EXPLORER
defis7
defis7
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
<strong>EXPLORER</strong> – QUE PEUT L’ÉTAT<br />
Entretien avec<br />
31<br />
individus radicalisés ou en voie de<br />
radicalisation, les individus suspectés<br />
de préparer des actes terroristes<br />
ou de partir en zone syro-irakienne<br />
relèvent du périmètre de la DGSI.<br />
Les objectifs prioritaires sont les filières<br />
syriennes, les dossiers signalés<br />
par les services partenaires ainsi que<br />
l’environnement et la surveillance<br />
d’objectifs potentiellement violents<br />
de la mouvance dite endogène. Si l’islam<br />
radical alimente ainsi majoritairement<br />
la menace terroriste, celle-ci<br />
peut également provenir d’autres<br />
mouvances (extrême gauche, néo-fascismes,<br />
écologie radicale, animaliers,<br />
mouvements séparatistes). Rappelons<br />
également qu’en matière judiciaire, la<br />
DGSI oeuvre en coordination et/ou cosaisine<br />
avec les services de police judiciaire<br />
compétents (Direction centrale<br />
de la police judiciaire-Sous-direction<br />
antiterroriste/DCPJ-SDAT, Direction de<br />
la police judiciaire de la préfecture de<br />
police-Section antiterroriste/PJPP-SAT).<br />
La DGSI suit plusieurs milliers<br />
d’objectifs répertoriés par le fichier<br />
des signalements pour la prévention<br />
de la radicalisation à caractère<br />
terroriste, en coopération étroite<br />
avec le SCRT notamment, dans le<br />
cadre d’un processus clairement<br />
établi (signalements, évaluations<br />
et traitements dans le cadre des<br />
états-majors de sécurité (EMS)<br />
départementaux placés sous l’autorité<br />
des préfets). L’action du service en<br />
matière de lutte antiterrorisme repose<br />
sur les trois composantes cardinales<br />
que sont l’anticipation, l’entrave et la<br />
neutralisation :<br />
• L’action de renseignement est essentielle.<br />
Elle repose sur la mobilisation<br />
des capteurs humains et techniques,<br />
des moyens de surveillance de l’internet<br />
notamment, et des coopérations<br />
nationales et internationales. La Loi<br />
renseignement de juillet 2015 permet<br />
et encadre un certain nombre d’opérations<br />
techniques dans le domaine<br />
de la lutte anti-terroriste.<br />
• Une action d’entrave administrative<br />
qui permet aux services de solliciter<br />
la mise en oeuvre d’un éventail assez<br />
large de mesures : interdiction du<br />
territoire (entrée et sortie), retrait et<br />
refus de délivrance de passeports, gel<br />
des avoirs, blocage de sites internet,<br />
dissolution d’associations, expulsions<br />
d’étrangers du territoire national.<br />
• Une action judiciaire essentielle de<br />
démantèlement des réseaux et de<br />
neutralisation des projets d’attentats.<br />
De nombreux projets d’attentats sur<br />
le territoire national ont été déjoués<br />
depuis 2013. Près de 180 mesures<br />
de garde à vue ont été prises depuis<br />
le début de l’année 2016, et plus<br />
de 300 dossiers judiciaires sont en<br />
cours qui concernent plus d’un<br />
millier d’individus, ce qui permet de<br />
déjouer régulièrement des actions<br />
terroristes. Le choix du parquet de<br />
Paris de criminaliser l’incrimination<br />
d’association de malfaiteurs en lien<br />
avec un projet terroriste dès lors<br />
que des vies humaines étaient en<br />
jeu ou que des substances explosives<br />
étaient susceptibles d’être utilisées,<br />
contribue à accroître l’effectivité et<br />
l’efficacité des sanctions.<br />
La coopération avec les services<br />
partenaires s’avère fondamentale en<br />
matière de lutte anti-terroriste. Ainsi,<br />
rappelons qu’en réponse à un impératif<br />
opérationnel, le décret n° 2015-1807<br />
du 28 décembre 2015, consécutif à<br />
la loi n°2015-912 du 24 juillet 2015<br />
relative au renseignement, a ouvert<br />
l’accès au traitement d’antécédents<br />
judiciaires aux agents des services<br />
de renseignement. Avec la DGSE, la<br />
coopération est complémentaire et<br />
s’effectue tant sur le plan opérationnel<br />
que technique.<br />
Quelle est la nature de votre<br />
coopération avec les entreprises<br />
et quel accompagnement<br />
concret pouvez-vous leur apporter?<br />
Dans le cadre de sa mission de<br />
sécurité économique, la DGSI est un<br />
interlocuteur privilégié des directeurs<br />
de sécurité et de sûreté des entreprises.<br />
Le dialogue porte sur la détection,<br />
l’évaluation et l’analyse des menaces<br />
auxquelles sont confrontées les<br />
sociétés, au premier rang desquelles<br />
les ingérences économiques émanant<br />
d’acteurs étrangers, les cybermenaces<br />
et les phénomènes de radicalisation<br />
préparatoire à une action terroriste.<br />
Bien que des événements plus anciens<br />
aient déjà alerté sur le caractère<br />
prégnant de la menace, les événements<br />
de Saint-Quentin-Fallavier (Isère)<br />
du 26 juin 2015 ont mis en exergue<br />
l’exposition de l’entreprise au<br />
terrorisme islamique sur le territoire<br />
national. Les risques encourus par<br />
l’entreprise sont protéiformes et<br />
multiscalaires :<br />
– Le risque exogène porte sur les<br />
éléments relatifs à une menace<br />
terroriste étrangère à l’entreprise.<br />
– Le risque endogène concerne les<br />
menaces provenant du personnel<br />
interne à l’entreprise (salariés mais<br />
aussi stagiaires, intérimaires...).<br />
Il s’agit des individus en mesure<br />
d’agir plus facilement au coeur de<br />
l’entreprise, compte tenu de leurs<br />
facilités de circulation dans les<br />
bâtiments.<br />
– Le risque voyage concerne les<br />
expositions liées aux trajets<br />
quotidiens domicile-bureau tout<br />
comme celles des missionnaires<br />
(déplacement de délégation, mission<br />
ponctuelle, participation à un salon<br />
professionnel...), et des expatriés.<br />
Dans ce domaine, l’accompagnement<br />
de la DGSI porte notamment sur une<br />
analyse de la menace, un dialogue sur<br />
les mesures à prendre en interne et<br />
une offre de sensibilisation spécifique<br />
des cadres ou des comités exécutifs.<br />
La DGSI reçoit ainsi un certain<br />
nombre de signalements et/ou est<br />
interrogée sur des individus suspectés<br />
de radicalisation, voire de velléités de<br />
passage à l’acte, qui font l’objet d’un<br />
traitement pouvant conduire à terme<br />
à l’ouverture d’une enquête judiciaire.<br />
Déjà perceptible depuis plusieurs<br />
mois, ce phénomène s’est amplifié<br />
suite aux attentats de janvier 2015 et<br />
celui de Saint-Quentin-Fallavier et,<br />
plus encore, depuis les évènements du<br />
13 novembre 2015.<br />
Le décret du 28 mai 2010 interdit<br />
toute transmission des<br />
Fiches « S » aux maires comme aux<br />
employeurs en dehors des officiers<br />
de police, des militaires et des autorités<br />
judiciaires... Quelles solutions<br />
n°7 - 2016 › SOMMAIRE