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<strong>EXPLORER</strong> – IMPACTS ET RÉPONSES<br />
Fait religieux et radicalisation djihadiste : le tabou est-il brisé ?<br />
Interview de<br />
FRANÇOIS PUPPONI<br />
Député Maire de Sarcelles<br />
À supposer qu’il y en ait une,<br />
comment se caractérise la<br />
contribution des acteurs locaux à la<br />
politique de sécurité publique ?<br />
De façon générale, les relations<br />
partenariales entre les collectivités<br />
locales avec les pouvoirs publics<br />
déconcentrés sont trop rares. Elles<br />
sont encore, pour le moment, très<br />
informelles et dépendent de l’état<br />
des relations interpersonnelles de<br />
chacun avec le préfet ou les services de<br />
renseignement territoriaux.<br />
En outre, les collectivités locales ne<br />
sont pas systématiquement associées<br />
aux réformes qui les concernent de<br />
façon directe ou indirecte. Il en résulte<br />
des situations très inégales entre<br />
les territoires.<br />
Le contexte sécuritaire force nos<br />
institutions à faire évoluer leur<br />
fonctionnement. Cette adaptation<br />
contrainte met entre parenthèses leur<br />
capacité à coopérer efficacement,<br />
chacun s’efforçant d’agir dans son<br />
périmètre.<br />
La coproduction de sécurité<br />
est-elle aujourd’hui suffisante<br />
et adaptée au contexte ? Est-elle<br />
encore valable ? Quels en sont, à<br />
votre niveau, les principaux acteurs ?<br />
Conçue il y a 30 ou 40 ans pour mobiliser<br />
les institutions sur le problème de la<br />
délinquance, cette doctrine d’emploi<br />
n’est plus valable, en l’état, en matière<br />
de lutte contre le terrorisme. Les<br />
services de l’État, Police, Justice,<br />
Renseignement, considèrent le sujet<br />
trop grave pour être collectivement<br />
traité. Il y a, en toile de fond, une bataille<br />
sur les compétences régaliennes et les<br />
périmètres d’intervention de chacun.<br />
Nous avons tout intérêt à formaliser/<br />
systématiser les relations avec les<br />
services, c’est évident. Sur un sujet<br />
aussi grave, nous ne sommes pas encore<br />
capables de mettre toutes les<br />
institutions républicaines autour de<br />
la table... Nous devons pourtant nous<br />
accorder sur ce principe de réalité :<br />
nous sommes en guerre, nous sommes<br />
attaqués ! De ce constat, devrait découler<br />
une logique d’action collective.<br />
Sans cela, les tentatives de certains<br />
maires pour faire passer les messages<br />
resteront inefficaces et isolées.<br />
Je crois qu’il faut multiplier partout<br />
les structures de prévention, qui<br />
doivent être organisées par les<br />
services municipaux, départementaux<br />
et régionaux. Nous revivons le même<br />
débat que nous avons eu en matière<br />
de lutte et de prévention contre la<br />
délinquance il y a maintenant 20 ans.<br />
Il faut créer un réseau d’acteurs locaux<br />
en charge de la prévention de la<br />
radicalisation, puis mettre en place un<br />
groupe opérationnel de surveillance<br />
avec les services de l’État.<br />
Le phénomène religieux, communautariste,<br />
a-t-il des répercussions<br />
directes sur l’économie<br />
locale ?<br />
Le phénomène est inquiétant... Les<br />
« déstructurés » que nous avons dans<br />
nos banlieues sont plus ou moins récupérés<br />
par les réseaux avant de passer<br />
à l’acte. Ce sont des gens qui sont<br />
psychologiquement « fracassés » et<br />
qui, pour la plupart, sont des cas relevant<br />
de la psychiatrie. Nous le savons<br />
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n°7 - 2016