16.12.2016 Views

EXPLORER

defis7

defis7

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

<strong>EXPLORER</strong> – QUE PEUT L’ÉTAT<br />

Vers un accroissement des pouvoirs des acteurs privés de la sécurité ?<br />

47<br />

tingués et s’organiser en fonction des<br />

besoins du terrain : les grands évènements<br />

ne demandent pas la même<br />

mobilisation ni le même niveau d’intervention<br />

que la gestion de la sécurité<br />

au quotidien dans une entreprise.<br />

Dans le cas d’un évènement d’ampleur,<br />

la force publique envoie des patrouilles<br />

sur la voie publique. Elle est<br />

en mesure de répondre, en cas d’urgence,<br />

à une attaque armée. Son rôle<br />

n’est pas de sécuriser les locaux des<br />

entreprises ou de gérer les accès aux<br />

manifestations sportives ou culturelles.<br />

Cela relève de la sécurité privée,<br />

dont le périmètre d’intervention<br />

s’étend de plus en plus. La menace<br />

terroriste oblige désormais à mettre<br />

en oeuvre de nouveaux procédés de<br />

sécurité tenant compte de la sensibilité<br />

et de la vulnérabilité des infrastructures<br />

qu’il convient de protéger. Les<br />

opérateurs privés de sécurité sont<br />

mandatés par les directions sûreté ou<br />

les directions générales pour assurer<br />

la sécurité des salariés, des infrastructures<br />

et des accès. Le rôle de la police<br />

est de sécuriser la voie publique, de<br />

contrôler les abords par des passages<br />

et des rondes. Il est également d’informer<br />

les services de l’État et d’intervenir<br />

en cas de menace avérée.<br />

Concernant l’armement, les demandes<br />

de la part des entreprises restent exceptionnelles.<br />

C’est pourtant une possibilité<br />

réelle, mise en oeuvre depuis<br />

peu dans quelques entreprises.<br />

Par ailleurs, une intervention de ce<br />

type doit être comprise dans la durée.<br />

Le préfet autorise l’acquisition<br />

des armes par l’entreprise, laquelle<br />

doit ensuite trouver un opérateur<br />

privé de sécurité qui, lui-même,<br />

doit demander au préfet des autorisations<br />

individuelles de détention<br />

d’armes sur le site de l’entreprise bénéficiaire.<br />

L’achat des armes et leur<br />

stockage est à la charge de l’entreprise.<br />

Elle doit donc faire l’acquisition<br />

d’un système de sécurisation des<br />

armes.<br />

L’entreprise ne peut-elle pas<br />

faire directement appel à un<br />

opérateur privé de sécurité avec ses<br />

propres gardes armés ?<br />

Ça n’existe pas en France. En effet, ce<br />

n’est pas une accréditation que l’on<br />

donne à l’entreprise de sécurité. Le<br />

préfet l’attribue, individuellement, à<br />

chacun de ses agents, et prend fin à<br />

la rupture du contrat. Cette précision<br />

est mentionnée dans le permis de port<br />

d’arme. Par ailleurs, le droit du travail<br />

s’appliquant, lorsqu’il y a un changement<br />

de prestataire, l’entreprise qui<br />

reprend le marché a l’obligation de<br />

conserver les salariés s’ils l’exigent.<br />

C’est une règle qui s’applique à tous les<br />

prestataires, que ce soit une entreprise<br />

de nettoyage ou d’armement.<br />

Des formations particulières<br />

sont-elles exigées ?<br />

Nous avons créé à la Préfecture de<br />

Police une forme de jurisprudence<br />

locale sur les critères attendus des<br />

gardes qui se présentent. Mais la loi<br />

va être complétée en matière de formation.<br />

C’est le préfet qui, en dernier<br />

ressort, a le pouvoir d’appréciation<br />

sur la fiabilité de l’intéressé (extrait<br />

de casier judiciaire, enquête de moralité,<br />

maîtrise de l’arme, expérience<br />

professionnelle, inscription en club<br />

de tir, etc.).<br />

Les entreprises, salariés, public<br />

et visiteurs qui participent<br />

aux grands évènements organisés<br />

dans la capitale sont exposés aux<br />

risques d’attentats. L’état d’urgence<br />

justifie-t-il la mobilisation systématique<br />

de gardes armés ?<br />

Les moyens de l’État sont adaptés et<br />

suffisants pour sécuriser ces évènements<br />

ponctuels. Pour le moment,<br />

l’armement d’agents privés sur ce<br />

type de mission n’est pas possible.<br />

La Préfecture de Police est structurée<br />

pour faire face à cette demande de<br />

sécurité, qui se concrétise par la mise<br />

en place de patrouilles dynamiques,<br />

réparties par secteurs , dédiées à<br />

cette mission, et formées pour intervenir<br />

en cas d’urgence et de menace<br />

avérée. Ces patrouilles, visibles, ont<br />

le double avantage de rassurer la<br />

population et de rester imprévisibles<br />

pour des personnes malveillantes<br />

qui auraient étudié le dispositif en<br />

amont.<br />

Nous avons réduit drastiquement le<br />

nombre des sites placés sous surveillance<br />

statique, cette dernière étant<br />

davantage déléguée aux opérateurs<br />

privés de sécurité sur une longue<br />

durée.<br />

En dehors des OIV et Seveso,<br />

dont la sécurisation fait déjà<br />

l’objet d’un dispositif spécifique,<br />

percevez-vous des zones plus particulièrement<br />

exposées au risque<br />

d’attentat ?<br />

L’évolution des modes opératoires et<br />

la diversification des cibles rendent<br />

potentiellement tous les secteurs<br />

d’activités, économique ou humaine,<br />

vulnérables. Des efforts particuliers<br />

sont faits pour sécuriser les sites religieux,<br />

les espaces de transports, les<br />

grands centres commerciaux, les sites<br />

touristiques et les institutions. À titre<br />

d’illustration, des exercices d’ampleur<br />

sont régulièrement organisés<br />

par la Préfecture de Haute Seine. La<br />

BRI réalise des exercices d’entraînement<br />

de nuit dans de grands centres<br />

commerciaux parisiens. Quant aux<br />

transports, nous entretenons des<br />

liens extrêmement privilégiés avec<br />

la SNCF et la RATP.<br />

Concernant ces sites, des équipes dédiées<br />

patrouillent dans Paris avec une<br />

densité supérieure à la moyenne. Des<br />

unités de force mobile (CRS et gendarmes)<br />

viennent encore renforcer<br />

le dispositif. Une force d’intervention<br />

rapide, en système d’astreinte, permettant<br />

d’intervenir rapidement sur<br />

un attentat équipée avec des armes<br />

de guerre, est également prévue en<br />

relais avec l’intervention de la BRI.<br />

La Préfecture a-t-elle un rôle<br />

dans la prévention de la radicalisation<br />

qui touche ces secteurs<br />

d’activités ?<br />

Le dispositif national CNAPR met à<br />

disposition un numéro vert que tout<br />

citoyen, salarié, ou chef d’entreprise,<br />

peut appeler pour signaler des comportements<br />

sensibles. Une réunion<br />

régulière étudie, cas par cas, nominativement,<br />

les signalements. Elle associe<br />

les services de renseignement et de<br />

police, en présence d’un haut fonctionnaire<br />

chargé de la prévention de<br />

n°7 - 2016 › SOMMAIRE

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!