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Eglise, Empire et Genre dans la vie de Mère Marie-Michelle Dédié

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EGLISE, EMPIRE & GENRE 27les l<strong>et</strong>tres <strong>de</strong> Mgr. Augouard furent publiées par son frère, chanoine àPoitiers, qui s’ajoutèrent à <strong>la</strong> documentation re<strong>la</strong>tant <strong>la</strong> carrière <strong>de</strong> l’évêquepar le biais <strong>de</strong> récits biographiques 47 . Ces sources étaient émaillées <strong>de</strong>références <strong>et</strong> d’images <strong>de</strong> Mère <strong>Marie</strong>, <strong>la</strong> principale présence féminine <strong>dans</strong>l’enseignement <strong>de</strong> <strong>la</strong> foi <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> pratique religieuse. Malgré les tensions entrel’évêque <strong>et</strong> <strong>la</strong> Mère supérieure (leurs re<strong>la</strong>tions semblent s’être amélioréescomme s’ils avaient atteint un certain modus vivendi <strong>et</strong> probablementdéveloppé une certaine affection mutuelle vers <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> leur carrière), <strong>de</strong>sanecdotes sur Mère <strong>Marie</strong> <strong>la</strong> qualifiaient d’auxiliaire fidèle, toute <strong>de</strong> dévotion,d’endurance, <strong>de</strong> dévouement <strong>et</strong> <strong>de</strong> courage. On l’appe<strong>la</strong>it, <strong>et</strong> même encore<strong>de</strong> nos jours, « <strong>la</strong> p<strong>et</strong>ite Mère <strong>Marie</strong> », un surnom faisant référence à sa p<strong>et</strong>it<strong>et</strong>aille. En eff<strong>et</strong>, sa p<strong>et</strong>ite corpulence frêle rendait ses actions encore plusremarquables aux yeux <strong>de</strong> ceux qui écrivaient à son suj<strong>et</strong>. Une anecdote quiapparaît <strong>dans</strong> plusieurs récits <strong>et</strong> que les religieuses se racontent encoreaujourd’hui fait état <strong>de</strong> <strong>la</strong> première fois que <strong>la</strong> toute nouvelle Mère supérieurefut présentée à Monseigneur Augouard par <strong>la</strong> Mère générale à Paris. Onraconte qu’il se serait exc<strong>la</strong>mé avec surprise : « Que vais-je faire d’une sip<strong>et</strong>ite Mère supérieure ? Va-t-elle seulement tenir le voyage ? » 48 .Le voyage fut en eff<strong>et</strong> frappant, <strong>dans</strong> <strong>la</strong> réalité <strong>et</strong> <strong>dans</strong> l’imaginationcoloniales, d’autant plus que les quatre religieuses étaient les premièresfemmes b<strong>la</strong>nches à voyager <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te partie <strong>de</strong> l’Afrique 49 . Ce fut aussi <strong>la</strong>présentation <strong>de</strong> Mère <strong>Marie</strong> aux lecteurs <strong>de</strong> l’hebdomadaire Les missionscatholiques. Le Père Rémy, qui avait été envoyé pour escorter les Sœurs, fit lerécit <strong>de</strong> ce périple <strong>de</strong> 560 kilomètres en 21 jours <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> côte <strong>de</strong> Brazzavillele long <strong>de</strong> l’étroit sentier <strong>de</strong>s caravanes, sur les montagnes Mayomberecouvertes d’une forêt <strong>vie</strong>rge très <strong>de</strong>nse <strong>et</strong> à travers les p<strong>la</strong>ines étouffantes <strong>et</strong>les hautes herbes <strong>de</strong> l’intérieur. Ce récit, publié en épiso<strong>de</strong>s répartis sur trois47 Prosper P. Augouard, 28 années au Congo (Poitiers : Société française d’Imprimerie <strong>et</strong> <strong>de</strong> Librairie,1905) ; 36 années au Congo (Poitiers : Société française d’Imprimerie <strong>et</strong> <strong>de</strong> Librairie, 1914) ;44 années au Congo (Evreux : Poussin, 1934). Aussi Chanoine Augouard, Anecdotes congo<strong>la</strong>ises(Poitiers : Poussin, 1934) <strong>et</strong> La <strong>vie</strong> inconnue <strong>de</strong> Monseigneur Augouard (Evreux : M. Poussin, 1934).48 C<strong>et</strong>te histoire m’a été racontée à Brazzaville <strong>et</strong> à Paris par les religieuses <strong>de</strong> <strong>la</strong> congrégation.Elle est publiée <strong>dans</strong> plusieurs sources <strong>et</strong> même <strong>dans</strong> l’avis <strong>de</strong> décès officiel <strong>de</strong> Mère <strong>Marie</strong> <strong>et</strong>,plus récemment <strong>dans</strong> le récit <strong>de</strong> l’une <strong>de</strong>s Sœurs <strong>de</strong> Cluny, « Notice biographique <strong>de</strong> Mère <strong>Marie</strong>», Kalouka <strong>et</strong> Zoungou<strong>la</strong>, 122.49 Pour une discussion sur <strong>la</strong> « mystification » <strong>de</strong> l’impérialisme <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> conversion sur « lesconnaissances locales (discours) en connaissances nationales européennes <strong>et</strong> continentales associéesà <strong>de</strong>s formes européennes <strong>de</strong> re<strong>la</strong>tions du pouvoir », en particulier en ce qui concernele paysage, voir l’étu<strong>de</strong> importante <strong>de</strong> <strong>Marie</strong> Louise Pratt, Imperial Eyes : Travel Writing andTransculturation (Londres : Routledge, 1992), p.xi, 202.

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