EXPLORER
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<strong>EXPLORER</strong> – IMPACTS ET RÉPONSES<br />
Témoignages… Maintenir les activités : à quels prix ?<br />
Outre les mesures réglementaires de<br />
sûreté aéroportuaires obligatoires<br />
évoquées plus haut, et que le groupe<br />
ADP applique avec la plus grande<br />
rigueur, nous avons déployé des<br />
mesures complémentaires en zone<br />
publique, non en substitution, mais<br />
en complément de ce que fait l’État :<br />
rondes de surveillance, déploiement<br />
d’équipes cynophiles de détection<br />
d’explosifs, contrôle aléatoire à l’entrée<br />
des terminaux, recours massif<br />
à la vidéo protection (8 000 caméras<br />
déployées dans nos aéroports),<br />
sont quelques-unes des mesures que<br />
nous avons mises en oeuvre après<br />
les attentats de 2015. Nous avons<br />
également recours à des agents de<br />
détection comportementale, discrètement<br />
placés à certains endroits<br />
stratégiques des aérogares, et nous<br />
formons nos agents en poste en zone<br />
publique à cette technique.<br />
Les directions sûreté ont-elles<br />
la marge de manoeuvre suffisante<br />
pour mettre à niveau les dispositifs<br />
de sûreté ?<br />
Si nous n’avons pas de marge de<br />
manoeuvre pour modifier, de notre<br />
propre initiative, les règles de sûreté<br />
aéroportuaire qui obéissent à des<br />
standards internationaux, nous<br />
avons pu décider assez librement des<br />
mesures additionnelles en zone publique.<br />
Nous avons pris le soin, toutefois,<br />
de nous concerter très étroitement<br />
avec les services locaux de<br />
l’État, placés sous l’autorité du préfet.<br />
Quelles sont les mesures exceptionnelles<br />
qui pourraient<br />
assurer la continuité des activités<br />
dans un contexte d’état d’urgence ?<br />
Les pouvoirs publics peuvent-ils en<br />
faciliter la mise en oeuvre ?<br />
La décision du gouvernement de<br />
décréter l’état d’urgence au soir des attaques<br />
terroristes du 13 novembre n’a<br />
pas entravé la continuité d’activité de<br />
nos aéroports. En revanche, le durcissement,<br />
au demeurant nécessaire, des<br />
contrôles aux frontières, a provoqué<br />
un allongement significatif du temps<br />
d’attente aux aubettes de la police de<br />
l’air et des frontières (PAF). Conscient<br />
de cette situation, le ministre de l’Intérieur<br />
a consenti des moyens humains<br />
supplémentaires, tandis que le groupe<br />
ADP porte et finance intégralement<br />
un programme de développement du<br />
contrôle automatisé aux frontières<br />
avec les sas Parafe. De manière plus<br />
générale, comme tous les opérateurs<br />
d’importance vitale (OIV), le groupe<br />
s’est doté d’un plan de continuité d’activité,<br />
destiné à répondre à des situations<br />
très dégradées. Il faudrait un évènement,<br />
naturel ou intentionnel, d’une<br />
ampleur exceptionnelle pour mettre<br />
nos aéroports à l’arrêt.<br />
Les dommages causés sur la<br />
voie publique peuvent impacter<br />
considérablement l’image d’une<br />
entreprise. Jusqu’où la manoeuvre<br />
sûreté est-elle à la charge de l’entreprise<br />
? La protection périmétrique/<br />
périphérique ne nécessite-t-elle pas<br />
une présence des forces publiques<br />
quasi systématique ? Les relations<br />
avec les partenaires publics (Préfectures<br />
; police et gendarmerie en<br />
fonction des secteurs de compétences<br />
; services de renseignement)<br />
sont-elles renforcés ?<br />
Comme je l’ai expliqué, la zone publique<br />
est sous le contrôle et la protection<br />
de l’État. La protection périphérique,<br />
qui ceinture l’ensemble de<br />
la zone aéroportuaire, est surveillée<br />
par la gendarmerie du transport<br />
aérien, les militaires de l’opération<br />
Sentinelle et les équipes du groupe<br />
ADP. Les relations avec les partenaires<br />
publics sont intenses, et se<br />
sont renforcées sous la pression de<br />
la menace terroriste. L’État a consenti<br />
des efforts significatifs en matière<br />
d’effectifs. À titre d’exemple, les effectifs<br />
des services de renseignement<br />
sur Roissy ont été plus que doublés<br />
dans la période récente. La vie quotidienne<br />
de quelque cent mille salariés<br />
sur nos plateformes, partagée avec<br />
celle des fonctionnaires de l’État, crée<br />
un écosystème public/privé original<br />
et propre au milieu aéroportuaire.<br />
Nous vivons quotidiennement avec<br />
l’État qui nous contrôle et nous protège.<br />
Les prestataires privés de sécurité<br />
sont-ils en mesure de répondre<br />
qualitativement aux besoins<br />
du secteur ? Qu’en est-il du contrôle<br />
de la sous-traitance et de la fiabilité<br />
des agents ? L’armement d’agents<br />
privés de sécurité est-il une solution ?<br />
Les procédures de contrôles de sûreté,<br />
appliquées aux passagers, aux<br />
personnels et aux bagages, sont mises<br />
en oeuvre par des entreprises privées<br />
sélectionnées par des appels d’offres<br />
dont les cahiers des charges sont particulièrement<br />
exigeants. Les salariés<br />
de ces entreprises doivent avoir la<br />
qualification d’agent de sûreté aéroportuaire,<br />
ils sont sélectionnés sur<br />
des bases rigoureuses et doivent passer<br />
par trois enquêtes successives de<br />
police avant de pouvoir exercer dans<br />
les aéroports. Leur travail est très<br />
contrôlé par les équipes d’ADP et les<br />
services de l’État. Les manquements<br />
aux procédures constatés peuvent<br />
donner lieu à des sanctions et à l’application<br />
d’un malus financier à l’encontre<br />
de l’employeur. C’est peu de<br />
dire que ce domaine d’activité, qui<br />
fait travailler quelque 5 000 salariés<br />
sur les aéroports franciliens, est particulièrement<br />
surveillé en raison de<br />
la sensibilité des missions de sûreté.<br />
S’agissant de l’armement des personnels,<br />
la profession aéroportuaire<br />
ne revendique pas un droit à l’armement<br />
pour les personnels privés<br />
puisque la protection des personnes<br />
et des biens incombe à l’État qui est<br />
fortement présent sur site.<br />
Le recrutement de futurs salariés<br />
ou sous-traitants requiert<br />
aujourd’hui davantage de vigilance<br />
de la part des directions sûreté et des<br />
RH. Ces derniers sont-ils sensibilisés à<br />
la question de la « radicalisation » ?<br />
Est-ce dans leurs prérogatives que<br />
d’en déterminer les critères ? Peuventelles<br />
en référer aux services de l’État ?<br />
En cas de comportement d’un salarié<br />
traduisant un risque de « radicalisation<br />
» ou de basculement vers la violence,<br />
la circulation des informations<br />
(montantes/descendantes) entre les<br />
services de l’État et l’employeur estelle<br />
en vigueur ?<br />
Le phénomène de la radicalisation<br />
religieuse, devenue en quelques<br />
années une question sociétale des<br />
plus sensibles concerne toutes les<br />
strates de la société et n’épargne<br />
évidemment pas le monde de<br />
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n°7 - 2016