1311. Un patrimoine autour <strong>de</strong> <strong>la</strong> gastronomie1.1. Un fleuron <strong>de</strong> l’art <strong>de</strong> vivre à <strong>la</strong> françaiseConsidérant <strong>la</strong> gastronomie, <strong>la</strong> re<strong>connaissance</strong> <strong>de</strong> sa qualité est générale àtravers le mon<strong>de</strong>. L’enquête Ipsos 2006 déjà citée 96 montre que dans les dix paysétudiés, <strong>la</strong> « nourriture » est toujours citée en tête <strong>de</strong>rrière « <strong>la</strong> richesseculturelle » avec un score <strong>de</strong> 42 %. Cependant, pour éviter tout triomphalisme, ilest bon <strong>de</strong> dire tout <strong>de</strong> suite que <strong>la</strong> gastronomie est un domaine où nous nesommes pas les seuls à exceller et à bénéficier d’une bonne réputation. Lacuisine française est très concurrencée dans le mon<strong>de</strong>, notamment, par <strong>la</strong>restauration italienne. Celle-ci <strong>de</strong>vance d’ailleurs légèrement <strong>la</strong> <strong>France</strong> dansl’enquête IPSOS évoquée ci-<strong>de</strong>ssus. Le réseau mondial <strong>de</strong> pizzerias est une ported’entrée sur l’Italie et <strong>la</strong> réputation <strong>de</strong> sa cuisine est grandissante. Dans cettemême enquête, l’Espagne talonne <strong>la</strong> <strong>France</strong>, et El Bulli, c<strong>la</strong>ssé <strong>de</strong>ux années <strong>de</strong>suite meilleur restaurant du mon<strong>de</strong> est un atout important pour ce pays.Pour sa part, Joël Robuchon estime que « en termes <strong>de</strong> gastronomie,Londres est plus vivante, innovante et ouverte sur le mon<strong>de</strong> que Paris 97 . »« Avec 261 étoiles, Tokyo est <strong>de</strong> loin <strong>la</strong> capitale mondiale <strong>de</strong> <strong>la</strong>gastronomie » a expliqué Jean-Luc Naret, directeur <strong>de</strong>s Gui<strong>de</strong>s Michelin 98 . Aveconze restaurants trois étoiles, Tokyo l’emporte sur Paris qui n’en compte que dix.Cependant, <strong>de</strong> très nombreux chefs Japonais ont été formés par <strong>de</strong>s cuisiniersfrançais <strong>de</strong>puis quarante ans. Et Jean-Luc Naret estime que le Japon est <strong>de</strong>venule premier ambassa<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> <strong>la</strong> cuisine française : 60 % <strong>de</strong>s 261 restaurants étoilésproposent <strong>de</strong> <strong>la</strong> cuisine japonaise, mais 40 % <strong>de</strong> <strong>la</strong> cuisine française. Le directeur<strong>de</strong>s gui<strong>de</strong>s ajoute que sur les 71 meilleures tables du mon<strong>de</strong>, 27 sont françaises.De son coté, Guy Savoy considère que « La cuisine française gagne du terrain.Il y a beaucoup plus <strong>de</strong> restaurants étoilés en <strong>France</strong> qu’il y a vingt ans ». Iln’est pas inutile <strong>de</strong> rappeler ici tout ce que <strong>la</strong> cuisine française doit à PaulBocuse, notamment en termes d’image à l’étranger. Depuis que le titre <strong>de</strong>« cuisinier du siècle » lui a été décerné par Gault et Mil<strong>la</strong>u en 1989, il fait figure<strong>de</strong> pape <strong>de</strong> <strong>la</strong> gastronomie bien au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> nos frontières.Enfin, il est intéressant <strong>de</strong> constater que <strong>la</strong> sortie du Gui<strong>de</strong> Michelin est unévénement mondial auquel assistent près <strong>de</strong> quatre cents journalistes.La gastronomie, à <strong>la</strong>quelle les Français tiennent tant, est donc bien unfleuron <strong>de</strong> l’art <strong>de</strong> vivre à <strong>la</strong> française. Mais, dans ce domaine aussi <strong>la</strong>concurrence est vive et tout relâchement dans <strong>la</strong> créativité nous serait rapi<strong>de</strong>mentpréjudiciable.969798Se reporter à l’annexe n° 5.L’Express, 11 juin 2009.Conférence <strong>de</strong> presse pour <strong>la</strong> sortie du gui<strong>de</strong> 2010.
132Ce mot <strong>de</strong> gastronomie peut apparaître aux yeux <strong>de</strong> certains comme ungrand mot, qui désignerait une haute cuisine réservée à <strong>de</strong>s repas fastueux servisdans le luxe et l’apparat. Or, comme l’expose excellemment le rapportd’André Daguin De l’assiette aux champs 99 , <strong>la</strong> gastronomie est historiquement« l’ensemble <strong>de</strong>s règles qui constituent l’art <strong>de</strong> faire bonne chère, et parextension, <strong>la</strong> cuisine préparée selon ces règles ». C’est donc avant tout l’art <strong>de</strong> senourrir, Bril<strong>la</strong>t-Savarin précisant que <strong>la</strong> gastronomie a pour but « <strong>de</strong> veiller à <strong>la</strong>conservation <strong>de</strong>s hommes au moyen <strong>de</strong> <strong>la</strong> meilleure nourriture possible ». Lacuisine française, ou plutôt les cuisines françaises, avec leur capacité à assimilerles apports extérieurs (le couscous notamment), constituent un <strong>la</strong>rge éventail <strong>de</strong>préparations qui vont du plus simple au plus sophistiqué. Curnonsky, le célèbre« prince <strong>de</strong>s gastronomes », qui s’est attaché aux cuisines bourgeoises etprovinciales, disait qu’il reconnaissait une bonne cuisine aux o<strong>de</strong>urs qui filtraientpar les fenêtres <strong>de</strong>s concierges. C’est dire que <strong>la</strong> gastronomie c’est d’abord unecuisine authentique que l’on peut trouver dans les bistrots, bouchons lyonnais etautres routiers sympas, tout autant que dans <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s tables toquées et étoilées.Pour n’en dire qu’un mot parce qu’il ne s’agit pas <strong>de</strong> cuisine, mais <strong>de</strong>préparation sommaire, le jambon-beurre, héros <strong>de</strong>s comptoirs français, s’estvendu à 830 millions d’exemp<strong>la</strong>ires en 2008. Ni le Kebab (250 millionsd’unités), ni le hamburger (150 millions) n’ont réussi à le détrôner. La <strong>France</strong> estainsi le seul pays où le hamburger n’a pas supp<strong>la</strong>nté une spécialité indigène.Ainsi, du steak frites du café <strong>de</strong> <strong>la</strong> gare au Canard au sang <strong>de</strong> <strong>la</strong> Tour d’argent,une <strong>la</strong>rge palette s’offre au Français pour satisfaire son besoin <strong>de</strong> bien manger.1.2. Une culture <strong>de</strong> <strong>la</strong> sociabilitéMais si ce besoin est aussi fort, c’est qu’il ne se limite pas à celui <strong>de</strong> seremplir l’estomac. Il est aussi un besoin <strong>de</strong> convivialité et <strong>de</strong> partage.Jean-Robert Pitte 100 indique que c’est à l’héritage <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule, où l’on ne pouvaitséparer <strong>la</strong> bonne chère <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie politique et sociale, que <strong>la</strong> <strong>France</strong> doitaujourd’hui d’accor<strong>de</strong>r tant d’attention et <strong>de</strong> valeurs aux arts culinaires. Et <strong>la</strong>table est <strong>de</strong>venue « l’un <strong>de</strong>s rares espaces capable <strong>de</strong> réunir l’ensemble <strong>de</strong>sFrançais, comme <strong>la</strong> cérémonie du thé au Japon réunit l’ensemble <strong>de</strong>sJaponais ». La cuisine quotidienne rapproche les convives et améliore, au moinsmomentanément, <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion sociale. Sa réussite c’est « le mariage du p<strong>la</strong>isirculinaire avec les p<strong>la</strong>isirs sociaux <strong>de</strong> <strong>la</strong> table, et l’alliance <strong>de</strong> phénomèneshabituellement contraires : <strong>la</strong> <strong>connaissance</strong> et <strong>la</strong> jouissance, le matériel et lespirituel ». Catherine Dumas 101 le rappelle, cette culture <strong>de</strong> <strong>la</strong> table transcen<strong>de</strong>les clivages : « De l’intimité du cercle familial au repas d’affaires, en passantpar le banquet, le repas à <strong>de</strong>ux ou entre amis, "manger ensemble" est un rite99André Daguin ; De l’assiette aux champs ; avis et rapport du Conseil économique, social etenvironnemental ; Les Éditions <strong>de</strong>s Journaux officiels, décembre 2009.100 Op. cit.101 Catherine Dumas ; Sur les arts culinaires : patrimoine culturel <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>France</strong> ; rapportd’information fait au nom <strong>de</strong> <strong>la</strong> commission <strong>de</strong>s affaires culturelles, n° 440, Sénat, juillet 2008.
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