dissipealors au profit <strong>de</strong> <strong>la</strong> pique méchante et <strong>de</strong> l’ironie gratuite. Finalement, pourHenri-Frédéric Amiel, écrivain suisse du XIX ème siècle : "<strong>la</strong> soif du vrai n’est pasune passion française. La naïveté tue dans <strong>la</strong> patrie <strong>de</strong> Voltaire, le sublimefatigue dans le pays <strong>de</strong>s calembours". Pour le dire plus brutalement, l’hommed’esprit tuerait sa mère pour un bon mot.
98« Cette sociabilité excessive a cependant élevé au rang <strong>de</strong>s beaux-arts, legoût <strong>de</strong> <strong>la</strong> ga<strong>la</strong>nterie, le cinquième sommet <strong>de</strong> l’hexagone, qui réalise <strong>la</strong>synthèse du logos et <strong>de</strong> l’affectivité. (...) La ga<strong>la</strong>nterie accompagnenaturellement l’art <strong>de</strong> <strong>la</strong> conversation. Cet équilibre entre <strong>la</strong> distance etl’intimité, <strong>la</strong> parole et les gestes, le calcul et le hasard, irrigue toujours, aumoins, notre imaginaire <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions sociales. Mais son pendant, et le sixièmesommet <strong>de</strong> l’hexagone, est <strong>la</strong> gauloiserie. Libéré du carcan courtois <strong>de</strong> <strong>la</strong>ga<strong>la</strong>nterie, celle-ci se meut sans gène dans <strong>la</strong> b<strong>la</strong>gue volontiers licencieuse. Cetesprit gail<strong>la</strong>rd, s’il menace, par sa balourdise, l’existence d’une ga<strong>la</strong>nterie à <strong>la</strong>française, il exprime cependant une po<strong>la</strong>rité fondamentale <strong>de</strong> cet "espritfrançais", celui du principe rabe<strong>la</strong>isien plus librement transgressif,carnavalesque, mais fidèle à une tradition <strong>de</strong> ver<strong>de</strong>ur française. »** *En guise <strong>de</strong> conclusion provisoire, nous <strong>la</strong>isserons à Tocqueville le soin <strong>de</strong>faire <strong>la</strong> synthèse entre les aspects positifs et ceux qui le sont moins : « LesFrançais constituent <strong>la</strong> plus bril<strong>la</strong>nte et <strong>la</strong> plus dangereuse nation d’Europe, et<strong>la</strong> plus qualifiée pour <strong>de</strong>venir tour à tour un objet d’admiration, <strong>de</strong> haine, <strong>de</strong>pitié ou <strong>de</strong> terreur, mais jamais d’indifférence 76 . » C’est sans doute parce que <strong>la</strong><strong>France</strong> n’a jamais renoncé à s’ouvrir, à se développer, bref à surprendre. Sonhistoire n’est pas écrite à l’avance.76Alexis <strong>de</strong> Tocqueville ; L’ancien régime et <strong>la</strong> Révolution ; F<strong>la</strong>mmarion, folio, 1973.Alexis <strong>de</strong> Tocqueville ; De <strong>la</strong> démocratie en Amérique ; F<strong>la</strong>mmarion, folio, 1986.
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