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156 LES RELATIONS DES /^SUITES [Vol.44
pour lors s'y efloient rencontrez, partie Onnontagueronnons,
& la plufpart Agnieronnons. L'vne &
r autre nation Iroquoife fut irrit6e de cette detention
de leurs gens, pretendant qu'elle eftoit inique: &
pour s'en venger cruellement, ils conuoquerent vn
confeil fecret, oil ils formerent le delTein d'vne
guerre implacable contre les : Frangois toutesfois ils
iugerent a propos de dilTimuler pour quelque temps,
iufques k ce que par le renuoy du Pere Simon le
Moyne, qui eftoit pour lors a Agniegue, ils euffent
obtenu la deliurance de leurs Gens, qui efloient aux
fers; faifant leur compte qu 'incontinent apr6s ils
decbargeroient les premiers coups de leur fureur fur
nous autres Francois qui eflions a Onnontague, au
nombre de cinquante a foixante, engagez au coeur de
leur pais, comme dans vne prifon, d'ou ils croyoient
qu'il nous eftoit impoffible de fortir.
lis eurent mefme la veue dans ce [9] Confeil, qu'en
nos perfonnes ils auroient de precieux oftages, foit
pour retirer par ecbange ceux de leurs Gens qui
eftoient dans nos prifons, foit pour obtenir tout ce
qu'il leur plairoit, lors qu'k la veue de nos habitations
Frangoifes ils nous feroient fentir les effets de
leur cruaut6 : & fans doute que ces fpedtacles pleins
d'horreur, & que les cris lugubres de quarante &
cinquante Frangois innocens auroient touch6 de
compafTion, & auroient mis en peine le Gouuerneur &
les habitans de quelque place que ce fuft.
Nous ne fgauions ces mal-beureux delleins des
Iroquois que dans le fecret: mais nous voyions
ouuertement leurs efprits preparez ^ la guerre; &
des le mois de Feurier diuerfes bandes fe mettoient
en campagne pour cet efifet, 200. Agnieronnons d'vne