a_MIntresse__Septembre_2017
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L’URBANISATION ET LES NOUVEAUX ANIMAUX<br />
DE COMPAGNIE : DES FACTEURS DE RISQUES<br />
À la mondialisation des transports<br />
s’ajoutent les effets de la surpopulation urbaine<br />
et du phénomène de l’adoption d’espèces<br />
sauvages comme animaux de compagnie,<br />
tel le tamia de Sibérie, un petit écureuil<br />
vendu dans les animaleries depuis une cin-<br />
HAUTS-DE-<br />
FRANCE<br />
33<br />
NORMANDIE<br />
ÎLE-DE-<br />
FRANCE<br />
GRAND-EST<br />
BRETAGNE<br />
MALADIE DE LYME<br />
Des données parcellaires<br />
Selon Santé publique France,<br />
30 000 personnes contractent<br />
la maladie de Lyme chaque année<br />
en métropole. Mais faute de<br />
statut de maladie à déclaration<br />
obligatoire, ce chiffre est extrapolé<br />
à partir des déclarations des 2 %<br />
de médecins membres du réseau<br />
Sentinelles. Depuis le mois de<br />
juillet, afin d’affiner l’estimation,<br />
les chercheurs de l’Inra font appel<br />
aux promeneurs en les invitant<br />
à déclarer une morsure de tique,<br />
à la géolocaliser et à transmettre<br />
une photo, via l’application<br />
Signalement-Tique (disponible<br />
sur iOS et Android).<br />
PAYS-DE-<br />
LA-LOIRE<br />
CENTRE-<br />
VAL-DE-LOIRE<br />
NOUVELLE-<br />
AQUITAINE<br />
OCCITANIE<br />
BOURGOGNE-<br />
FRANCHE-COMTÉ<br />
AUVERGNE-<br />
RHÔNE-ALPES<br />
PROVENCE-<br />
ALPES-<br />
CÔTE-D’AZUR<br />
Nombre de cas de<br />
maladie de Lyme pour<br />
100 000 habitants<br />
Plus de 100<br />
Entre 50 et 100<br />
Moins de 50<br />
Données non<br />
communiquées<br />
CORSE<br />
SOURCE : SANTÉ PUBLIQUE FRANCE - RÉSEAU SENTINELLES - INRA<br />
L’opération de démoustication a débuté<br />
dès potron-minet, le 8 juin dernier, autour<br />
de l’hôpital d’Aix-en-Provence<br />
(Bouches-du-Rhône). La cible : Aedes<br />
albopictus, le moustique tigre, capable<br />
de transmettre à l’homme le virus Zika et<br />
ceux du chikungunya et de la dengue. Un cas<br />
de dengue a été diagnostiqué chez un patient,<br />
de retour d’un voyage dans une zone infestée.<br />
L’objectif est d’éliminer dans un rayon de<br />
150 mètres les moustiques adultes — qui<br />
pourraient s’infecter en piquant le malade —<br />
pour éviter le démarrage d’une épidémie.<br />
Depuis 2010, la survenue de quelques cas<br />
dits autochtones s’est produite à plusieurs<br />
reprises. À Montpellier (Hérault), en 2014,<br />
11 personnes ont contracté le virus du chi kungunya<br />
rapporté d’un voyage en Afrique par<br />
un voisin. Les pouvoirs publics dégainent<br />
désormais les insecticides chaque fois qu’une<br />
personne importe l’un de ces virus dans un<br />
département où le moustique tigre est installé.<br />
Ce fut le cas 648 fois en 2016.<br />
Les maladies dites vectorielles (véhiculées<br />
par un insecte, un acarien ou un parasite vecteur)<br />
sont en pleine expansion dans l’Hexagone.<br />
Le réchauffement climatique est souvent<br />
montré du doigt, mais il n’est pas le seul<br />
coupable. La multiplication des voyages et la<br />
mondialisation sont aussi des facteurs explicatifs.<br />
C’est par exemple le commerce international<br />
de pneus d’occasion entre l’Asie et<br />
l’Europe qui a permis l’arrivée du moustique<br />
tigre dans les Alpes-Maritimes, en 2004. Les<br />
femelles pondent dans les pneus, leurs œufs<br />
résistent au manque d’eau et les larves ont la<br />
capacité de ralentir leur métabolisme lorsque<br />
les conditions de température sont défavorables.<br />
Résultat : elles survivent aux longues<br />
traversées maritimes. Le moustique, originaire<br />
de Chine et du Japon, a ainsi successivement<br />
colonisé l’Amérique, l’Europe et<br />
l’Afrique, à la fin du XX e siècle. « L’émer gence<br />
ou la résurgence de ces maladies infectieuses<br />
résulte avant tout de modifications des écosystèmes<br />
naturels et d’aménagements par<br />
l’homme », assure Jean-François Guégan,<br />
directeur de recherche à l’Institut de recherche<br />
pour le développement, à Montpellier.<br />
quantaine d’années. Relâché dans la nature<br />
par des propriétaires lassés, il a constitué par<br />
endroits des colonies impressionnantes,<br />
comme dans la forêt de Sénart. Située dans<br />
le Sud-Est de l’Île-de-France, elle accueille<br />
plus de trois millions de visiteurs par an. Or<br />
ce petit mammifère est le réservoir de la bactérie<br />
Borrelia, responsable de la maladie de<br />
Lyme. « La bactérie est transmise à l’homme<br />
par la piqûre d’une tique Ixodes ricinus dont<br />
ces écureuils sont infestés, expose Gwenaël<br />
Vourc’h, directrice de recherche à l’Inra, à<br />
Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Dans<br />
cette forêt, en 2011, 10 % des tiques collectées<br />
au stade de nymphe (entre la larve et<br />
l’adulte) étaient infectées par la bactérie, et<br />
la densité pouvait aller jusqu’à 8,9 nymphes<br />
infectées par zone de 10 mètres carrés. »<br />
Autre facteur explicatif important : l’urbanisation.<br />
L’étalement des lotissements sur<br />
des terres agricoles favorise par exemple le<br />
développement du phlébotome, un insecte<br />
suceur de sang qui ressemble à un minuscule<br />
moustique. Ce dernier trouve, en périphérie<br />
des bourgs, non seulement le gîte — en s’installant<br />
dans les maisons et garages — mais<br />
aussi le couvert avec la présence d’humains<br />
et d’animaux domestiques à piquer. À peine<br />
visible à l’œil nu, cette bestiole qui sévit<br />
SEPTEMBRE <strong>2017</strong>