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<strong>EXPLORER</strong> – QUE PEUT L’ÉTAT<br />

Vers un accroissement des pouvoirs des acteurs privés de la sécurité ?<br />

51<br />

optique, nouvelle puisque les organisations de formation aux<br />

métiers de la sécurité privée seront désormais contrôlées par<br />

le CNAPS : la réalité des formations et des examens, le sérieux<br />

des formateurs et des jurys seront sous l’oeil du régulateur, et<br />

sous le coup de sanctions en cas de manquements.<br />

Professionnalisation et moralisation restent des facteurs<br />

d’évolution significatifs pour la filière de la sécurité privée.<br />

De longue date, certains créneaux, comme le conseil<br />

et l’audit en sûreté, l’installation et la maintenance de<br />

dispositifs électroniques de sécurité, plus récemment l’autosurveillance,<br />

et les plates-formes collaboratives en sécurité<br />

privée, sont envisagés comme pouvant, ou devant, rejoindre<br />

le périmètre réglementé, et donc contrôlé, de la sécurité<br />

privée. Des discussions sont en cours sur ces sujets ; ils ont<br />

tous en commun d’interroger indirectement les frontières du<br />

périmètre réglementé. Défi pour le législateur et le régulateur,<br />

cet élargissement possible du périmètre force à interroger<br />

le principe d’exclusivité, principe issu de la loi fondatrice du<br />

12 juillet 1983, que l’on peut résumer ainsi : une entreprise<br />

de sécurité privée ne peut réaliser que des activités de sécurité<br />

privée et pas d’autres. S’il est vrai que des exceptions légales<br />

existent (en sécurité incendie, en installation d’alarmes,<br />

etc.), il est également vrai que nous élargissons rarement la<br />

réflexion à ce principe jusqu’au prisme de la compétitivité<br />

économique et de la capacité de l’offre française de sécurité<br />

privée à proposer des solutions plus globales et incluant de<br />

nouveaux services.<br />

Par ailleurs, il faut le reconnaître, le contexte induit par<br />

les actes terroristes depuis deux ans a donné à certains<br />

questionnements une acuité plus forte encore. Du point de<br />

vue de la coproduction de sécurité, la hausse de la demande<br />

de sécurité à partir de janvier 2015, observée tant pour les forces<br />

publiques que pour la sécurité privée, a remis sur la table la<br />

problématique de leur articulation et de leur complémentarité.<br />

Qui fait quoi et où ? Cette question, naturelle, logique, ne doit<br />

néanmoins pas en occulter une autre, plus complexe encore,<br />

car plus sociologique que juridique : qui sait où est l’autre ?<br />

En effet, si le transfert de missions et de compétences<br />

devenues moins régaliennes peut s’envisager, dans certaines<br />

limites, le transfert d’informations paraît plus déterminant<br />

encore pour atteindre une coproduction efficiente.<br />

Ainsi, l’armement des agents de sécurité privée, pour<br />

certaines missions, pour certains lieux, avec une formation<br />

adéquate et une autorisation spécifique, est désormais<br />

envisagé – la question n’aurait pas pu se poser avant janvier<br />

2015. Cependant, il conviendra de bien prévoir l’information<br />

mutuelle des différents acteurs concernés, tant publics que<br />

privés : il faut que les forces de l’ordre sachent précisément<br />

où se trouvent les agents de sécurité renforcée sur leur zone<br />

de compétence, tout comme il faut nécessairement que les<br />

agents de sécurité renforcée aient la capacité de prévenir, en<br />

temps réel, les forces de l’ordre d’un événement particulier.<br />

De même, une plus grande présence d’agents de sécurité<br />

privée sur la voie publique, mais toujours pour réaliser une<br />

mission, même itinérante, de surveillance et de gardiennage<br />

d’un ou de lieux privés, peut s’envisager, mais encore fautil<br />

s’assurer que les forces publiques en soient informées et<br />

maîtrisent cette extension périmétrique.<br />

Vont également dans le sens d’un plus grand partage<br />

d’informations, des développements qui concernent<br />

directement les agents de sécurité privée. Étant les premiers<br />

présents en cas d’attentats ou d’autres événements graves,<br />

les agents de sécurité privée ont désormais des capacités<br />

professionnelles adaptées : chaque formation en sécurité<br />

privée inclura bientôt un module de « sensibilisation au<br />

terrorisme », d’environ 20 heures. De même, rappelons le<br />

lancement en début d’année 2016 de l’Observatoire des<br />

atteintes aux agents de sécurité privée, en partenariat avec<br />

l’INHESJ et l’ONDRP : il s’agit d’un dispositif de déclaration en<br />

ligne, sur la base du volontariat, des agressions physiques et<br />

morales dont sont victimes les agents de sécurité privée dans<br />

l’exercice de leurs missions. Cet Observatoire vise à mieux<br />

connaître les réalités, parfois risquées, des métiers de la<br />

sécurité privée.<br />

Une doctrine de coproduction de la sécurité privée est<br />

désormais accessible et conceptualisable : « A chacun sa<br />

place mais une place connue de chacun » : c’est à ce prix que<br />

la coproduction sera efficiente, davantage que par un simple<br />

transfert d’une mission ou d’une compétence d’une structure<br />

(publique) de sécurité à une autre (privée). •<br />

POUR ALLER PLUS LOIN<br />

LE CONSEIL NATIONAL DES ACTIVITÉS PRIVÉES<br />

DE SÉCURITÉ (CNAPS) est un établissement public<br />

administratif placé sous tutelle du ministère de l’Intérieur.<br />

Il est chargé de l’agrément, du contrôle et du conseil des<br />

professions de sécurité privées.<br />

http://www.cnaps-securite.fr/<br />

n°7 - 2016 › SOMMAIRE

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