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84<br />

<strong>EXPLORER</strong> – IMPACTS ET RÉPONSES<br />

Fait religieux et radicalisation djihadiste : le tabou est-il brisé ?<br />

Interview de<br />

FRANÇOIS PUPPONI<br />

Député Maire de Sarcelles<br />

À supposer qu’il y en ait une,<br />

comment se caractérise la<br />

contribution des acteurs locaux à la<br />

politique de sécurité publique ?<br />

De façon générale, les relations<br />

partenariales entre les collectivités<br />

locales avec les pouvoirs publics<br />

déconcentrés sont trop rares. Elles<br />

sont encore, pour le moment, très<br />

informelles et dépendent de l’état<br />

des relations interpersonnelles de<br />

chacun avec le préfet ou les services de<br />

renseignement territoriaux.<br />

En outre, les collectivités locales ne<br />

sont pas systématiquement associées<br />

aux réformes qui les concernent de<br />

façon directe ou indirecte. Il en résulte<br />

des situations très inégales entre<br />

les territoires.<br />

Le contexte sécuritaire force nos<br />

institutions à faire évoluer leur<br />

fonctionnement. Cette adaptation<br />

contrainte met entre parenthèses leur<br />

capacité à coopérer efficacement,<br />

chacun s’efforçant d’agir dans son<br />

périmètre.<br />

La coproduction de sécurité<br />

est-elle aujourd’hui suffisante<br />

et adaptée au contexte ? Est-elle<br />

encore valable ? Quels en sont, à<br />

votre niveau, les principaux acteurs ?<br />

Conçue il y a 30 ou 40 ans pour mobiliser<br />

les institutions sur le problème de la<br />

délinquance, cette doctrine d’emploi<br />

n’est plus valable, en l’état, en matière<br />

de lutte contre le terrorisme. Les<br />

services de l’État, Police, Justice,<br />

Renseignement, considèrent le sujet<br />

trop grave pour être collectivement<br />

traité. Il y a, en toile de fond, une bataille<br />

sur les compétences régaliennes et les<br />

périmètres d’intervention de chacun.<br />

Nous avons tout intérêt à formaliser/<br />

systématiser les relations avec les<br />

services, c’est évident. Sur un sujet<br />

aussi grave, nous ne sommes pas encore<br />

capables de mettre toutes les<br />

institutions républicaines autour de<br />

la table... Nous devons pourtant nous<br />

accorder sur ce principe de réalité :<br />

nous sommes en guerre, nous sommes<br />

attaqués ! De ce constat, devrait découler<br />

une logique d’action collective.<br />

Sans cela, les tentatives de certains<br />

maires pour faire passer les messages<br />

resteront inefficaces et isolées.<br />

Je crois qu’il faut multiplier partout<br />

les structures de prévention, qui<br />

doivent être organisées par les<br />

services municipaux, départementaux<br />

et régionaux. Nous revivons le même<br />

débat que nous avons eu en matière<br />

de lutte et de prévention contre la<br />

délinquance il y a maintenant 20 ans.<br />

Il faut créer un réseau d’acteurs locaux<br />

en charge de la prévention de la<br />

radicalisation, puis mettre en place un<br />

groupe opérationnel de surveillance<br />

avec les services de l’État.<br />

Le phénomène religieux, communautariste,<br />

a-t-il des répercussions<br />

directes sur l’économie<br />

locale ?<br />

Le phénomène est inquiétant... Les<br />

« déstructurés » que nous avons dans<br />

nos banlieues sont plus ou moins récupérés<br />

par les réseaux avant de passer<br />

à l’acte. Ce sont des gens qui sont<br />

psychologiquement « fracassés » et<br />

qui, pour la plupart, sont des cas relevant<br />

de la psychiatrie. Nous le savons<br />

› SOMMAIRE<br />

n°7 - 2016

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