a_MIntresse__Septembre_2017
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66<br />
L’ENQUÊTE<br />
Deux langues<br />
étrangères sinon rien !<br />
Dans les écoles Steiner-Waldorf,<br />
pour respecter la maturité<br />
intellectuelle des enfants, ces<br />
derniers n’abordent la lecture<br />
qu’en CP. Ils commencent au<br />
même moment l’apprentissage<br />
de deux langues étrangères.<br />
STEINER-WALDORF<br />
Inspirée par Rudolf Steiner,<br />
philosophe autrichien<br />
de la fin du XIX e siècle,<br />
cette pédagogie prône<br />
une éducation ouverte<br />
sur le monde extérieur.<br />
MONTESSORI<br />
Créée par Maria<br />
Montessori, médecin<br />
italien, en 1907, cette<br />
éducation mise sur<br />
le respect du rythme et<br />
des besoins de l’enfant.<br />
FREINET<br />
Célestin Freinet, insti tuteur<br />
dans les années 1920,<br />
base son projet sur<br />
l’auto-apprentissage.<br />
Le but : donner à l’enfant<br />
l’envie de se mettre au<br />
travail volontairement.<br />
et aussi peu de lycées. Selon l’étude de Rebecca<br />
Shankland, maître de conférences en<br />
psychologie à l’université de Grenoble, menée<br />
auprès d’adolescents passés par ce type<br />
d’écoles, 40 % d’entre eux ont rencontré des<br />
difficultés à l’entrée au collège, contre 28 %<br />
des écoliers du système classique. « Mais c’est<br />
le plus souvent transitoire, indique la chercheuse.<br />
Par exemple, en sixième, après un premier<br />
trimestre difficile, les anciens élèves de<br />
l’école primaire Freinet de Nantes devançaient<br />
de 1 à 2 points leurs camarades au troisième<br />
trimestre. À long terme, les sujets issus<br />
de ces éta blissements s’adaptent mieux à l’enseignement<br />
supérieur », poursuit-elle. À l’issue<br />
de leur premier semestre à l’université,<br />
toutes disciplines confondues, les anciens<br />
élèves obtenaient une moyenne de 12/20<br />
contre 10/20 pour les autres étudiants.<br />
2<br />
DES ENFANTS<br />
PLUS ÉPANOUIS<br />
Ennui, peur de l’échec, compétition entre<br />
élèves… L’école standard cristallise des critiques<br />
voire suscite le rejet. Selon une enquête<br />
de l’OMS, un tiers des 11-15 ans n’aiment pas<br />
y aller. Réconcilier l’élève et l’école est donc<br />
l’un des objectifs des structures alternatives.<br />
Antonella Verdiani, auteur de Ces écoles qui<br />
rendent nos enfants heureux (éd. Actes Sud),<br />
parle même de « pédagogies qui éduquent à<br />
la joie ». Avec, au centre, le bien-être de l’enfant.<br />
Pour y parvenir, les établissements s’efforcent<br />
de mettre chaque écolier en valeur et<br />
de s’adapter à son rythme. D’après l’enquête<br />
de Rebecca Shankland, 40 % des élèves ayant<br />
passé une partie de leur scolarité dans une<br />
école de ce type ont gagné en confiance en<br />
PASCAL BASTIEN/DIVERGENCE<br />
eux, contre 13 % de ceux des écoles classiques,<br />
et ils sont deux fois moins sujets au stress et<br />
à la dépression. L’absence de notes, la coopération<br />
entre les élèves d’âges parfois très différents<br />
dans une même classe (de 5 à 17 ans<br />
dans les écoles démocratiques !), la place accordée<br />
aux enfants (partici pation à l’élaboration<br />
des règles, au program me de la journée…)<br />
boule versent le rapport entre l’élève et l’école.<br />
Les enfants de viennent « capables d’une libre<br />
initiative, et d’interagir avec leurs pairs », poursuit<br />
Antonella Verdiani. Dans l’école Freinet<br />
de Mons-en-Barœul, à la question « Qu’aimezvous<br />
le plus dans votre école ? », 52,6 % des<br />
élèves ont répondu « les activités scolaires »,<br />
contre 34,9 % des élèves du même secteur.<br />
Yves Reuter remarque aussi que « les actes<br />
de violence ont régressé rapidement », contribuant<br />
à créer un climat bienveillant.<br />
3<br />
DU FLOU DANS LE CURSUS<br />
DES ENSEIGNANTS<br />
« On ouvre plus facilement une école en<br />
France qu’un restaurant ou un bar. » En 2016,<br />
Najat Vallaud-Belkacem, alors ministre de<br />
l’Éducation, avait tenté de resserrer les conditions<br />
de création des écoles privées hors<br />
contrat. Pour se lancer, il suffit en effet d’avoir<br />
son bac, d’être âgé de plus de 21 ans et de déposer<br />
une déclaration en mairie ou au rectorat.<br />
À l’inverse des écoles sous contrat, ces établissements<br />
embauchent les enseignants qu’ils<br />
souhai tent, sans condition de diplômes (seul<br />
le bac est exigé), et ne sont pas tenus de suivre<br />
les programmes officiels. Seules obligations :<br />
l’enseignement ne doit rien comporter de<br />
contraire aux valeurs de la République et au<br />
respect de la loi. Et les élèves doivent acquérir<br />
le socle commun de connaissances – à<br />
16 ans, savoir s’exprimer en français, utiliser<br />
les outils numériques… En échange de cette<br />
liberté d’enseignement, ces écoles ne reçoivent<br />
aucun subside public. Comment s’assurer alors<br />
des compétences des professeurs ?<br />
En 1999, lors d’une enquête sur les écoles<br />
Steiner, une note du ministère de l’Éducation<br />
alertait sur le danger de « sous-qualification<br />
de certains enseignants ». La plupart des pédagogies<br />
alternatives forment leurs enseignants<br />
dans leurs propres instituts, l’Association<br />
Montessori de France reconnaît deux<br />
centres qui délivrent des diplômes (non reconnus<br />
par l’État) en un ou deux ans. « On<br />
trouve aussi sur Internet des formations de<br />
quelques heures qui se revendiquent Montessori,<br />
cela nous laisse perplexes », s’inquiète<br />
Anouche Hov nanian, prési dente de l’Association<br />
Montessori de France. « On attaque la<br />
for mation des enseignants, mais on peut aussi<br />
s’interroger sur le niveau de ceux du public<br />
quand ils sont recrutés à 4/20 de moyenne<br />
SEPTEMBRE <strong>2017</strong>