Eglise, Empire et Genre dans la vie de Mère Marie-Michelle Dédié

EGLISE, EMPIRE & GENRE 29éditions de l’hebdomadaire en 1893, était accompagné d’illustrations baséessur des esquisses de l’auteur : des religieuses en tenue, à pied ou portées pardes porteurs ; les traversées du fleuve ; des campements dans la forêt sousdes arbres gigantesques ; des « féticheuses » au premier plan avec lesreligieuses dans le fond en train de les observer. Le début et la fin du voyageétaient en outre agrémentés de photographies envoyées par MonseigneurAugouard 50 , et le tout précédé d’une introduction de l’évêque remerciant leslecteurs de leurs dons qui avaient permis l’établissement de la mission etfaisant à nouveau appel à leur générosité 51 .Les écrits de Mgr. Augouard ont servi de base à plusieurs biographiesdans lesquelles Mère Marie continue à figurer comme présence maternelle ethéroïque. L’extrait suivant provient du récit de Jehan de Witte, publié deuxans après la mort de l’évêque (1922) :Cette vaillante petite Bretonne, d’une indomptable énergie a été plusieurs foisà la mort. Son dévouement n’a d’égal que sa modestie. “Demandez-lui cequ’elle fait” disait Mgr. Augouard, elle vous répondra : rien d’extraordinaire ;mais les corvées les plus fatigantes, les labeurs les plus pénibles, les veillesprolongées, les soucis accablants, les courses périlleuses dans la brousse, lessoins maternels pour ses filles blanches et noires, la surveillance minitieuse desa maison, le suivi de ses anciennes élèves…, tout cela, Mère Mariel’accomplit sans soupçonner que c’est de l’extraordinaire à jet continu, car ilfaut mettre en marge les difficultés du climat et la santé de la bonnereligieuse. 52Étant donné la composition diverse de la population coloniale deBrazzaville et sa tendance anti-cléricale à la fin du siècle, il y avait sans aucundoute beaucoup de personnes qui ne faisaient pas vraiment attention auxsœurs. Pourtant, Mère Marie figurait dans les écrits d’auteurs étrangers à la50 « Oubangui : le récit par Père Jules Rémy », Les missions catholiques 25, (1893) : 415-17, 427-9,440-3 ; aussi dans De Banville, Kalouka et Zoungoula, pp.139-52. Dans la description de sonvoyage à travers Mayombe, Mère Marie écrivait : « nous entrons dans une vaste forêt de cinqjours de marche … un dôme de verdure laisse à peine une petite éclaircie aux voyageurs. » Lerécit de Mère Marie figure dans la collection de papiers conservés par sa famille avec une copiedans ASSJC, 2A/u.3.2.. Il a été publié à l’époque dans le BCSSJC, 30 (1893), pp.542-51, et plusrécemment dans De Banville, Kalouka et Zoungoula, pp.130-6. Les références à ce voyage apparaissentdans les textes de l’époque dont l’objectif était de démontrer la contribution des religieusesà l’expansion française. Voir, par exemple, A.A. Fauvel, Nos religieuses dans les missions :patriotisme et dévouement (Paris : Desclée de Brouwer Cie. : Lille, 1904), p.62 ; et Georges Goyau,La femme dans les missions (Paris : Ernest Flammarion, 1933), p.5051 Rémy, « Oubangui », Les missions catholiques 25 (1893), p.416.52 Jehan de Witte, Monseigneur Augouard (Paris : Émile-Paul Frères, 1924), p.98. Souligné parl’auteur.