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Eglise, Empire et Genre dans la vie de Mère Marie-Michelle Dédié

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EGLISE, EMPIRE & GENRE 19Ainsi, pendant les dix premières années, les religieuses se reposèrentellessur les réfugiés ou les popu<strong>la</strong>tions marginales que les Pères du Saint-Esprit avaient rach<strong>et</strong>ées <strong>de</strong> leur servitu<strong>de</strong> en amont du fleuve 24 . Les soinsmaternels se situaient à un niveau à <strong>la</strong> fois physique <strong>et</strong> spirituel, car ceux quivenaient à <strong>la</strong> mission étaient souvent séparés <strong>de</strong> leur groupe familial. Dep<strong>et</strong>its enfants, même <strong>de</strong>s bébés, arrivaient ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s <strong>et</strong> mouraient peu d<strong>et</strong>emps après ; <strong>dans</strong> les premières l<strong>et</strong>tres <strong>de</strong> <strong>la</strong> Mère supérieure, les nourrir, leshabiller, les protéger ainsi que baptiser les mourants <strong>et</strong> « sauver <strong>de</strong>s âmespour le Paradis » était un refrain récurent. Des progrès furent toutefoisaccomplis, puisqu’un rapport <strong>de</strong> 1897 indiquait parmi les réussites <strong>de</strong>s sœursle chiffre <strong>de</strong> 94 enfants <strong>dans</strong> un « orphelinat », l’existence d’un dispensaire <strong>et</strong><strong>de</strong> c<strong>la</strong>sses quotidiennes <strong>de</strong> catéchisme ainisi que <strong>de</strong>s visites <strong>dans</strong> les vil<strong>la</strong>gesavoisinants 25 . Des hommes <strong>et</strong> <strong>de</strong>s femmes éduqués à <strong>la</strong> Mission vivaient<strong>dans</strong> <strong>de</strong>ux vil<strong>la</strong>ges chrétiens, tandis que certaines jeunes filles étaientr<strong>et</strong>ournées en amont du fleuve pour ai<strong>de</strong>r à l’établissement <strong>de</strong> communautéschrétiennes à l’intérieur. Onze ans après son arrivée Mère <strong>Marie</strong> écrivait à <strong>la</strong>Mère générale à Paris, « Nos enfants rach<strong>et</strong>ées vont disparaître, toutdoucement elles se seront remp<strong>la</strong>cées par <strong>de</strong>s enfants libres (Batékés) <strong>de</strong> <strong>la</strong>région <strong>de</strong> Brazzaville » 26 . Le programme d’étu<strong>de</strong>s comportait du catéchisme,<strong>de</strong> <strong>la</strong> lecture, l’apprentissage <strong>de</strong>s rudiments <strong>de</strong> français, <strong>de</strong> <strong>la</strong> couture, <strong>de</strong> <strong>la</strong>lessive, du repassage, le respect du mari <strong>et</strong> les travaux <strong>de</strong>s champs. En 1913,les missionnaires indiquaient le chiffre <strong>de</strong> 3 000 personnes à <strong>la</strong> messe dudimanche <strong>de</strong> Pâques <strong>et</strong> déc<strong>la</strong>raient que presque <strong>la</strong> moitié <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>Brazzaville avait était baptisée 27 .A <strong>la</strong> mission, <strong>la</strong> <strong>vie</strong> était organisée sur le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> division sexuée <strong>de</strong>srôles typique <strong>de</strong> l’<strong>Eglise</strong> européenne, <strong>et</strong> le très autoritaire MonseigneurAugouard, qui dirigeait <strong>la</strong> mission à <strong>la</strong> manière d’un royaume politique,veil<strong>la</strong>it au respect <strong>de</strong> ce modèle patriarcal. Certes, <strong>dans</strong> leur communauté au24 Ces faits sont bien documentés <strong>dans</strong> les rapports <strong>de</strong>s sœurs <strong>et</strong> <strong>de</strong>s prêtres missionnaires. Voirégalement, William J. Samarin, The B<strong>la</strong>ck Man’s Bur<strong>de</strong>n : African Colonial Labor on the Congo andUbangui Rivers, 1880-19009 (Boul<strong>de</strong>r : West<strong>vie</strong>w Press, 1989), chapitres 10 <strong>et</strong> 11.25 ASSJC, État du personnel, « Congo français, 1886-1905 ». Le terme « orphelinat » est celui quiest souvent utilisé, même si tous les enfants n’étaient pas vraiment tous <strong>de</strong>s orphelins au sensbiologique du terme.26 ASSJC, Congo C, l<strong>et</strong>tres, M. <strong>Marie</strong> à Mère générale, Brazzaville, 11 novembre 1903 (les l<strong>et</strong>tres<strong>vie</strong>nnent <strong>de</strong> Brazzaville à moins d’indication contraire).27 R.P.C. Grillot, « Dans le Haut-Congo français », Les missions catholiques, 46 (1914), p.139 ;« Communauté du Sacré-Cœur à Brazzaville », Bull<strong>et</strong>in <strong>de</strong> <strong>la</strong> Congrégation <strong>de</strong>s Pères du Saint-Esprit(BCPSE), 27 (1913-14), p.55 ; Prosper P.Augouard, 44 années au Congo (Evreux : Poussin,1934), p.105.

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