EXPLORER
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<strong>EXPLORER</strong> – QUE PEUT L’ÉTAT<br />
Vers un accroissement des pouvoirs des acteurs privés de la sécurité ?<br />
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tingués et s’organiser en fonction des<br />
besoins du terrain : les grands évènements<br />
ne demandent pas la même<br />
mobilisation ni le même niveau d’intervention<br />
que la gestion de la sécurité<br />
au quotidien dans une entreprise.<br />
Dans le cas d’un évènement d’ampleur,<br />
la force publique envoie des patrouilles<br />
sur la voie publique. Elle est<br />
en mesure de répondre, en cas d’urgence,<br />
à une attaque armée. Son rôle<br />
n’est pas de sécuriser les locaux des<br />
entreprises ou de gérer les accès aux<br />
manifestations sportives ou culturelles.<br />
Cela relève de la sécurité privée,<br />
dont le périmètre d’intervention<br />
s’étend de plus en plus. La menace<br />
terroriste oblige désormais à mettre<br />
en oeuvre de nouveaux procédés de<br />
sécurité tenant compte de la sensibilité<br />
et de la vulnérabilité des infrastructures<br />
qu’il convient de protéger. Les<br />
opérateurs privés de sécurité sont<br />
mandatés par les directions sûreté ou<br />
les directions générales pour assurer<br />
la sécurité des salariés, des infrastructures<br />
et des accès. Le rôle de la police<br />
est de sécuriser la voie publique, de<br />
contrôler les abords par des passages<br />
et des rondes. Il est également d’informer<br />
les services de l’État et d’intervenir<br />
en cas de menace avérée.<br />
Concernant l’armement, les demandes<br />
de la part des entreprises restent exceptionnelles.<br />
C’est pourtant une possibilité<br />
réelle, mise en oeuvre depuis<br />
peu dans quelques entreprises.<br />
Par ailleurs, une intervention de ce<br />
type doit être comprise dans la durée.<br />
Le préfet autorise l’acquisition<br />
des armes par l’entreprise, laquelle<br />
doit ensuite trouver un opérateur<br />
privé de sécurité qui, lui-même,<br />
doit demander au préfet des autorisations<br />
individuelles de détention<br />
d’armes sur le site de l’entreprise bénéficiaire.<br />
L’achat des armes et leur<br />
stockage est à la charge de l’entreprise.<br />
Elle doit donc faire l’acquisition<br />
d’un système de sécurisation des<br />
armes.<br />
L’entreprise ne peut-elle pas<br />
faire directement appel à un<br />
opérateur privé de sécurité avec ses<br />
propres gardes armés ?<br />
Ça n’existe pas en France. En effet, ce<br />
n’est pas une accréditation que l’on<br />
donne à l’entreprise de sécurité. Le<br />
préfet l’attribue, individuellement, à<br />
chacun de ses agents, et prend fin à<br />
la rupture du contrat. Cette précision<br />
est mentionnée dans le permis de port<br />
d’arme. Par ailleurs, le droit du travail<br />
s’appliquant, lorsqu’il y a un changement<br />
de prestataire, l’entreprise qui<br />
reprend le marché a l’obligation de<br />
conserver les salariés s’ils l’exigent.<br />
C’est une règle qui s’applique à tous les<br />
prestataires, que ce soit une entreprise<br />
de nettoyage ou d’armement.<br />
Des formations particulières<br />
sont-elles exigées ?<br />
Nous avons créé à la Préfecture de<br />
Police une forme de jurisprudence<br />
locale sur les critères attendus des<br />
gardes qui se présentent. Mais la loi<br />
va être complétée en matière de formation.<br />
C’est le préfet qui, en dernier<br />
ressort, a le pouvoir d’appréciation<br />
sur la fiabilité de l’intéressé (extrait<br />
de casier judiciaire, enquête de moralité,<br />
maîtrise de l’arme, expérience<br />
professionnelle, inscription en club<br />
de tir, etc.).<br />
Les entreprises, salariés, public<br />
et visiteurs qui participent<br />
aux grands évènements organisés<br />
dans la capitale sont exposés aux<br />
risques d’attentats. L’état d’urgence<br />
justifie-t-il la mobilisation systématique<br />
de gardes armés ?<br />
Les moyens de l’État sont adaptés et<br />
suffisants pour sécuriser ces évènements<br />
ponctuels. Pour le moment,<br />
l’armement d’agents privés sur ce<br />
type de mission n’est pas possible.<br />
La Préfecture de Police est structurée<br />
pour faire face à cette demande de<br />
sécurité, qui se concrétise par la mise<br />
en place de patrouilles dynamiques,<br />
réparties par secteurs , dédiées à<br />
cette mission, et formées pour intervenir<br />
en cas d’urgence et de menace<br />
avérée. Ces patrouilles, visibles, ont<br />
le double avantage de rassurer la<br />
population et de rester imprévisibles<br />
pour des personnes malveillantes<br />
qui auraient étudié le dispositif en<br />
amont.<br />
Nous avons réduit drastiquement le<br />
nombre des sites placés sous surveillance<br />
statique, cette dernière étant<br />
davantage déléguée aux opérateurs<br />
privés de sécurité sur une longue<br />
durée.<br />
En dehors des OIV et Seveso,<br />
dont la sécurisation fait déjà<br />
l’objet d’un dispositif spécifique,<br />
percevez-vous des zones plus particulièrement<br />
exposées au risque<br />
d’attentat ?<br />
L’évolution des modes opératoires et<br />
la diversification des cibles rendent<br />
potentiellement tous les secteurs<br />
d’activités, économique ou humaine,<br />
vulnérables. Des efforts particuliers<br />
sont faits pour sécuriser les sites religieux,<br />
les espaces de transports, les<br />
grands centres commerciaux, les sites<br />
touristiques et les institutions. À titre<br />
d’illustration, des exercices d’ampleur<br />
sont régulièrement organisés<br />
par la Préfecture de Haute Seine. La<br />
BRI réalise des exercices d’entraînement<br />
de nuit dans de grands centres<br />
commerciaux parisiens. Quant aux<br />
transports, nous entretenons des<br />
liens extrêmement privilégiés avec<br />
la SNCF et la RATP.<br />
Concernant ces sites, des équipes dédiées<br />
patrouillent dans Paris avec une<br />
densité supérieure à la moyenne. Des<br />
unités de force mobile (CRS et gendarmes)<br />
viennent encore renforcer<br />
le dispositif. Une force d’intervention<br />
rapide, en système d’astreinte, permettant<br />
d’intervenir rapidement sur<br />
un attentat équipée avec des armes<br />
de guerre, est également prévue en<br />
relais avec l’intervention de la BRI.<br />
La Préfecture a-t-elle un rôle<br />
dans la prévention de la radicalisation<br />
qui touche ces secteurs<br />
d’activités ?<br />
Le dispositif national CNAPR met à<br />
disposition un numéro vert que tout<br />
citoyen, salarié, ou chef d’entreprise,<br />
peut appeler pour signaler des comportements<br />
sensibles. Une réunion<br />
régulière étudie, cas par cas, nominativement,<br />
les signalements. Elle associe<br />
les services de renseignement et de<br />
police, en présence d’un haut fonctionnaire<br />
chargé de la prévention de<br />
n°7 - 2016 › SOMMAIRE