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<strong>EXPLORER</strong> – IMPACTS ET RÉPONSES<br />

Témoignages… Maintenir les activités : à quels prix ?<br />

87<br />

ALAIN ZABULON<br />

Directeur de la Sûreté, du Management des Risques et de la Conformité– ADP<br />

Percevez-vous une aggravation<br />

de la menace terroriste sur<br />

votre secteur d’activité ? Les attentats<br />

représentent-ils un risque majeur<br />

dans les espaces dédiés aux<br />

transports en commun ?<br />

Oui incontestablement. La menace<br />

vise tous les modes de transport.<br />

N’oublions pas que, depuis 1980, une<br />

quinzaine d’attentats a visé les gares<br />

et aérogares européennes. S’agissant<br />

plus précisément du transport aérien,<br />

les groupes terroristes, et notamment<br />

les deux principaux, Daech et<br />

Al Qaida, désignent régulièrement ce<br />

mode de transport comme une cible<br />

prioritaire en visant soit l’avion soit,<br />

plus récemment, les aéroports. Les<br />

attentats meurtriers contre l’aéroport<br />

de Bruxelles, le 22 mars 2016, et celui<br />

d’Istanbul, pourtant réputé bien<br />

protégé le 28 juin dernier, confirment<br />

cette tendance.<br />

Une évolution du cadre juridique<br />

est-elle nécessaire ? La<br />

loi Savary trouvera-t-elle une application<br />

en mars 2016 dans les espaces<br />

aéroportuaires ?<br />

Les espaces aéroportuaires sont<br />

déjà régis par des règles spécifiques.<br />

Celles-ci sont définies par l’Organisation<br />

de l’Aviation Civile Internationale<br />

(OACI), sous forme de recommandations,<br />

et par l’Union européenne, sous<br />

forme de réglementations applicables<br />

à tous les États membres. La sûreté<br />

aéroportuaire, c’est-à-dire la protection<br />

des avions contre les actes de malveillance,<br />

n’a cessé de se renforcer depuis<br />

les attentats du 11 septembre. Chacun<br />

peut s’en rendre compte en tant que<br />

passager à l’occasion des contrôles<br />

de sûreté obligatoires pour accéder à<br />

l’avion. L’objectif de ces contrôles est<br />

de garantir le même niveau de sûreté<br />

dans tous les aéroports. Les aéroports<br />

non reconnus comme sûrs peuvent<br />

se voir imposer la mise en oeuvre de<br />

contrôles supplémentaires pour se<br />

conformer aux standards requis. Les<br />

gestionnaires d’aéroports sont tenus<br />

au strict respect de ces règles qui s’imposent<br />

aux États, lesquels encourent<br />

des sanctions en cas de manquement.<br />

En revanche, la sûreté dans les aérogares,<br />

ouvertes au public, n’est pas<br />

enserrée dans des règles internationales<br />

aussi strictes, et les États ont<br />

une grande latitude pour définir et<br />

faire appliquer les dispositions réglementaires<br />

qu’ils édictent. En France,<br />

les aérogares, parkings et linéaires<br />

d’accès, sont placés sous la protection<br />

de l’État, ce qui n’empêche pas le<br />

gestionnaire de déployer des mesures<br />

de surveillance avec ses moyens<br />

propres.<br />

Les investissements en matériels<br />

et dispositifs de sûreté qui<br />

contribuent à maintenir la confiance<br />

des consommateurs/visiteurs ne<br />

cessent de croître depuis les attentats<br />

du 13 novembre 2015. Ne faudrait-il<br />

pas définir un standard de<br />

sûreté en deçà duquel un modèle<br />

économique n’est plus jugé comme<br />

viable ? Par exemple, serait-il pertinent,<br />

selon vous, de généraliser le<br />

régime de protection des OIV aux<br />

secteurs plus particulièrement exposés<br />

à la menace ? Une transposition<br />

de l’arrêté du 11 septembre 2013,<br />

relatif aux mesures de sûreté de<br />

l’aviation civile, pourrait-elle-être<br />

envisagée aux autres secteurs<br />

d’activité ?<br />

Les investissements et matériels dédiés<br />

à la sûreté aéroportuaire sont<br />

certifiés par l’État et financés, comme<br />

toutes les autres dépenses de sûreté,<br />

par une taxe d’aéroport prélevée<br />

sur le billet d’avion. Pour les aéroports<br />

franciliens, cette taxe est de<br />

11,50 euros. C’est le prix à payer pour<br />

avoir la certitude d’embarquer dans<br />

un avion dont les passagers, les personnels<br />

navigants et les bagages ont<br />

été contrôlés. Le modèle français de<br />

financement de la sûreté fait reposer<br />

l’intégralité du financement de la<br />

sûreté sur le transport aérien – passagers<br />

et compagnies – et non sur le<br />

contribuable. Ce modèle économique,<br />

qui a fait ses preuves, est aujourd’hui<br />

questionné car il repose sur les acteurs<br />

économiques du transport aérien<br />

dans un environnement fortement<br />

concurrentiel. Si les dépenses<br />

de sûreté devaient continuer à augmenter<br />

sous l’effet de la menace terroriste,<br />

d’autres voies de financement<br />

devraient être alors imaginées.<br />

Sans entrer dans le détail des<br />

dispositifs de protection et<br />

de surveillance (ostentatoire-discrète),<br />

quelles sont les tendances<br />

à privilégier ?<br />

n°7 - 2016 › SOMMAIRE

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