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Eglise, Empire et Genre dans la vie de Mère Marie-Michelle Dédié

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14PHYLLIS M. MARTINcomme orpheline. Elle fut élevée <strong>dans</strong> un foyer mo<strong>de</strong>ste par sa tante <strong>et</strong> sononcle maternels qui étaient bou<strong>la</strong>ngers. Son frère, <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans son aîné, al<strong>la</strong>ittravailler plus tard comme marin au Service <strong>de</strong>s douanes. La ville <strong>de</strong>Plougastel, qui se trouve aujourd’hui à une courte distance en bus <strong>de</strong> <strong>la</strong>gran<strong>de</strong> ville portuaire <strong>de</strong> Brest, était à l’époque une p<strong>et</strong>ite localité isolée carelle se trouvait sur une péninsule qui ne fut rattachée à <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> ville par unpont vers 1930 seulement. La famille <strong>de</strong> <strong>la</strong> future religieuse était très pieuse,tout comme <strong>la</strong> majorité <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion br<strong>et</strong>onne. De gran<strong>de</strong>s églisesdominaient les p<strong>et</strong>ites communautés <strong>et</strong> <strong>de</strong>s calvaires se dressaient sur le bord<strong>de</strong>s routes que Mère <strong>Marie</strong> empruntait tout au long <strong>de</strong> son enfance. Selon ungui<strong>de</strong> touristique datant <strong>de</strong> 1910, Plougastel était connue pour sa magnifiqueéglise médiévale, sa croix ornée <strong>dans</strong> <strong>la</strong> cour <strong>de</strong> l’église <strong>et</strong> ses cultures <strong>de</strong>fraises exportées en Angl<strong>et</strong>erre. C<strong>et</strong>te ville était aussi connue pour sesmariages collectifs, une pratique qui remontait à plus <strong>de</strong> quatre siècles. Troisfois par an, environ trente à quarante couples se mariaient lors d’unecérémonie unique à l’église en présence <strong>de</strong> leurs familles qui partageaient leservice religieux, le banqu<strong>et</strong>, <strong>la</strong> <strong>dans</strong>e <strong>et</strong> <strong>la</strong> musique 12 . C’était une célébrationimpressionnante du mariage chrétien <strong>et</strong> mentionnée ici car <strong>la</strong> future Mèresupérieure al<strong>la</strong>it s’en souvenir plus tard <strong>et</strong> réinventer c<strong>et</strong>te tradition enAfrique équatoriale 13 .<strong>Marie</strong>-<strong>Michelle</strong> Dédié fut envoyée à l’école <strong>de</strong>s Filles du Saint-Esprit oùelle reçut une éducation au couvent orientée sur les matières religieuses(étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Bible, catéchisme, <strong>vie</strong> <strong>de</strong>s Saints), le français <strong>et</strong> <strong>la</strong> piété. Àl’époque, <strong>la</strong> majeure partie <strong>de</strong> l’éducation <strong>de</strong>s filles en France était sous <strong>la</strong>responsabilité <strong>de</strong> religieuses, surtout <strong>dans</strong> <strong>de</strong>s régions pieuses comme <strong>la</strong>Br<strong>et</strong>agne 14 . C<strong>et</strong>te congrégation n’existait pas outre-mer <strong>et</strong>, quand <strong>la</strong> jeune filleexprima son désir <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir sœur missionnaire, elle fut envoyée au noviciat<strong>de</strong>s Sœurs <strong>de</strong> Saint-Joseph <strong>de</strong> Cluny à Gourin. À c<strong>et</strong>te époque ces religieusesavaient <strong>de</strong>s communautés <strong>dans</strong> plusieurs colonies, notamment au Sénégal,12 Hervé Quintin, Mémoire en images : Plougastel (Rennes : A<strong>la</strong>n Sutton, 1994) ; exposition au muséelocal en 1998 ; entr<strong>et</strong>iens avec Jean<strong>et</strong>te Unvoas <strong>et</strong> Maryvonne Lannon, Brest, 26 <strong>et</strong> 27 novembre1998 ; papiers <strong>de</strong> <strong>la</strong> famille Unvoas ; certificats <strong>de</strong> naissance aux archives municipales <strong>de</strong>Brest ; <strong>et</strong> divers avis <strong>de</strong> décès, en particulier ceux du Bull<strong>et</strong>in <strong>de</strong> <strong>la</strong> Congrégation <strong>de</strong>s Sœurs <strong>de</strong> Saint-Joseph <strong>de</strong> Cluny (BCSSJC), 213 (1947) : pp.689-695, dont l’original se trouve <strong>dans</strong> leurs archives(2A/u.2.3.).13 Voir infra.14 Sarah A. Curtis, Educating the Faithful (DeKalb : Northern Illinois University Press, 2000),pp.23-30, 139-141 ; Stone, « Anticlericals and bonnes sœurs », p.111 ; Rebecca Rogers, « R<strong>et</strong>rogra<strong>de</strong>or Mo<strong>de</strong>rn ? Unveiling the Teaching Nun in Nin<strong>et</strong>eenth Century France », Social History,2 (1998) : pp.146-64.

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