<strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir facteur <strong>de</strong> premier rang, non pour sa valeur instrum<strong>en</strong>tale mais à cause <strong>de</strong>svaleurs symboliques qui y sont attachées 7 .En conclusion, nous avions mis <strong>en</strong> place un projet linguistique qui n’était pas contesté et ceprojet avait échoué, non <strong>en</strong> raison du logiciel ou <strong>de</strong>s tuteurs, mais pour <strong>de</strong>s raisonsorganisationnelles qui échappai<strong>en</strong>t totalem<strong>en</strong>t à mon contrôle et qui avai<strong>en</strong>t conduit à unecomplète dé<strong>motivation</strong>. C’est à partir <strong>de</strong> cette expéri<strong>en</strong>ce que j’ai résolum<strong>en</strong>t décidé d’ét<strong>en</strong>dremon objet <strong>de</strong> recherche « analyse <strong>de</strong> l’activité » à la question <strong>de</strong> la <strong>motivation</strong>.Suite à ces observations, j’ai décidé d’adopter une démarche qui ne cherche pas àcaractériser les traits stables et généraux <strong>de</strong> la <strong>motivation</strong> <strong>en</strong> langue, mais, conformém<strong>en</strong>t à uneapproche ergonomique, à caractériser la <strong>motivation</strong> <strong>de</strong>s élèves d’une manière locale etcontextualisée. Plus précisém<strong>en</strong>t, je ne me suis pas p<strong>en</strong>chée sur la <strong>motivation</strong> générale pour laLVE mais plutôt sur la question <strong>de</strong> savoir comm<strong>en</strong>t les divers facteurs <strong>en</strong>trant dans la<strong>motivation</strong> pour la tâche pouvai<strong>en</strong>t affecter l’activité <strong>de</strong>s ag<strong>en</strong>ts [Julkun<strong>en</strong>, 1989, 2001].Approche par les cont<strong>en</strong>us ou par les processusLes recherches sur la <strong>motivation</strong> <strong>en</strong> SLA ont été, au départ, dominées par la perspectivemacrosociale initiée par Gardner et ses associés. Ils examinai<strong>en</strong>t les dispositions<strong>motivation</strong>nelles générales <strong>de</strong> larges communautés, sans que n’apparaisse la nature changeante<strong>de</strong> la <strong>motivation</strong> au niveau sociologique ou sociopsychologique. À partir du mom<strong>en</strong>t où l’on acomm<strong>en</strong>cé à s’intéresser à la <strong>motivation</strong> <strong>en</strong> contexte scolaire, la dynamique <strong>de</strong> la <strong>motivation</strong>s’est imposée comme une évid<strong>en</strong>ce [Ushioda, 1996 ; Oxford, 1999 ; Williams & Burd<strong>en</strong>, 1997 ;Viau, 1999]. Les modèles élaborés par les spécialistes du contexte scolaire ont tous commeobjectif <strong>de</strong> r<strong>en</strong>dre compte <strong>de</strong> la <strong>motivation</strong> comme un processus.7 Je r<strong>en</strong>voie à cet égard à l’article pas terminé ?18
L’approche par les cont<strong>en</strong>usLes théories <strong>de</strong> cont<strong>en</strong>us t<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t d’expliquer par quoi on est motivé, les cont<strong>en</strong>us pouvantvarier d’un ag<strong>en</strong>t à l’autre, d’une tâche à l’autre ; les théories <strong>de</strong> processus décriv<strong>en</strong>t leprocessus <strong>motivation</strong>nel, comm<strong>en</strong>t on est motivé ou non. Il n’y a pas <strong>de</strong> diverg<strong>en</strong>ce sur cepoint, les <strong>de</strong>ux théories ne s’affront<strong>en</strong>t pas, elles sont simplem<strong>en</strong>t c<strong>en</strong>trées sur <strong>de</strong>s objetsdiffér<strong>en</strong>ts, parfois complém<strong>en</strong>taires. Les théories <strong>de</strong> cont<strong>en</strong>us sont plus anci<strong>en</strong>nes que lesthéories <strong>de</strong> processus [Francès, 1995 ; Dörnyei, 2005]. Elles cherch<strong>en</strong>t à inv<strong>en</strong>torier lesdiverses att<strong>en</strong>tes qui peuv<strong>en</strong>t mobiliser les ag<strong>en</strong>ts. Dans le langage courant, le terme <strong>motivation</strong>regroupe <strong>en</strong> fait un <strong>en</strong>semble <strong>de</strong> cont<strong>en</strong>us. <strong>La</strong> question « êtes-vous motivé par votre travail <strong>en</strong>LVE ? » sous-<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d « y-a-t-il un aspect <strong>de</strong> votre travail <strong>en</strong> LVE auquel vous t<strong>en</strong>ez, qui a <strong>de</strong>l’importance pour vous ? ». Les thèmes <strong>de</strong> réponses à cette question (les cont<strong>en</strong>us) ont étésinv<strong>en</strong>toriés, classés par ordre d’importance selon différ<strong>en</strong>tes théories que l’on cherche à vali<strong>de</strong>rpar <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> performances ou <strong>de</strong>s questionnaires, comme chez Gardner et <strong>de</strong> sescollaborateurs [Gardner, 1972, 1985], notamm<strong>en</strong>t dans leur modèle AMBT (Attitu<strong>de</strong> andMotivation Battery Test). L’idée consiste à rechercher l’influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> facteurs <strong>motivation</strong>nelssur l’acquisition <strong>de</strong> la LVE. On considère chaque facteur comme un élém<strong>en</strong>t stable, susceptibled’être extrait à partir <strong>de</strong> batteries <strong>de</strong> questionnaires. Dans ce cas, les auteurs part<strong>en</strong>t du modèlesocio-éducationnel <strong>de</strong> Gardner [1985] qui id<strong>en</strong>tifie 5 variables : l’intégrativité, les attitu<strong>de</strong>s visà-vis<strong>de</strong> l’appr<strong>en</strong>tissage, la <strong>motivation</strong>, l’ori<strong>en</strong>tation intégrative ou l’ori<strong>en</strong>tation instrum<strong>en</strong>tale.On cherche <strong>en</strong>suite à savoir comm<strong>en</strong>t ces variables se corrèl<strong>en</strong>t avec les performances <strong>de</strong>sappr<strong>en</strong>ants <strong>en</strong> LVE ou langue secon<strong>de</strong>. Par exemple, dans une réc<strong>en</strong>te méta-analyse, les auteursont trouvé que la <strong>motivation</strong> était le meilleur « prédicteur » <strong>de</strong> succès alors que les ori<strong>en</strong>tationsou les attitu<strong>de</strong>s <strong>en</strong>vers la situation d’appr<strong>en</strong>tissage n’agissai<strong>en</strong>t qu’indirectem<strong>en</strong>t sur lesperformances, c’est-à-dire via la <strong>motivation</strong> [Masgoret & Gardner, 2003].De manière générale, les individus sont motivés par <strong>de</strong>s besoins qu’ils cherch<strong>en</strong>t à satisfaire,comme l’indique la théorie fondatrice <strong>de</strong>s besoins fondam<strong>en</strong>taux <strong>de</strong> Maslow [1954] qui portesur les relations <strong>en</strong>tre personnalité et <strong>motivation</strong>, ou celle <strong>de</strong> Nuttin [1980] qui porte sur lesrelations <strong>en</strong>tre personnalité, <strong>motivation</strong> et <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t.19