a_MIntresse__Septembre_2017

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Viens chez moi,
j’habite dans une cabine
En 2006, les Pays-Bas voient s’ériger la première
résidence étudiante constituée de conteneurs.
1 250 étudiants s’y installent. Des architectes
les assemblent aussi pour en faire des maisons
(ci-dessus un modèle conçu par Clément Gillet).
Cabane de jardin, garage, commerce éphémère,
bar de plage… Les usages sont multiples.
Maersk, le numéro un mondial du fret, remet
80 000 conteneurs sur le marché chaque année.
à desservir le plus grand nombre de ports
chinois. L’Asie représente aujourd’hui 40 %
du chiffre d’affaires de l’armateur français.
TRANSPORTER TOUJOURS PLUS, TOUJOURS
MIEUX, ET À MOINDRE COÛT
Dernière invention en date du groupe
CMA CGM : Aquaviva. Ces conteneurs nouvelle
génération permettent de faire voyager
homards et fruits de mer vivants dans de l’eau
de pêche filtrée en permanence. Ce système
préserve ces produits de luxe fragiles alors
que le transport par avion provoque 17 % de
pertes. « Et c’est là qu’est désormais la vraie
compétition », assure Jan Hoffmann, de la
Conférence des Nations unies sur le commerce
et le développement. « Les produits
Le 4 juin, le Président
François Hollande
inaugure à Marseille le
Jules Verne, alors le plus
grand porte-conteneurs
du monde armé par
la CMA CGM. Il peut
transporter 16 020 boîtes
et mesure 396 mètres.
Record régulièrement
battu depuis.
En mai 2017, l’OOCL
Hong Kong embarquait
21 413 EVP.
très chers et fragiles peuvent maintenant voyager
dans des conteneurs maritimes de plus en
plus sophistiqués à moindre coût. »
Transporter toujours plus, toujours mieux
et à moindre coût, c’est ce qui continue de
faire le succès du conteneur. Les armateurs
sont aujourd’hui capables de s’allier en
créant des teams, comme dans l’aérien, pour
alimenter d’immenses hubs portuaires et
augmenter encore leur productivité et leur
rentabilité. « Mais la mondialisation est à nouveau
en mutation », prévient Jean-Philippe
Thenoz, porte-parole du groupe CMA CGM.
« La production des biens de consommation
s’affine et redevient plus locale. Nous lançons
donc, en complément des grandes autoroutes
maritimes, des lignes régionales “intra”
Afrique, Asie ou Europe avec des navires de
plus petite taille (1 700 conteneurs). » Traversant
les mers, recyclée en bar de plage ou
en résidence étudiante, détournée en œuvre
d’art, la boîte de Malcom McLean a définitivement
fait la preuve qu’elle savait s’adapter
à notre époque mondialisée.
2013 2017
CHARLY TRIBALLEAU/AFP
Pour les 500 ans de la ville du Havre,
l’artiste Vincent Ganivet érige quai de
Southampton deux arches entrecroisées.
Haute de 29 mètres, l’œuvre est composée
de 36 conteneurs et pèse 232 tonnes.
JAVIER CALLEJAS
Ce qu’ils
en disent
« Cargo de nuit/
J’avance sur ce quai
humide/La sueur brûle
comme l’acide/ L’enfer
va commencer.»
Axel Bauer, chanteur, dans Cargo, 1984.
« Nul n’aurait pu
imaginer que des caisses
en acier pourraient être
un jour reconverties en
logements, transformées
en sculptures, ou
encore qu’elles deviendraient
une sérieuse
nuisance une fois
laissées à l’abandon. »
Marc Levinson, économiste, dans
son essai The Box, 2011.
« Aucune présence
humaine n’était visible :
seulement des machines
qui s’activaient dans
l’éclat des lumières.
Les boîtes passaient du
pont aux quais, des
quais aux parkings.
Les cavaliers allaient et
venaient comme des
serveurs géants portant
des plateaux immenses.
Les palonniers
enserraient les EVP telles
des pinces à sucre
gigantesques. On aurait
dit une ville de Lego en
pleine déconstruction. »
Jean-Christophe Grangé, écrivain,
dans son roman Lontano, 2015.
POUR ALLER PLUS LOIN
À lire
The Box. Comment le conteneur a
changé le monde, Max Levinson, éd. Max
Milo. Un ouvrage de référence qui a
valu plusieurs récompenses à son auteur.
SEPTEMBRE 2017