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<strong>EXPLORER</strong> – IMPACTS ET RÉPONSES<br />
Fait religieux et radicalisation djihadiste : le tabou est-il brisé ?<br />
mité » se sont exposées à la radicalisation<br />
djihadiste. Les médias ont largement<br />
relayé le sujet (le lendemain du<br />
13 novembre, une centaine de fiches S<br />
a été détectée à Roissy).<br />
Dans nos quartiers, ce sont les petits<br />
commerces qui se sentent démunis et<br />
qui sollicitent notre aide.<br />
À Sarcelles, l’économie locale est basée<br />
sur la communauté musulmane.<br />
Ce sont surtout les plus petits commerces<br />
traditionnels qui sont touchés,<br />
ceux de confession juive n’ont plus de<br />
clients, ils sont menacés, mettent la<br />
clé sous la porte et s’en vont.<br />
La drogue est aussi un vrai problème<br />
parce que c’est une économie souterraine<br />
et qu’elle tue l’économie réelle.<br />
Les dealers rodent dans les magasins<br />
toute la journée.<br />
Sarcelles souhaite mettre en<br />
place un programme de prévention<br />
de la radicalisation, qu’en<br />
est-il ? En quoi votre commune estelle<br />
particulièrement touchée par la<br />
radicalisation violente ? En quoi<br />
consiste-t-il et prend-il en compte<br />
des besoins spécifiques des entreprises<br />
?<br />
Pour faire face à la radicalisation<br />
religieuse, je suis allé voir des<br />
spécialistes et nous avons essayé<br />
de créer une structure qui soit à la<br />
fois une structure de formation des<br />
élus et des agents municipaux sur<br />
le radicalisme. C’est une structure<br />
de prévention pour les jeunes qui<br />
ne sont pas encore radicalisés, mais<br />
qui sont approchés par les réseaux.<br />
On s’occupe généralement de ceux<br />
qui sont partis faire le djihad et on<br />
attend que la catastrophe arrive. Cette<br />
structure est faite pour empêcher que<br />
cela arrive. Cela suppose de faire un<br />
effort considérable de sensibilisation,<br />
d’éducation et de prise en charge<br />
avec des psychologues, des analystes<br />
comportementaux, etc...<br />
Nous sommes livrés à nous-mêmes<br />
localement. Il y a un manque criant<br />
de soutien de la part des pouvoirs<br />
publics ! L’État a pourtant les<br />
capacités d’avoir une vision précise<br />
de ce qui se passe et de comment ces<br />
réseaux s’organisent sur le territoire :<br />
des associations qui s’implantent,<br />
des écoles salafistes qui s’ouvrent,<br />
des têtes de réseaux... Nos services<br />
de renseignement sont performants.<br />
Ce qu’il manque aujourd’hui, ce sont<br />
des structures de prise en charge<br />
qui permettent de réagir face à un<br />
phénomène constaté. Exemple, à<br />
Sarcelles, il y a deux écoles a priori<br />
très proches des réseaux salafistes.<br />
Légalement, nous ne pouvons rien<br />
faire sauf, peut-être, de la prévention<br />
auprès de ces enfants qui, a l’âge de<br />
5-6 ans, si on ne s’interfère pas, sont<br />
pris en charge par des réseaux...<br />
Du 3 au 7 octobre, les Sarcellois<br />
ont eu la possibilité de se<br />
prononcer par bulletin sur l’opportunité<br />
d’armer la police municipale.<br />
La consultation citoyenne sur un sujet<br />
aussi régalien est osée. Pensez-vous<br />
qu’elle pourrait-être appliquée<br />
à l’échelle nationale ?<br />
Ce référendum vise à savoir s’il faut,<br />
ou non, armer la police municipale.<br />
Comment continuer de demander à<br />
des policiers municipaux qui n’ont<br />
pas d’armes d’aller garder une synagogue<br />
? Aujourd’hui, ils gardent des<br />
synagogues à côté de militaires qui<br />
ont leur Famas avec balle engagée.<br />
La police nationale fait régulièrement<br />
appel à la police municipale, mais elle<br />
n’a pas les mêmes moyens de défense.<br />
L’État ne pourra pas continuer à assurer<br />
seul la sécurité. Les policiers,<br />
les gendarmes, les militaires n’en<br />
peuvent plus. Il faudra les former et<br />
il faudra des doctrines d’emploi qui,<br />
bien sûr, évolueront.<br />
L’État est-il en mesure<br />
d’assurer la sécurité sur un<br />
territoire jugé particulièrement<br />
sensible ou bien recourez-vous à la<br />
sécurité privée ? Comment<br />
s’organisent les moyens privés ou<br />
publics sur le territoire ?<br />
L’État, seul, n’a plus forcément la<br />
capacité de couvrir tous les grands<br />
évènements qui se déroulent au<br />
quotidien en Île-de-France et en<br />
province. Un transfert de ses missions<br />
auprès de structures privées pourrait<br />
se présenter comme une solution<br />
efficace. •<br />
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n°7 - 2016